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Moyen Orient et Monde - yémen

Les habitants de Aden face à la peur et aux manques

Coupures d’eau et d’électricité, manque de vivres et insécurité totale : les habitants d’Aden commencent à pâtir des affrontements quotidiens entre des groupes armés favorables au président yéménite et des rebelles chiites infiltrés dans cette grande ville du Sud. Saleh al-Obeidi/AFP

Coupures d'eau et d'électricité, manque de vivres et insécurité totale : les habitants de Aden commencent à pâtir des affrontements quotidiens entre des groupes armés favorables au président yéménite et des rebelles chiites infiltrés dans cette grande ville du Sud.
« Je n'ai pas ouvert ma boutique depuis cinq jours et cela va finir par provoquer ma faillite », se lamente Abdou Messad qui tient un petit commerce à Dar Saad, à la périphérie de la ville de 800 000 habitants. « Et même lorsque les affrontements baissent d'intensité, on n'ose pas ouvrir, en raison des pilleurs qui rôdent dans le coin », ajoute-t-il. Les habitants de Aden se sont un temps crus immunisés contre la présence des rebelles houthis qui contrôlent la capitale Sanaa depuis septembre. Mais la menace s'est progressivement précisée, notamment après l'arrivée du chef de l'État, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s'y est réfugié en février après avoir fui Sanaa. M. Hadi a quitté la ville jeudi, et, depuis, des violences se déroulent chaque nuit à l'entrée nord de Aden, dans la localité de Dar Saad, sur l'axe routier conduisant à Taëz, la troisième agglomération du pays. Face aux rebelles chiites pro-iraniens qui se sont installés au siège de la préfecture de Dar Saad, des supplétifs de l'armée (pro-Hadi) ont coupé la route avec des blocs de pierre et des lampadaires. Selon des habitants, les armes parlent systématiquement quand le soir arrive. Les houthis n'hésitent pas à tirer avec les canons des deux chars d'assaut dont ils disposent. En face, les supplétifs de l'armée ripostent avec des armes automatiques et des RPG. La fermeture de la route vers Taëz prive Aden de l'une des principales sources d'approvisionnement en produits de première nécessité. Et cela commence à se ressentir.

 

(Lire aussi : Aden sombre dans l'anarchie)

 

Coupures d'eau et d'électricité
Dans le centre de Aden, une gigantesque explosion dans un dépôt d'armes niché dans une montagne a endommagé samedi l'un des principaux châteaux d'eau de la ville où les robinets ont cessé de couler dans plusieurs quartiers. Les coupures d'électricité, à raison de six heures par jour, se font plus longues, comme le constate un médecin du quartier de Crater, Abdel Raquib al-Yafii. « En plus des coupures d'eau et d'électricité, je n'arrive plus à renouveler mon stock de médicaments », dit-il. Il y a tout juste une semaine, la ville bruissait de rumeurs sur des infiltrations de miliciens chiites jusqu'alors confinés dans le nord et le centre du Yémen. Mais personne n'y croyait vraiment et tout le monde était rassuré par la présence du président Hadi dans son palais, perché sur un monticule volcanique donnant sur la mer.

« L'avenir est sombre »
Le doute a commencé à s'installer le 19 mars avec un premier raid d'avions rebelles sur le palais, qui a entraîné l'évacuation de M. Hadi vers un « lieu sûr ». Ce raid a été suivi, cinq jours plus tard, par un autre avant que le président yéménite soit évacué à Riyad à bord d'un avion saoudien. La présence des houthis dans Aden s'est révélée au grand jour le 26 mars avec une tentative de prise de l'aéroport international, qui a été repoussée par des supplétifs de l'armée, appelés « Comités populaires ». Les houthis n'ont pas hésité, dans leur retraite, à tirer au canon sur l'aéroport, endommageant la tour de contrôle, le salon d'honneur et un autre bâtiment. Depuis ce jour-là, les combats entre groupes rivaux ont fait une centaine de morts, selon un bilan partiel, alors que 14 corps carbonisés ont par ailleurs été retirés des décombres du dépôt d'armes de Jebel Hadid, visé samedi par des pilleurs. Dans la ville, où de nombreuses rues restent désertes, le moral de certains habitants commence à fléchir.
« L'avenir est sombre, la loi n'est plus respectée, constate un avocat de Aden, Me Abdallah Gahtane, avec beaucoup d'amertume. J'envisage sérieusement de fermer mon cabinet et d'aller chercher du travail ailleurs. »

 

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