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À La Une - Turquie

La police turque tue deux hommes qui avaient pris un procureur en otage

Le magistrat Mehmet Selim Kiraz a succombé à ses blessures.

Des hommes armés issus d'un groupe d'extrême gauche turc ont pris en otage mardi dans un tribunal d'Istanbul un magistrat chargé d'enquêter sur la mort emblématique d'un jeune homme lors de la fronde antigouvernementale de 2013. AFP PHOTO/IHLAS NEWS AGENCY

La police turque a tué mardi soir deux hommes armés, issus d'un groupe d'extrême gauche, qui ont retenu pendant plusieurs heures dans un tribunal d'Istanbul un magistrat chargé d'enquêter sur la mort d'un adolescent lors de la fronde antigouvernementale de 2013.

Le procureur Mehmet Selim Kiraz a été grièvement blessé lors de l'assaut menée par les unités spéciales d'intervention et a été hospitalisé, a indiqué le chef de la police d'Istanbul, Selami Altinok. "Le procureur est hospitalisé dans un état très grave (...) les deux terroristes ont été tués", a-t-il déclaré devant la presse. Toutefois, on apprenait ultérieurement que le magistrat a succombé à ses blessures.

"Nous avons fait tout ce qui était possible" pour obtenir la reddition des deux assaillants, a souligné le chef de la police, en précisant que les policiers étaient intervenus "quand des coups de feu ont été tirés" dans la pièce où ils s'étaient retranchés.

Plusieurs explosions et au moins une vingtaine de coups de feu ont été entendus depuis l'extérieur du bâtiment, rapidement enveloppé d'épaisses fumées, ont constaté des journalistes de l'AFP. Selon le chef de la police stambouliote, les deux hommes, militants du Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) ont pénétré en début d'après-midi dans le palais de justice de Caglayan, sur la rive européenne d'Istanbul, et rapidement pris en otage le procureur Kiraz.

Ce magistrat enquête sur les circonstances de la mort de Berkin Elvan, décédé le 11 mars 2014 après 269 jours d'un coma provoqué par le tir d'une grenade lacrymogène de la police à Istanbul lors d'une manifestation en juin 2013. Selon sa famille, le jeune homme était sorti chercher du pain. Le groupuscule marxiste, connu pour ses nombreux attentats commis en Turquie depuis les années 1990, a publié sur les réseaux sociaux une photo montrant son otage assis dans un fauteuil et un pistolet braqué sur la tempe.

 

(Lire aussi : Nouvelle attaque contre la police à Istanbul : un policier tué par une femme kamikaze)

 

Dans une déclaration diffusée sur un site internet qui lui est proche, le DHKP-C a ensuite menacé de tuer le magistrat un certain nombre de revendications n'étaient pas satisfaites. Les forces de l'ordre ont encerclé le tribunal et entamé des négociations par téléphone avec les deux hommes, notamment par l'entremise du président du barreau des avocats d'Istanbul, Ümit Kocasakal, a encore précisé le chef de la police.

 

Ultimatum
Selon les médias turcs, le commando exigeait que les policiers à ses yeux responsables de la mort de Berkin fassent une "confession publique" et qu'ils soient traduits devant un "tribunal du peuple". Le père de la victime, Sami Elvan, a lancé un appel aux ravisseurs pour qu'ils relâchent leur otage. "Mon fils est mort, mais je ne veux pas que quelqu'un d'autre meure", a-t-il déclaré lors d'une conversation téléphonique avec un député de l'opposition, Huseyin Aygun, ajoutan: "le procureur doit être libéré, le sang ne peut pas effacer le sang".

 

(Pour mémoire : "Combien de jeunes gens doivent encore mourir pour qu'Erdogan démissionne ?")

 

Aucun policier n'a pour l'heure été formellement mis en cause dans l'enquête ouverte il y a quatre mois par le procureur Kiraz. En mars 2014, l'annonce de décès de Berkin Elvan, âgé de 15 ans à peine, avait fait spontanément descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues de Turquie. De nombreux manifestants ont encore commémoré sa disparition le 11 mars dernier dans tout le pays. Le cas de Berkin Elvan est devenu un symbole de la violente répression exercée par le pouvoir en 2013 et de la dérive autoritaire que lui reprochent ses détracteurs. Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'avait publiquement qualifié de "terroriste". Au moins huit personnes ont été tuées, plus de 8.000 blessées et des milliers d'autres arrêtées, selon les bilans des ONG de défense des droits de l'Homme.

Le 1er janvier dernier, le DHKP-C avait revendiqué un attentat manqué contre des policiers en faction devant la palais impérial de Dolmabahçe, à Istanbul, en indiquant avoir agi pour venger la mort de Berkin Elvan.
Selon certains médias, l'irruption du commando du DHKP-C dans le palais de justice d'Istanbul pourrait avoir été facilitée par la panne d'électricité géante qui a frappé la Turquie mardi, provoquant notamment une panne des détecteurs de métaux placés à l'entrée.

 

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