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Lifestyle - Un peu plus

Let’s dance

Les dancefloors ne sont plus ce qu'ils étaient. Comme si le rythme avait déserté la piste de danse. Comme si Travolta ne faisait plus ses moves que sous sa douche et que les Bee Gees faisaient grise mine. On ne danse plus. Ou plutôt, on danse seul(e) surtout. Désormais, nos mouvements se limitent à un bras levé, coincés dans une foule hyperexcitée, abreuvée de substances et suante, dans ce qui s'appelle toujours une boîte de nuit, mais qui n'en est plus une. Boîte, oui. De nuit, oui. Mais pas selon la définition exacte du concept. On ne danse plus. On dansotte comme on sirote un gin basil dans un bar transformé le temps d'une soirée en haut temple de la nightlife beyrouthine bourgeoise. Les femmes bougent encore leurs corps engoncés dans un outfit trop serré, lâchées sur ce coin de parquet ciré qui fait office de piste de danse. Lâchées par les hommes, comme on envoie les enfants au playground, le temps d'aller prendre un café avec les copines. Les hommes les matent. Matent ces femmes qui dansent seules en meute. Il n'y a rien de pire que la solitude quand on est en groupe. Le lâchage de soi, ils connaissent peu, ou mal.

Un homme ne danse pas. Sa virilité risquerait d'en prendre un coup. Quand un homme danse, c'est généralement d'une drôle de façon. Ou d'une façon qui se veut drôle. Une sorte de caricature de lui-même, reprenant les mouvements ridicules des 80's ou ceux de la Macarena, avec l'aisance d'un manche à balais. Loin des regards. Un homme ne danse pas, sauf s'il est gay. Sauf s'il est complètement torché. Sauf s'il y est forcé le soir de ses noces à cause de sa toute fraîche épouse ou de ses potes qui le portent sur leurs épaules, l'obligeant à héler la foule, les bras hauts levés, comme une mauvaise imitation du salut de la reine d'Angleterre ou de la chorégraphie pathétique de YMCA. Un homme ne montera pas sur un pole dance sauf s'il est sûr de lui, de son corps. S'il est bien dans son corps. Un homme danse s'il sait que faire parler son côté féminin est de loin plus viril que de zyeuter les gonzesses, un Cohiba aux lèvres.

Et pourtant, il n'y a pas si longtemps, le corps de Patrick Swayze faisait baver les jeunes filles en fleur. Il n'y a pas si longtemps, les hommes dansaient la valse, le menuet, le rock, le twist. Leurs corps ondulaient. Tel un Benjamin Millepied qui a fait chavirer Nathalie Portman. Tels les danseurs de dabké, ces chevaliers des temps anciens et modernes qui affirment encore et toujours dans ce coup de pied au sol leur masculinité. Les hommes ne dansent plus et même les petits garçons, sortes de Billy Elliot en herbe, ont peur de s'aventurer dans une classe de hip-hop où il n'y a que des filles. Seul leur miroir sera le témoin d'une tentative de moonwalk. Ou parfois leurs gentilles camarades d'école qui trouvent ça trop cool. Elles ont raison ces petites, c'est « cool » la danse. Aussi cool qu'un rif de guitare de Jimi Hendrix, qu'un morceau de Mick Jagger, qu'un déhanché de Kevin Bacon, qu'un jerk de James Stewart ou la langueur de Bradley Cooper. C'est beau la danse. C'est beau un homme qui danse. Un homme qui ose déstructurer son corps, qui ose le laisser parler. Parce que, comme le sexe, la danse est un des langages du corps. Il faut bien que le corps exulte. D'une façon et/ou d'une autre. C'est beau un homme qui danse. Un homme qui invite une femme à se coller contre lui. Qui met ses mains sur sa cambrure, sent sa peau, fait glisser ses doigts dans ses cheveux. C'est beau deux corps qui s'enlacent, s'entrelacent. Ces regards qui se pénètrent. It takes two to tango. Surtout ce tango. Ce sensuel Libertango. Emmène-moi danser ce soir.

Les dancefloors ne sont plus ce qu'ils étaient. Comme si le rythme avait déserté la piste de danse. Comme si Travolta ne faisait plus ses moves que sous sa douche et que les Bee Gees faisaient grise mine. On ne danse plus. Ou plutôt, on danse seul(e) surtout. Désormais, nos mouvements se limitent à un bras levé, coincés dans une foule hyperexcitée, abreuvée de substances et suante, dans...

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