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Moyen Orient et Monde - Reportage

À Damas, les commandos féminins en première ligne face aux rebelles

La seule unité de femmes combattantes a été créée il y a près de deux ans et compte 800 soldates réparties sur tout le front est et sud-est de la capitale syrienne.

La brigade des commandos féminins, la seule unité de femmes combattantes, a été créée il y a près de deux ans et compte 800 soldates réparties sur tout le front est et sud-est de Damas, face aux bastions rebelles. Joseph Eid/AFP

Assises sur un plancher surélevé en tôle, un fusil de précision russe à la main, les deux meilleures tireuses embusquées de l'armée syrienne guettent leur « proie » dans le quartier de Jobar, à Damas.
La sergente Rim, 20 ans, et la sergente-chef Samar, 21 ans, appartiennent à la première brigade des commandos féminins de la garde républicaine. Cette unité d'élite est en charge du front le plus difficile, face à des rebelles déterminés dans le triangle Jobar, Zamalka et Aïn Tarma, trois zones de l'est de la capitale. Devant elles, un trou d'où dépasse leur SV-98. En face, des immeubles en ruines, des maisonnettes démembrées, des carcasses de voitures. Il semble qu'il n'y ait pas âme qui vive sur ce champ de bataille. Mais l'apparence est trompeuse : le sol est traversé de tunnels et la mort rôde derrière chaque bâtisse. Leur commandant les a présentées comme les plus fines gâchettes de la brigade. « C'est vrai que nous avons beaucoup de patience, première qualité d'un tireur embusqué », affirme timidement Rim. Derrière un visage rond, un sourire enfantin et des yeux légèrement maquillés se cache une redoutable guerrière. « J'atteins généralement trois ou quatre cibles par jour et honnêtement quand je rate un homme armé d'en face, il m'arrive d'en pleurer de rage », confie-t-elle.

« Pas une question de sexe »
Son record : 11 rebelles abattus en une journée. « Mon chef m'a remis une sorte de diplôme, comme à l'école », rit-elle. Sa coéquipière se targue d'un record de sept victimes. L'immeuble stratégique où elles opèrent se trouve à moins de 200 mètres de la première ligne de front. Il est entièrement tenu par des militaires femmes. Derrière une autre façade est postée Zeinab avec son B-10, un canon sans recul russe de 82 mm. Équipée d'un casque antibruit, elle vient de tirer dans un fracas épouvantable sur une maison située à 500 mètres et « l'objectif a été touché », dit-elle fièrement. Cette femme de 21 ans, cheveux longs et regard clair, a choisi la carrière militaire après son baccalauréat. Ses amis et sa famille l'ont encouragée et après trois mois d'entraînement, elle a rejoint les commandos. Pourquoi manier un canon aussi impressionnant ? La réponse est radicale : « Le tireur embusqué tue une personne à la fois, mais avec le B-10, quand j'ai tiré sur la maison, je suis sûre que tous les gens s'y trouvant sont morts. »
Pour sa part, le capitaine Ziad, en charge de l'immeuble, est satisfait de l'attitude au feu des femmes sous ses ordres. « Il n'y a pas de différence entre hommes et femmes. Certains ont le cœur solide et un courage chevillé au corps, d'autres pas. Ce n'est pas une question de sexe. »

Rôle de la femme syrienne
La brigade des commandos féminins, la seule unité de femmes combattantes, a été créée il y a près de deux ans et compte 800 soldates reparties sur tout le front est et sud-est de Damas, face aux bastions rebelles. Quand on demande à leur chef, le commandant Ali, si cette unité a été créée pour pallier les pertes importantes subies par l'armée depuis le début de la révolte (une ONG a décompté plus de 46 000 soldats tués en quatre ans), il nie catégoriquement. « C'est une décision du président Bachar el-Assad qui veut promouvoir le rôle de la femme syrienne et montrer qu'elle est capable de réussir dans tous les domaines », assure-t-il. Les troupes armées syriennes comptaient près de 200 000 hommes et plusieurs milliers de réservistes. Le recrutement des soldates s'est fait par le biais d'affiches. Ainsi, Angham, 21 ans, a vu une annonce dans un magasin à Hama. Recrutée, elle a été formée cinq mois à l'Académie de la marine de guerre à Jbelé avant d'être transférée à Damas. « Mes trois frères sont soldats et j'ai une sœur qui veut me rejoindre », déclare cette spécialiste de la Doushka, une mitrailleuse lourde. Selon le commandant Ali, les recrues ont signé un contrat de dix ans.
Pendant ce temps, à l'extérieur du bâtiment, une jeune femme de 19 ans manœuvre un tank avec deux coéquipières, soulevant un épais nuage de poussière. « Nous sommes plusieurs femmes à avoir appris à conduire un tel engin. Il fait 43 tonnes », dit-elle. « C'était très difficile, mais nous avons réussi », s'enorgueillit la tankiste sous son casque.

 

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D'AUTRES QUI VEULENT... À LE BOKO HARAM... ENVOYER DES FEMMES AU PARADIS...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 10, le 29 mars 2015

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Commentaires (3)

  • D'AUTRES QUI VEULENT... À LE BOKO HARAM... ENVOYER DES FEMMES AU PARADIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 10, le 29 mars 2015

  • ON N'A PLUS CONFIANCE EN LES SOLDATS SUNNITES ON FAIT APPEL AUX SOLDATES ALAOUITES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 11, le 28 mars 2015

  • Selon une source militaire syrienne, de multiples assauts sont lancés contre la ville d'Idleb, ces derniers jours; or, la ville continue à être imperméable à toute infiltration. Cela fait quatre jours que la ville, Chef-lieu de la province d'Idleb, fait l'objet d'une vaste offensive des terroristes nosratistes, mais le renseignement de l'armée syrienne, bien alerte, a fait rater, à tous les coups, ces assauts, dans une logique, totalement, préventive. En effet, l'attaque aurait dû avoir été lancée, à partir de plusieurs axes : celui de l'Est et du Nord-Est, où se trouvent les positions de l'armée syrienne, à proximité de l'usine textile, de Sakoub et de la raffinerie de gaz ? La zone industrielle faisait, elle aussi, partie du cercle visé par les terroristes. Mais quelle est la tactique utilisée par l'armée syrienne? elle utilise, à Idleb, une tactique basée sur le principe du guet-apens : elle consiste à se retirer d'une position géographique donnée, de laisser le passage ouvert aux terroristes armés, de prendre d'assaut, ensuite, ces mêmes terroristes, et de les piéger ainsi. En ce sens, toutes les informations diffusées par les sites proches des bacteries sur la conquête de telle ou telle localité sont à prendre avec des precaution. Les salawahab continuent à pilonner le centre de la ville, surtout, les deux localités de Foua et de Kfariya, mais l'aviation syrienne bombarde, elle, sans arrêt, les localités de Sermine, de Saragheb, de Ghaminas, de Filon.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 49, le 28 mars 2015

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