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Moyen Orient et Monde - Éclairage

En Arabie saoudite, la « Tempête de la fermeté » impose fierté et prudence

C'est dans une atmosphère de mesures de sécurité accrues que le royaume vit les premières heures de l'offensive contre les houthis au Yémen.

Le brigadier général Ahmad Asiri s’adressant à la presse, qui n’avait pas eu le temps de mentionner l’offensive saoudienne au Yémen. Fayez Nureldine/AFP

Tout a été fait pour prendre l'ennemi par surprise. La décision de l'Arabie saoudite de lancer une attaque contre les rebelles houthis au Yémen a été tellement rapide que la presse saoudienne de jeudi n'en fait absolument pas mention.

Pas de « Tempête de la fermeté » dans la presse écrite de jeudi matin donc, mais les médias audiovisuels se rattrapent dès l'aube et les Saoudiens découvrent, en ouvrant leur poste radio, les tambours de la guerre. Un vent de fierté souffle ainsi sur les ondes, et les présentateurs radio font de leur mieux pour souligner la solennité de l'événement, un peu comme si l'Arabie saoudite reprenait enfin sa place de premier plan dans le rang des puissances régionales. Les jingles et les génériques des bulletins d'informations ont ainsi été adaptés à l'ampleur de ce développement militaro-politique dans la région.

Dans les rues, rien ne trahit une atmosphère d'effort de guerre, la vie quotidienne reste inchangée. Toutefois, autour des bâtiments répertoriés comme sensibles, les mesures de sécurité habituelles – devenues quelque peu élastiques depuis leur instauration après la sanglante vague d'attentats perpétrée par el-Qaëda dans le royaume entre 2003 et 2006 – se sont vues renforcées du jour au lendemain. Autour d'un des complexes résidentiels de Djeddah, le changement est clair. Même si les résidents expatriés sont habitués à franchir l'impressionnante enceinte de béton armée, puis les deux guérites de l'armée saoudienne pour accéder enfin à l'entrée de leur résidence, ils s'étaient accoutumés à une atmosphère très paisible et au sourire presque amical des gardes postés à l'entrée en permanence.

 

(Lire aussi : La « Tempête de la fermeté », un ouragan régional..., le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Mais ces derniers jours, changement d'ambiance. La tenue des soldats n'est plus la même. À présent, c'est gilet pare-balles et casque obligatoire pour ceux qui font le guet aux abords du complexe. Et c'est mitraillette à l'épaule qu'ils filtrent désormais avec minutie les voitures et les passagers qui accèdent au complexe. Au vu des mines étonnés de certains expatriés, ils s'efforcent d'expliquer : « Désolés, mais nous avons des instructions. La sécurité est très renforcée. Nous sommes contraints de vérifier l'identité de tous ceux qui désirent franchir le portail du complexe. » Le ton se veut ferme, mais courtois. Ce qu'ils ne disent pas en revanche, c'est qu'il y a une dizaine de jours environ, ils avaient déjà dû accroître leur vigilance. Les gilets pare-balles avaient alors brièvement fait leur apparition, avant de disparaître. Une source informée qui a souhaité garder l'anonymat souligne que de sérieuses menaces avaient alors été proférées par le groupe terroriste fondamentaliste État islamique (EI) contre Riyad.

Sur la Toile, le site officiel du ministère de l'Intérieur du royaume diffuse depuis deux jours une photo de propagande où l'on voit le drapeau saoudien et des avions de combat de l'armée nationale sur un fond de ciel bleu. Un message destiné à la population accompagne également la photo : « Les faucons saoudiens attaquent fermement afin de défendre leur mère patrie. N'oubliez pas que votre devoir est de les soutenir. Évitez les rumeurs et gardez-vous de disséminer toute information susceptible de porter atteinte à leur sécurité. » Le ton est donné.
Sur les réseaux sociaux, en revanche, c'est une information qui a retenu l'attention : la décision du Soudan de se joindre à l'offensive militaire saoudienne. Et qui provoque l'hilarité des internautes, notamment sur Facebook, où une blague sur la légendaire paresse des Soudanais circule depuis plusieurs jours. Ces derniers, s'ils participent à l'offensive, attaqueraient ainsi « l'ambassade du Yémen au Soudan », histoire de ne pas avoir à voler très loin...
Mais loin de ces traits d'humour, les Saoudiens le savent, le sentent : cette confrontation marque un tournant décisif sur le plan de l'équilibre des forces au niveau régional.

 

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