Les effets du réquisitoire « haineux » du secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, contre l'Arabie saoudite, en raison de son intervention militaire au Yémen, auront été de courte durée au Liban et pratiquement nuls à l'échelle arabe, du fait des résolutions du sommet de la Ligue arabe, dont le président, Nabil al-Arabi, a précisé que l'offensive dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen se poursuivra jusqu'au désarmement des houthis, comme le souligne notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane.
Le leader du Hezbollah, s'accorde-t-on à dire aussi bien dans les milieux de ses adversaires politiques que dans son entourage, pouvait se permettre des libertés rhétoriques que l'Iran ne peut pas assumer, mais son discours n'augurait pas d'une modification de la politique suivie par son parti au plan local. L'opération militaire arabe au Yémen n'est pas de nature à provoquer des changements majeurs au niveau du comportement des chiites du Liban, estime-t-on.
Cela a d'abord transparu dans la teneur même du réquisitoire hezbollahi, puis, durant le week-end, aussi bien dans les propos tenus par des représentants de la formation chiite que dans ceux de ses adversaires politiques sunnites. En dépit des critiques – de circonstance – échangées, le ton entre les deux camps est resté calme, voire conciliant. Les deux parties ont pris soin de réaffirmer que leur priorité reste le maintien de la stabilité du pays et l'absence de toute tension communautaire et ont soigneusement évité d'aborder les sujets qui fâchent, tels que le débat, qui a surgi la semaine dernière, autour des réunions parlementaires et des sujets qui doivent y être abordés. L'intervention du chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, qui a manifesté un appui enthousiaste aux frappes de la coalition arabe au Yémen, n'a pas non plus dépassé le cadre du « politiquement correct ».
Cette volonté de ne pas trop hausser la barre est également apparue dans le soin pris par le Hezbollah de ne pas commenter les résolutions du sommet de Charm el-Cheikh ou encore la position du Liban, représenté à ces assises par le Premier ministre, Tammam Salam. S'il a mis en relief le souci du Liban de se tenir à l'écart de ce nouveau conflit, sur base de la politique de distanciation par rapport aux événements dans la région, prévue dans la déclaration de Baabda, M. Salam n'en a pas moins exprimé son appui, au nom du gouvernement, aux décisions du sommet, notamment « la création d'une force arabe commune dans le but de préserver la sécurité dans la région et de combattre le terrorisme ».
Un nouveau round de pourparlers à Aïn el-Tiné est donc prévu cette semaine. Dans le même temps, le député Ibrahim Kanaan faisait état d'une avancée au niveau du dialogue entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises.
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commentaires (4)
Carrément obsédés par les complots pour paranos, ces chïïtes fakkihistes !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
08 h 21, le 31 mars 2015