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Moyen Orient et Monde - Catastrophe aérienne

Coup de théâtre : le copilote de l’A320 aurait volontairement crashé l’appareil

La révélation des autorités françaises provoque la stupeur en Europe.

Depuis mercredi, avec l’aide de médecins légistes, les restes des victimes sont récupérés par les équipes de secours dans des conditions périlleuses. Les enquêteurs sont toujours à la recherche de la seconde boîte noire, contenant les données du vol. Anne-Christine Poujoulat/AFP

Le jeune copilote allemand de l'Airbus A320 de la Germanwings semble avoir délibérément fracassé son avion sur une montagne des Alpes, une révélation des autorités françaises qui a provoqué hier la stupéfaction en Europe. Deux scénarios sont désormais évoqués : celui d'un suicide et celui d'un attentat, même si les enquêteurs et le gouvernement français ont affirmé jusqu'à présent ne pas privilégier cette dernière piste. Des perquisitions étaient en cours hier soir dans l'ouest de l'Allemagne aux deux domiciles du copilote, un Allemand de 28 ans répondant au nom d'Andreas Lubitz.
« Cette tragédie prend une dimension totalement inconcevable », a réagi la chancelière allemande Angela Merkel, tandis que le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est dit « bouleversé ». Sur les 150 personnes tuées dans le crash, survenu mardi dans le sud des Alpes françaises, 50 sont espagnoles et 75 allemandes.

(Récit : Crash de l'A320 : les dernières minutes du vol 4U 9525)

 

Motivations inconnues
« Nous n'avons pas le moindre indice sur ce qui a pu pousser le copilote à commettre cet acte horrible », a avoué Carsten Spohr, le patron de la compagnie Lufthansa, maison mère de Germanwings. Les éléments fournis par la justice française selon lesquels Andreas Lubitz avait sans doute « volontairement » provoqué la perte de l'avion, qui reliait Barcelone à Düsseldorf, ont ainsi fait l'effet d'un coup de théâtre. Ce rebondissement, dû à l'exploitation des données d'une boîte noire retrouvée mardi sur les lieux de la catastrophe, a coïncidé avec l'arrivée en France de proches des 150 victimes. Ils ont eu la primeur de ces informations avant une conférence de presse du procureur français chargé de l'enquête judiciaire, Brice Robin. Les motivations d'Andreas Lubitz restent inexpliquées, mais le procureur a précisé qu'il n'était « pas répertorié comme terroriste », une information confirmée par Berlin.

Colère et consternation
À la tristesse causée en Allemagne par le crash, son geste a ajouté colère et consternation. « Je voulais savoir où habitait le meurtrier », s'étranglait Hans-Dieter, la cinquantaine, hier soir aux abords de la maison familiale des Lubitz à Montabaur. « Pour moi, c'est comme ce type en Norvège qui a tiré », a-t-il ajouté, évoquant Anders Breivik, l'auteur de la tuerie d'Oslo (77 morts) en 2011. « Même dans nos pires cauchemars, nous n'aurions pas pu imaginer qu'une telle tragédie puisse arriver », a confié le patron de Lufthansa, en sanglots. « Ceux qui nous connaissent savent que nous sélectionnons avec beaucoup, beaucoup d'attention » nos pilotes, a-t-il ajouté, avec notamment des examens psychologiques en plus des tests de capacité techniques.
Le copilote avait été engagé en septembre 2013 par la compagnie aérienne et comptait 630 heures de vol. Resté seul aux commandes de l'appareil après la sortie de la cabine de pilotage du commandant de bord, vraisemblablement parti aux toilettes, Andreas Lubitz ne lui a pas permis de revenir et a actionné le bouton de descente de l'avion. Sur l'enregistrement contenu dans la boîte noire, « on entend plusieurs appels du commandant de bord pour demander l'accès à la cabine de pilotage, mais aucune réponse du copilote », a raconté le procureur Robin. Andreas Lubitz, dont on perçoit jusqu'à la fin la respiration régulière, n'a pas non plus répondu aux appels de la tour de contrôle qui s'est rendu compte de la descente anormale de l'Airbus. Tout cela « peut s'analyser comme une volonté de détruire l'avion », a déclaré M. Robin, qui voit là « l'interprétation la plus plausible » des dernières minutes du vol.
Ces révélations ont amené plusieurs compagnies aériennes, dont la britannique EasyJet, première low-cost européenne, à décider de maintenir deux personnes dans la cabine de pilotage en toute circonstance sur leurs vols. Le Canada a décrété hier soir l'entrée en vigueur « immédiate » de cette mesure pour toutes ses compagnies. Peu après, la fédération allemande du secteur aérien (BDL) annonçait vouloir à l'avenir imposer cette règle.

 

(Lire aussi : Crash de l'A320 : Quel accompagnement pour les proches des victimes)

 

Cris des passagers
Selon le procureur Robin, les passagers du vol Germanwings « ne se sont rendu compte du crash qu'au tout dernier moment » et sont morts sur le coup. Dans les dernières secondes avant l'impact sur la montagne, l'enregistrement de 30 minutes au total laisse entendre l'alerte signalant la proximité du sol et les cris des passagers.
Depuis mercredi, avec l'aide de médecins légistes, les restes des victimes sont récupérés par les équipes de secours dans des conditions périlleuses. Les enquêteurs sont toujours à la recherche de la seconde boîte noire, contenant les données du vol. D'après le lieutenant-colonel Xavier Vialenc, les gendarmes « tentent de récupérer tout ce qu'ils peuvent ». Cela va « être long, très long, au moins 15 jours », a-t-il dit.
Parallèlement, quelque 200 proches des victimes de l'une des pires catastrophes aériennes survenues en Europe se sont recueillis hier dans deux chapelles ardentes érigées dans les villages de Seyne-les-Alpes et Le Vernet, proches du lieu du drame. Les médias ont été tenus à distance afin de protéger leur intimité et leur deuil, tandis que des secouristes prêtaient assistance à ceux qui en avaient besoin. Des prélèvements d'ADN sur des membres des familles vont être faits pour faciliter l'identification des morts, qui prendra « des jours et même des semaines », a prévenu le procureur Robin. Interpol a envoyé une équipe de spécialistes pour participer à cette tâche.
Les 150 victimes sont originaires de 18 pays. L'Allemagne et l'Espagne, les plus touchées, ont mis leurs drapeaux en berne mercredi.

 

Le jeune copilote allemand de l'Airbus A320 de la Germanwings semble avoir délibérément fracassé son avion sur une montagne des Alpes, une révélation des autorités françaises qui a provoqué hier la stupéfaction en Europe. Deux scénarios sont désormais évoqués : celui d'un suicide et celui d'un attentat, même si les enquêteurs et le gouvernement français ont affirmé jusqu'à...

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