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Liban - Congrès

« La Fédération des universités arabes » et les difficultés d’accès à la société du savoir

« L'université n'est pas un miroir de la société, mais un des acteurs de son changement », souligne Ghassan Salamé.

Les recteurs d’université et directeurs d’institut d’enseignement supérieur qui participent à la « session du Liban » de la Fédération des universités arabes. Photo Michel Sayegh

Confronté à la société du savoir, l'enseignement universitaire dans le monde arabe n'est pas, pour diverses raisons, dans ses meilleurs jours. Ce qui, de plus, n'arrange pas les choses, ce sont les divisions qui déchirent le monde arabe. Cette problématique était au cœur d'un congrès de deux jours tenu par la Fédération des universités arabes (48e session), une association née au Liban en 1964.
Le congrès, baptisé « session du Liban » en l'honneur de notre pays, a été hébergé et organisé par l'Université Saint-Joseph, pour marquer le 140e anniversaire de sa fondation. Il était présidé par le Pr Salim Daccache, s.j., recteur de l'USJ, qui assurera la présidence de la fédération tout au long de la « session du Liban », soit près d'un an. Près de 300 participants, représentant plus de 200 universités et instituts d'enseignement supérieur membres de la fédération, ont participé aux travaux. Ceux-ci se sont tenus, au premier jour, dans l'enceinte du campus de l'innovation et du sport de l'USJ, et au second jour à l'hôtel Habtoor, à Sin el-Fil, où logent les recteurs et directeurs invités. Une publication spéciale quotidienne a paru pour rendre compte de ses activités.
Placé sous le parrainage du Premier ministre, représenté par le ministre de l'Éducation, le congrès a pu écouter, au premier jour de ses travaux, mercredi, l'ancien ministre de la Culture, Ghassan Salamé, venu tout spécialement de Paris pour parler des sept défis lancés aujourd'hui à l'enseignement universitaire.


(Lire aussi : Sultan Abou Arabi : Il faut cesser de décerner des diplômes bons seulement à orner les murs)

 

Des défis de toutes parts
Le terme de « défi », il faut dire, s'impose de lui-même. Il s'est retrouvé dans la bouche de tous les intervenants. Ainsi, le recteur de l'USJ a évoqué en ouverture du congrès « les multiples défis » que rencontrent le monde arabe et, par conséquent, ses universitaires : extrémisme et terrorisme ; absence de justice sociale ; édification de la paix et de la sécurité ; avènement de la citoyenneté et des libertés responsables ; édification de la société du savoir ; édification de la culture du pardon, du dialogue et de la fraternité.
« Nos universités ont-elles un rôle à jouer dans la résolution des crises sociales qui nous agitent ? Ont-elles pour mission de produire une pensée éclairée qui aiderait à l'avènement d'une renaissance arabe et islamique, et même de plusieurs renaissances ? » s'est interrogé le recteur de l'USJ.
Fond et forme de la vie universitaire, des programmes et diplômes à la bonne gouvernance, tous les aspects de la vie universitaire ont été abordés, en salle ou en commission, par le congrès. Celui-ci a même abordé des points plus terre à terre, comme la régularité du paiement par les universités membres de leurs cotisations annuelles...

Nombres phénoménaux
Pour sa part, M. Salamé devait énumérer comme suit les défis auxquels sont confrontés les universités et leurs responsables : l'augmentation phénoménale du nombre d'étudiants et celui des universités ; la révolution numérique et l'extension de l'apprentissage à distance ; le défi permanent de l'élévation du niveau de la qualité de l'enseignement (à cet égard, M. Salamé a dénoncé les critères « contestables » utilisés par les agences de classement de Shanghai, du Times et d'autres, qui conduisent à l'absence presque totale des universités arabes de la liste des 1 000 premières universités du monde) ; la nature des études entreprises au vu des milliers de diplômés au chômage ou travaillant dans des domaines étrangers à leurs spécialisations ; la marchandisation du savoir et l'infiltration d'une mentalité ultralibérale dans le monde académique où le connaissant s'évalue, s'achète et se vend ; la langue d'apprentissage et la nécessité d'être au moins bilingue ; enfin, dernier défi, celui de l'homme arabe que nous voulons être. « L'université se trahit quand elle se contente d'être un miroir de la société », a dit en substance M. Salamé. « Elle doit en être un facteur de changement » à tous les niveaux, comme par exemple l'avènement de la démocratie, la réduction des inégalités, l'accès des femmes à l'emploi, l'ouverture et la recherche fondamentale, etc.

 

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