Violent réquisitoire de Joumblatt contre la « Perse islamique »

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a dressé hier un véritable réquisitoire contre la politique de l'Iran dans la région, estimant qu'il était « nécessaire de revoir certaines appellations et certaines catégories à la lumière de plusieurs déclarations émanant de hauts responsables iraniens concernant l'empire historique, sans aucune considération – pour ne pas parler de mépris – pour les peuples arabes et leur diversité ethnique et communautaire ».
« Nous proposons désormais de remplacer la formule République islamique d'Iran par celle de Perse islamique, d'autant qu'aucun des alliés de Téhéran n'a protesté contre ces déclarations », a affirmé M. Joumblatt, précisant toutefois que le président irakien Fouad el-Maasoum avait rejeté ces déclarations, qu'il a renvoyées à ses auteurs. « Une telle appellation n'est-elle pas plus claire, précise et proche de la réalité ? » s'est-il demandé, dans son article hebdomadaire publié dans l'organe du Parti socialiste progressiste (PSP), al-Anba'.
« Au niveau de la discorde sectaire, la réincarnation de Saddam Hussein en Nouri al-Maliki en matière de politiques de marginalisation et d'annihilation a conduit, directement ou indirectement, à ce qui a été appelé l'extrémisme et à la naissance de "l'État islamique", dont Maliki a relâché la plupart des symboles de ses prisons d'une manière suspicieuse », a indiqué le chef du PSP.
« J'aspire à ce que le Premier ministre irakien Haïdar el-Oubadi puisse libérer les régions irakiennes de "l'État islamique", loin de ces gangs qui se nomment "rassemblement populaire" et qui ont tué, détruit et vandalisé, et ce à travers la formation d'une armée équilibrée afin d'effectuer des changements radicaux sur le terrain à même de ramener la stabilité en Irak, a poursuivi M. Joumblatt. C'est pourquoi l'entrée de la Perse islamique en Irak, à travers une intervention militaire indirecte ou certains symboles politiques, représente quelque chose en rapport avec ces rêves d'empire historiques qui ont refait surface durant cette dernière période », a ajouté M. Joumblatt.
Et le chef du Rassemblement démocratique de poursuivre : « Toujours sur le plan de la discorde sectaire, la Perse islamique s'est clairement placée en position de confrontation avec la majorité du peuple syrien, aux côtés du gang assadiste, et ce dès les premiers instants de la révolution pacifique. Il était naturel que naissent, de cette politique, et de la campagne de répression, de meurtres, de massacres et de bombardements, menée par le régime syrien, des mouvements extrémistes. Là aussi, certains symboles de ces groupes ont été libérés de prison par le régime, comme en Irak, et aussi de manière suspicieuse, dans le but de provoquer la montée aux extrêmes. Comme le ministre des Affaires étrangères Saoud el-Fayçal a eu raison lorsqu'il a dit que la Syrie se trouvait entièrement sous occupation perse ! »

Soutien à la coalition arabe
Et M. Joumblatt d'ajouter : « Au Yémen, les politiques expansionnistes de la Perse islamique ont fait avorter les efforts politiques incarnés par l'initiative du Golfe. L'invasion des casernes militaires, le désarmement de la troupe, l'insurrection contre l'État... Une milice armée menace désormais la sécurité nationale du Yémen et l'Arabie saoudite, qui a eu une réaction légitime à travers l'opération "Tempête de la fermeté", que nous soutenons totalement, et qui a acquis encore plus de légitimité avec la couverture globale accordée par le sommet arabe. Les propos du roi Salmane d'Arabie saoudite étaient précis et responsables concernant la nécessité de retourner à une solution politique et à l'initiative du Golfe. »
« Est-il nécessaire de rappeler la politique expansionniste de la Perse islamique au Soudan et aux abords de l'Égypte, où l'expansion prend une autre forme ? » a demandé Walid Joumblatt.
« L'accord nucléaire attendu va sans aucun doute être conclu. La Perse islamique avait la capacité de produire une bombe atomique depuis l'an 2008. En dépit du fait que nous sommes conscients que si Téhéran possède cette bombe cela plongera le monde arabe et islamique tout entier dans une course à l'armement, il est impossible dans le même temps d'occulter que l'Occident observe le mutisme face au projet nucléaire israélien, ce qui donne à l'Iran un prétexte pour poursuivre le sien », a-t-il indiqué.
« Avec l'entrée de l'accord sur le nucléaire dans sa phase finale, et avant que les grandes compagnies occidentales ne fassent la queue pour investir dans les marchés iraniens, il serait utile de savoir si les montants, qui dépassent les 150 milliards de dollars, seront dépensés pour des projets de développement au service des citoyens iraniens ou s'ils seront exploités pour encore plus de projets expansionnistes au nom de la Perse islamique », a noté M. Joumblatt.

L'hommage aux « héros syriens »
Et M. Joumblatt d'ajouter : « Concernant la position de ceux qui affirment que la "Tempête de la fermeté" menace les pauvres du Yémen, force est de relever que le Yémen est effectivement pauvre, mais n'est-ce pas le mouvement houthi qui a entraîné le pays dans la spirale de guerres aux dépens du développement ? Qu'en est-il de la fortune de Ali Abdallah Saleh, acquise aux dépens des pauvres yéménites ? Quelqu'un a-t-il songé aux pauvres de Syrie, dévastés par une guerre destructrice, venue rajouter à leur souffrance ? Ceux qui concluent des accords internationaux auront-ils une pensée pour ceux-là ? Les héros et les pauvres de Syrie sont en train de libérer leur territoire mètre par mètre, et triomphent comme ils l'ont fait à Idleb et Bosra el-Cham », a-t-il souligné.
M. Joumblatt a enfin critiqué la victoire de Benjamin Netanyahu en Israël, dénonçant « une promesse d'annihiler la solution des deux États », et la « bombe à retardement » représentée par « la politique de la colonisation et de ségrégation raciale ». « La Palestine n'a pas besoin d'une bombe atomique perse ou autre, et ne sera libérée que par les fils et les combattants de Palestine (...), loin de la surenchère politique et des rangées de missiles des uns ou des autres », a-t-il souligné.
Et de conclure : « Enfin, au Liban, nous renouvelons notre soutien au dialogue politique, mais, en même temps, nous rejetons tout retour au lien entre les deux volets libanais et syrien. Une fois de plus, nous soulignons la nécessité de tracer les frontières au niveau des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba pour sortir de la confusion qui continue de régner autour de ce dossier, afin de pouvoir déployer nos efforts sur la défense des frontières et la protection de notre territoire. C'est ce qu'indique la déclaration de Baabda qui met l'accent, en dernier lieu, sur le monopole des armes aux mains de l'État libanais. »