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Moyen Orient et Monde - Reportage

En Colombie, être femme et prêtre semble une évidence

« Que ce soit seulement eux (les hommes) les représentants du Christ ? Cela ne tient pas debout. Nous avons tous été créés à l'image de Dieu », affirme Olga Lucia, dont les fidèles partisans demandent désormais qu'elle soit promue première femme évêque d'Amérique latine.

Olga Lucia célébrant la messe à Bogota. Devenir prêtre, « ce n’est pas une question de pouvoir. C’est une question de rendre service » à la communauté, affirme-t-elle. Luis Acosta/AFP

« Je ne vois aucune raison pour laquelle une femme ne pourrait pas être prêtre, évêque ou pape », affirme Ramiro Franco, après avoir assisté à Bogota à la messe célébrée par Olga Lucia, l'une des quatre femmes ordonnées prêtres en Amérique latine. Cet ingénieur électricien ne tarit pas d'éloges sur celle qu'il considère comme son guide spirituel : « Elle a célébré mon mariage, elle a baptisé mon plus jeune fils, célébré la première communion du plus grand. J'ai pleinement confiance en elle. » Selon lui, le Vatican devrait avoir « l'esprit plus ouvert » à ce sujet.
Olga Lucia, aujourd'hui âgée de 73 ans, avait été la première femme latino-américaine ordonnée prêtre, en décembre 2010. L'Association des femmes prêtres catholiques romaines (ARCWP, selon le sigle en anglais) avait organisé la cérémonie, célébrée par l'évêque Bridget Mary Meehan à Sarasota, dans le sud-est des États-Unis. Quatre ans et demi plus tard, Olga Lucia célèbre la messe, à quelques jours de Pâques, devant une dizaine d'hommes et de femmes de tous âges, dans une maison située sur les hauteurs de Bogota. « Que ce soit seulement eux (les hommes) les représentants du Christ ? Cela ne tient pas debout. Nous avons tous été créés à l'image de Dieu. Nous sommes tous égaux », affirme-t-elle.
Ce n'est peut-être pas un hasard si Olga Lucia est originaire de Medellin, là où s'était tenue, en 1968, la conférence des évêques latino-américains cherchant à transformer la région dans la lignée des réformes du Concile Vatican II. Pendant sa messe, le public suit les lectures de la Bible, entonne les chansons traditionnelles et répète les mêmes psaumes que dans toute autre messe catholique. Mais il y a quelques différences : l'assistance se réunit en cercle, il n'y a pas de monologue, ni de récitation du Credo. La prière est faite collectivement, en l'honneur d'un « Père et Mère tout-puissants ». « Je respecte l'eucharistie. Le reste doit émerger de la communauté », déclare Olga Lucia en expliquant sa façon de dire la messe, selon les principes de l'ARCWP.

Automatiquement excommuniées
Cette association a parcouru un long chemin depuis l'ordination en 2012, dans le Danube, des sept premières femmes par un homme prêtre. Elle compte désormais 210 femmes prêtres dans dix pays d'Europe et d'Amérique. Selon elle, en Amérique latine, c'est uniquement en Colombie que ce mouvement a prospéré, avec, après Olga Lucia, les ordinations d'Aida Soto en 2011, de Marina Sanchez en janvier 2014 puis de Judith Bautista en novembre 2014.
« Je crois que l'esprit a besoin d'être renouvelé, et cela ne passe pas seulement par la possibilité pour les femmes de devenir prêtres, mais aussi par l'inclusion » en son sein de toute la société, qu'il s'agisse d'homosexuels ou de divorcés, explique Judith Bautista (47 ans).
Mais le Vatican applique une doctrine stricte, réservant la prêtrise aux hommes. Non seulement les ordinations de femmes ne sont pas reconnues comme valables, mais, selon l'Église, en reproduisant ainsi un sacrement religieux, celles-ci sont automatiquement excommuniées. « Des groupes comme cela ne font pas partie de l'Église, c'est pourquoi ils s'appellent eux-mêmes catholiques romains », explique le père Juan Alvaro Zapata, de la Conférence épiscopale de Colombie. « C'est le cas des femmes, qui n'ont pas besoin d'être prêtres pour pouvoir servir le Seigneur. Il y a d'autres manières de collaborer à la construction du Royaume des Cieux », affirme-t-il. Le pape François lui-même a prévenu qu'aucun changement dans ce domaine n'était à l'ordre du jour.
Mais en Colombie, ces quatre pionnières se sentent soutenues par leur communauté : certaines d'entre elles sont mères de famille, d'autres séparées ou célibataires, mais elles ont toutes consacré leur vie à l'aide sociale, envers les pauvres ou les malades. Leur souhait de devenir prêtres, « ce n'est pas une question de pouvoir. C'est une question de rendre service » à la communauté, assure Olga Lucia, dont les fidèles partisans demandent désormais qu'elle soit promue première femme évêque d'Amérique latine.

Alina DIESTE/AFP

« Je ne vois aucune raison pour laquelle une femme ne pourrait pas être prêtre, évêque ou pape », affirme Ramiro Franco, après avoir assisté à Bogota à la messe célébrée par Olga Lucia, l'une des quatre femmes ordonnées prêtres en Amérique latine. Cet ingénieur électricien ne tarit pas d'éloges sur celle qu'il considère comme son guide spirituel : « Elle a célébré mon...

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