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Moyen Orient et Monde - Témoignage

Au coeur de l'action, à Aden, un humanitaire libanais témoigne

Chef de la sous-délégation du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) basé à Aden, au sud du Yémen, Bob Ghosn témoigne, pour « L'Orient-Le Jour », de la crise humanitaire dans laquelle la ville est plongée depuis plusieurs jours.

Un barrage routier de fortune, au sud de la ville d’Aden, hier. Saleh al-Obeidi/AFP

« Les gens essayent de faire face à cette crise avec beaucoup de résilience et de dignité. » C'est par ces quelques mots que Bob Ghosn, chef de la sous-délégation de la Croix-Rouge internationale, basé à Aden, résume l'atmosphère qui règne depuis maintenant deux jours dans cette ville du sud du Yémen, ainsi que dans le reste du pays.

Au vu de l'escalade de violence « très préoccupante », les humanitaires unissent leurs forces. L'organisation internationale dispose d'une équipe de 300 personnes réparties à Sanaa, Saada, Taïz et Aden.
« Il y a eu des combats dans la ville et un sentiment d'insécurité grandissant règne. Des quartiers de la ville sont assaillis. On entend des coups de feu et des explosions. Les rues se vident très rapidement. Aden vit au ralenti », rapporte M. Ghosn. Celui-ci ajoute que « les Yéménites sont soumis à la violence depuis des années, depuis plusieurs mois cela s'est intensifié, et ces derniers jours c'est allé crescendo. Beaucoup d'habitants perdent tout et essayent de survivre tant bien que mal. Ils vivent au jour le jour. L'activité économique est très faible et cela aura certainement des conséquences... »

Mais dans cette semi-léthargie dans laquelle sont plongés involontairement les habitants, l'élan de solidarité dont ils font preuve a marqué l'humanitaire. « Les gens sont dépourvus de tout. C'est facile d'être solidaire quand on est tranquille... lorsqu'on fait un chèque. C'est très louable, je ne dis pas le contraire. Mais c'est touchant de voir des volontaires, des étudiants se joindre aux secours. C'est extraordinaire, dans un pays où les gens ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Il y a un vrai effort de résilience et c'est une belle preuve d'humanité », renchérit-il.


(Lire aussi : L'Unesco appelle à épargner le patrimoine culturel)

L'eau, un gros enjeu
La sous-délégation du CICR basée à Aden met tout en œuvre pour gérer au mieux la crise. Dans son communiqué, l'ONG, en étroite collaboration avec le ministère de la Santé publique et de la Population, relate avoir fait don de tentes de triage à l'hôpital al-Joumhouriya à Aden, qui permettront d'accélérer les procédures d'évaluation de l'état de santé des patients et de les orienter vers les services adéquats. Des médicaments et d'autres secours ont également été distribués. « On voit des blessés arriver et les hôpitaux ont beaucoup de mal à faire face, il y a peu de moyens, malgré tous les efforts qu'on fournit. Nous sommes 70 à Aden, entre les internationaux et nos collègues yéménites. Le Croissant-Rouge yéménite fait un travail remarquable, de même que les centres de santé et les hôpitaux. Et, fort heureusement, nous ne sommes pas en pénurie de médicaments », explique-t-on.

Mais un autre obstacle, auquel on ne pense pas immédiatement, fait son apparition. « L'eau ! L'eau est un gros enjeu. Le 22 mars, c'était la Journée mondiale de l'eau, et nous savons tous que le Yémen a des difficultés à ce niveau. Nous travaillons de concert avec les autorités pour essayer d'assurer un minimum de fonctionnement des infrastructures. Dans ce cadre de violence, nous sommes très inquiets que celles-ci soient touchées ou pillées », confirme M. Ghosn.

Même si le climat tendu et l'afflux de blessés dans des hôpitaux bondés laissent présager le pire, la population ne semble pas déterminée à fuir. « Fuir ? Mais partir pour aller où ? Partir, c'est abandonner sa maison, sa vie. Nous avons reçu des rapports de déplacements au nord, mais pas à Aden. Les gens ont peur, ils craignent vraiment la suite, mais espèrent vivement un retour à la normale. » Et pour Bob Ghosn et ses collègues, il en est de même : « On est comme tout le monde. On a peur, on n'a rien de différent des autres. Mais pour le moment, nous sommes là, le CICR n'a pas décidé d'évacuer nos équipes. Nous sommes là car nous arrivons à faire des choses utiles. Il y a des gens qui ont besoin de nous, il est donc primordial et évident pour nous de continuer à faire notre travail. »

M. Ghosn trouve « un peu dommage » que les médias parlent de la situation au Yémen uniquement d'un point de vue politique, militaire ou géostratégique. « Mais ce qui manque c'est de parler des gens ! Le Yémen, ce n'est pas juste un échiquier avec différents joueurs. Il y a des gens qui vivent des situations difficiles depuis des années, et là, ils subissent encore davantage. Il y a de plus en plus de violences, de plus en plus d'explosions, de plus en plus de morts et encore moins de sécurité », conclut Bob Ghosn.

 

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« Les gens essayent de faire face à cette crise avec beaucoup de résilience et de dignité. » C'est par ces quelques mots que Bob Ghosn, chef de la sous-délégation de la Croix-Rouge internationale, basé à Aden, résume l'atmosphère qui règne depuis maintenant deux jours dans cette ville du sud du Yémen, ainsi que dans le reste du pays.Au vu de l'escalade de violence « très...

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les comités populaires yéménites viennent de l'annoncer : en entrant pour la première fois dans la province meridionale de Abyne, Ansarallah et l'armée nationale sont parvenus aux eaux de la mer arabe!! les forces yéménites ont repris ce vendredi le contrôle de la ville de Chaghara à Abyne ce qui leur a ouvert l'accès à la mer arabe. l'entrée dans cette ville signifie aussi que toutes les portes d'entrée terrestres du port d'Aden situés à 100 kilomètres du sud ouest d'Aden sont contrrolés par les anti Hadi! Aden est le dernier bastion de Hadi. en dépit de la campagne de frappes aériennes saoudienne et co, la ville d'Aden risque donc de tomber. le porte de al Makha au nord ourest d'Aden ainsi que le nord adeniste étant déjà sous contrôle d'Ansrallah et de l'armée .

FRIK-A-FRAK

12 h 29, le 28 mars 2015

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Commentaires (1)

  • les comités populaires yéménites viennent de l'annoncer : en entrant pour la première fois dans la province meridionale de Abyne, Ansarallah et l'armée nationale sont parvenus aux eaux de la mer arabe!! les forces yéménites ont repris ce vendredi le contrôle de la ville de Chaghara à Abyne ce qui leur a ouvert l'accès à la mer arabe. l'entrée dans cette ville signifie aussi que toutes les portes d'entrée terrestres du port d'Aden situés à 100 kilomètres du sud ouest d'Aden sont contrrolés par les anti Hadi! Aden est le dernier bastion de Hadi. en dépit de la campagne de frappes aériennes saoudienne et co, la ville d'Aden risque donc de tomber. le porte de al Makha au nord ourest d'Aden ainsi que le nord adeniste étant déjà sous contrôle d'Ansrallah et de l'armée .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 29, le 28 mars 2015

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