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Liban - frontières

Faute d’importance stratégique, le Qalamoun sert d’abcès de fixation au régime syrien pour déstabiliser le Liban

Depuis plus d'une semaine et surtout après la défaite de l'armée syrienne et du Hezbollah à Bosra el-Cham et Idleb, diverses sources locales font état de combats imminents au Qalamoun, zone limitrophe de la Békaa libanaise. Le général Wehbé Katicha fait le point de la situation sur ce plan.

Les forces du régime syrien près de Nabouk, dans la région du Qalamoun, en décembre 2013. Archives AFP/Sam Skaine

Géographiquement, le Qalamoun est une région montagneuse de l'ouest de la Syrie, située sur le versant oriental de l'Anti-Liban. Du côté libanais, cette zone fait face au caza de Baalbeck. Elle compte parmi ses localités Yabroud, tombée entre les mains du Hezbollah en 2014.
Plus au nord, sur la même ligne, se trouve Kousseir, dans le gouvernorat de Homs, qui fait face au Hermel.
Plus au sud, est située la ville de Zabadani, dans le Rif de Damas et assez proche géographiquement du Liban.
Le Qalamoun fait aussi partiellement partie du no man's land entre la Syrie et le Liban, tenu actuellement par les miliciens du groupe État islamique et du Front al-Nosra.
Ce no man's land est constitué au Liban du jurd de Ersal, du Qaa, de Ras Baalbeck, de Nahlé et de Fakha. D'une superficie de 700 kilomètres carrés, il abriterait 3 000 miliciens hostiles au régime Assad et faisant régner leur propre loi. C'est dans ce jurd, du côté de Ersal, que les soldats libanais pris en otages sont détenus depuis août dernier.

 




La situation dans cette région et les possibles enjeux d'une éventuelle escalade militaire dont pourrait être le théâtre le front du Qalamoun sont analysés et placés dans leur véritable contexte par le général à la retraite Wehbé Katicha, stratège militaire et conseiller du leader des Forces libanaises, Samir Geagea.
Pour le général Katicha, « il ne faut pas s'attendre à une véritable bataille au Qalamoun, il y aura des échauffourées et des échanges de tirs ». Contrairement à nombre d'experts, il souligne, dans un entretien à L'Orient-Le Jour, que « le Qalamoun ne constitue pas une zone stratégique, que ce soit pour le régime syrien ou pour l'opposition ». « Il s'agit tout simplement d'une région que le régime syrien veut préserver plus ou moins chaude pour faire pression sur Beyrouth et tenter de déstabiliser le Liban », affirme-t-il.


Pour le général Katicha, « c'est le régime de Bachar el-Assad qui fait bouger ce front, à travers ses soldats et les miliciens de l'État islamique pour maintenir la pression sur le Liban ». Il estime sur ce plan que la présence de ces fondamentalistes à la frontière libanaise sert les intérêts du régime syrien.
Il ajoute dans ce cadre que « si elle voulait se débarrasser du groupe, l'aviation syrienne aurait pu bombarder ses positions et l'anéantir dans le jurd ». « Le président syrien Bachar el-Assad tient aussi à montrer au monde entier que son régime présente une meilleure solution que la mise en place d'un État islamique », relève le général Katicha.

Même si certains experts indiquent que les ravitaillements arrivent aux rebelles syriens, le général Katicha demeure sceptique, car ces derniers ne disposent pas vraiment d'armes lourdes. Il note également que « les routes de ravitaillement sont très bien contrôlées par le Hezbollah qui a installé des postes d'observation sur nombre de collines surplombant les positions des rebelles, notamment à Assal el-Ward, en Syrie, et Toufeil, au Liban ».
Il rappelle aussi que le Hezbollah a vidé des zones entières de leurs habitants, comme c'est le cas à Kousseir, pour assurer la sécurité de la région, que ce soit du côté du Hermel ou de Homs.
Et d'ajouter que « l'année dernière tout le monde disait qu'il fallait attendre la fin de l'hiver et la fonte des neiges pour voir la véritable bataille du Qalamoun commencer ». « Quel hiver et quelle fonte des neiges ? Le Qalamoun n'est pas Stalingrad ! » lance-t-il, un brin d'ironie dans la voix.


(Lire aussi : « Une bataille se préparerait à Ersal... »)

 

Le chemin entre Damas et Lattaquié déjà sécurisé
« D'aucuns affirment que le Qalamoun est stratégique parce que s'il est contrôlé par le régime, il préservera la route menant de Damas à Lattaquié, et s'il est aux mains des rebelles, le Qalamoun coupera la route au régime, ajoute le général Katicha. Cela est archifaux. Si vous regardez bien les cartes géographiques, même si la région du Qalamoun est proche de la capitale syrienne, force est de relever que les routes menant de Lattaquié à Damas, en passant par Homs et cheminant entre les villages syriens, ont été déjà bel et bien sécurisées par le régime et le Hezbollah. »

Pour le général Katicha, les deux villes occupées la semaine dernière par les rebelles sont, par contre, elles, stratégiques ; il s'agit d'Idleb au nord de la Syrie et de Bosra el-Cham, au sud.
« En occupant Idleb, qui se trouve à 20 kilomètres de la Turquie, l'opposition a sécurisé ses arrières et elle peut à partir de cette ville faciliter son accès à trois régions syriennes vitales : toute la côte méditerranéenne de la Syrie, Alep et Hama. Avec l'occupation de Bosra el-Cham, qui est proche de la Jordanie, de Deraa et de Soueida (une région à majorité druze), l'opposition a également sécurisé ses arrières dans cette zone et s'est surtout rapprochée de Damas », dit-il.

Le général Katicha, qui estime que le conflit syrien pourrait encore durer des années, réfute l'idée d'un foyer alaouito-chrétien sur la côte méditerranéenne de la Syrie.
« Il existe des sunnites aussi dans cette zone qui fait 3 % du territoire syrien. Pourquoi voulez-vous que, si cela arrive, les sunnites de Syrie qui seront sur les 97 % restants du territoire acceptent de vivre dans un pays qui n'a pas un accès à la Méditerranée. Déjà, c'est avec beaucoup de mal que les Syriens ont accepté l'indépendance du Liban avec toute sa frontière maritime... » indique-t-il.

Le problème des minorités
Le conseiller du leader des FL ne croit pas dans la mise en place, plus tard, de foyers pour les minorités du Moyen-Orient. « Si un Kurdistan souverain et indépendant voit le jour, ça sera uniquement en Irak, souligne-t-il. Les localités peuplées par les Kurdes en Syrie ne peuvent pas être facilement reliées géographiquement au Kurdistan irakien. » Il faut aussi savoir si la Turquie pourrait céder du terrain dans ce cadre.

Le général Katicha se penche en conclusion sur la situation au Yémen. Il note que « si tous les pays arabes, notamment l'Égypte, n'ont pas hésité à agir, c'est parce qu'ils refusent que l'Iran, à travers les houthis, des chiites zeidis, contrôle le détroit de Bab el-Mandeb, qui relie la mer Rouge – donc le canal de Suez – au golfe d'Aden, dans l'océan Indien, et de là au golfe Persique qui borde la plupart des pays du Conseil de coopération du Golfe ».
« Tous les jours, cinq millions de barils de pétrole passent par le détroit de Bab el-Mandeb pour être acheminés vers le canal de Suez puis vers l'Europe ; les pays arabes refuseront qu'il soit contrôlé par l'Iran », affirme le général Katicha qui estime que c'est la coalition arabo-sunnite qui remportera la victoire au Yémen. Les frappes pourront durer des mois et l'Iran pourrait fomenter des troubles, ne fût-ce que de façon restreinte, dans des points faibles des pays du Golfe, notamment au niveau des chiites à Bahreïn et au nord de l'Arabie saoudite, relève le général Katicha, mettant l'accent en contrepartie sur le rôle que pourraient jouer, face à cette agressivité iranienne, d'importantes minorités sunnites au Baloutchistan, à la frontière entre l'Iran et le Pakistan, et à Ahwaz, au sud-ouest de l'Iran.

 

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commentaires (7)

heyk bi kouno el generalet sinon balehoun ... metel wahad bi rabieh 3emeleh hallo general 2al hahah !!! rouh ya kbir general Katicha vous avez bien mis le doigt ou ca fait mal !!

Bery tus

22 h 36, le 31 mars 2015

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Commentaires (7)

  • heyk bi kouno el generalet sinon balehoun ... metel wahad bi rabieh 3emeleh hallo general 2al hahah !!! rouh ya kbir general Katicha vous avez bien mis le doigt ou ca fait mal !!

    Bery tus

    22 h 36, le 31 mars 2015

  • Ô mon Dieu, quelle gaffe que Tu as commise en plaçant Ton joyau Liban à l'ouest de la Syrie et au nord de la Palestine. Pourquoi Tu n'en as pas fait une montagne entourée d'eau comme la Corse ou Malte afin qu'on n'ait pas des voisins encombrants et dominateurs ? Si le Liban était une île, personne ne pouvait lui piquer un village par-ci ou une colline par-là. Comment faire pour faire comprendre à tous nos voisins, proches et lointains, une fois pour toutes, que le Liban n'est pas une terre de conquête !

    Un Libanais

    16 h 16, le 31 mars 2015

  • Tout general qu'il est , et conseiller de geagix de surcroit , comment peut il dire que le qalamoun n'est pas important pour les 2 parties ? et qu'il ne sert que d'acces de fixation pour le regime syrien ? mais c'est du qalamoun que les voitures piegees ont ete envoyees a Beyrouth , le saviez vous ? que c'est parce que cette region a ete securisee par le hezb du cote Liban et du cote Syrie que A Dieu ne plaise , on a plus eu de voitures piegees envoyees par les bacteries avec lesquelles vous semblez vous en accomoder !!! yiiiihhh . Heureusement vous etes a la retraite , mon general , que serait devenu le Liban sans cela ? Et pour rester dans du serieux Idlib est tombee a cause de sa proximite avec la Turquie qui a pousse a la roue , mais Idlib n'est toujours pas securisee car encerclee . Ne retombons pas dans les fameuses boules de cristal qui voient des chutes et des departs fantasmees par un imaginaire debordant .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 25, le 31 mars 2015

  • çA CE N'EST PAS UNE DONNÉE STRATÉGIQUE... NI UNE IDÉE QUI TIENT DEBOUT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 46, le 31 mars 2015

  • Il y a un mois le régime et le Hezbollah ont lancé deux offensives l'une autour d'Alep et l'autre au Sud. Toutes leurs batteries propagandistes se sont mises a crier victoire et même les Russes y ont participé en prétendant que le régime occupe désormais 85% du territoire Syrien. Le résultat de ces batailles a démontré que ces messieurs n'ont pu avancer nulle part alors que les rebelles eux ont occupé deux villes stratégiques en moins d'une semaine. Le Qalamoun n'est pour l'instant pas très important, mais il le deviendra si la pression des rebelles se fait intense vers Hama et Homs et si le régime pense alors qu'il faut a tout prix se débarrasser des éléments armés présents sur leurs arrières. En principe, au Qalamoun, et le général a raison, les rebelles sont mal armés et ne pourront résister longtemps.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 27, le 31 mars 2015

  • Dans ce flou total espérons que les soldats libanais otages seront libérés un jour .

    Sabbagha Antoine

    09 h 54, le 31 mars 2015

  • Le Qalamoun sécurisé par les iraniens, ne sert qu'à protéger le réduit chïïte libanais futur de Bäälbick -Hirmil. Quand à l'accès à la mer Méditerranée de l'hinterland syrien sunnite privé de son accès syrien maritime, il sera vite remplacé par l'accès tripolitain via Tarablouss ach-Châm ! Wâlâoû, yâ général !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 09, le 31 mars 2015

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