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Liban - Entretien

Sultan Abou Arabi : Il faut cesser de décerner des diplômes bons seulement à orner les murs

Constat dramatique du secrétaire général de la Fédération des universités arabes : Israël produit plus de brevets d'invention que tous les pays arabes réunis.

Le secrétaire général de la Fédération des universités arabes, Sultan Abou Arabi Adwan (d.), et le recteur de l’USJ, le père Salim Daccache.

« Nous sommes 400 millions d'Arabes ; il existe parmi nous des pays arabes riches en pétrole et d'autres qui ont un excellent potentiel économique. Mais sur le plan du savoir, nous reculons. » Le constat du secrétaire général jordanien de la Fédération des universités arabes, Sultan Abou Arabi Adwan, est dramatique.
« Les politiques des États arabes sont en deçà de ce qu'il faut, explique le secrétaire général. Les décideurs sont donc en cause. Le financement de la recherche ou du développement universitaire est insignifiant par rapport au budget des États arabes. Que ce soit au Liban, en Jordanie, en Égypte ou aux États du Golfe, qui disposent d'immenses fortunes pétrolières, l'appui à l'éducation et l'enseignement universitaire est infime. »
« La situation politique et sociale dans les États arabes est très difficile et continue de se compliquer, explique le responsable universitaire. L'exode des cerveaux nous saigne. Les savants et chercheurs arabes, que ce soit au Liban ou en Syrie, ont émigré depuis longtemps vers le Brésil, l'Amérique du Sud et du Nord. Pourquoi ? Pour mettre fin à leurs situations difficiles. Il n'y a pas de liberté académique, pas de justice sociale; les inégalités au niveau des salaires et des stimulants sont criantes. »
« Il existe environ 700 universités dans le monde arabe, enchaîne Sultan Abou Arabi. Le Liban à lui seul en abrite 44, la Jordanie 32, les Émirats arabes unis 70 universités, l'Égypte 60. Mais ces universités et instituts d'enseignement supérieur jouent-ils un rôle dynamique dans le développement de leurs États? Est-ce que nos diplômés sont adaptés aux marchés du travail comme il se doit ? Je ne le pense pas. Nos diplômes sont souvent des passeports pour l'émigration. Il faut donc revoir nos programmes universitaires, en éliminer les matières inutiles, développer l'enseignement technique et professionnel, et même les métiers manuels. Il faut cesser de décerner des diplômes bons seulement à orner les murs. »
Sur la recherche scientifique, le constat du responsable académique est saisissant. « Nous sommes 400 millions d'Arabes, dit-il, soit 6 % de la population mondiale, mais nous ne produisons que 0,2 à 0,3 % de l'ensemble des recherches scientifiques. »
« Le financement de la recherche ne dépasse pas 1 % du budget des pays arabes riches. Dans les pays arabes pauvres, ce pourcentage tombe à 0,5 % du PIB. En revanche, Israël consacre 6 % de son PIB à la recherche scientifique. C'est ainsi que les universités israéliennes sont des universités de recherche, alors que les universités arabes sont des universités d'enseignement. Dans le monde arabe, nous avons environ 600 chercheurs par million d'habitants, alors que dans les universités étrangères, aux États-Unis, au Japon, en Corée, en Europe, il y a 6 000 chercheurs par million d'habitants. En matière de brevets d'invention : Israël à lui seul en produit quatre fois plus que tous les pays arabes réunis ! »

Propos recueillis par Fady NOUN

« Nous sommes 400 millions d'Arabes ; il existe parmi nous des pays arabes riches en pétrole et d'autres qui ont un excellent potentiel économique. Mais sur le plan du savoir, nous reculons. » Le constat du secrétaire général jordanien de la Fédération des universités arabes, Sultan Abou Arabi Adwan, est dramatique.« Les politiques des États arabes sont en deçà de ce qu'il faut,...

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