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Nos Lecteurs ont la Parole - Joya MADI

La beauté

Une propriété innée qu'un objet possède sans partage ? Ou une valeur subjective, une couleur que l'observateur projette ? Je me rappelle d'un été dans notre campagne libanaise passé à disséquer l'expérience que je vivais plutôt que de contempler la beauté qui s'offrait à moi ! Puis, un jour, décollant de Beyrouth pour Paris, un hasard déclencha un souvenir qui fit couler une longue larme. Ce jour-ci, je compris ce qu'était la beauté. Dans le magazine du bord, un trop-plein d'images, un article discutant de « Caracalla » se détachait.
Et ce seul mot, inconnu de beaucoup, recrée un monde dans mon esprit. Ce mot me couvre d'un drap dans un lit imaginaire et me conte l'histoire du Liban. Plus que mise en scène, décors, coussins et tapis précieux, plus que chants du passé, café à la cardamone moulu, « eggal », abaya, « keffieh » et « mandils » qui tintent... Dans ce conte dont Caracalla m'enrobe, c'est la danse qui jaillit.
Un Liban redessiné par les spectacles de la plus virtuose des troupes de danse Libanaise : Caracalla. Voyez-vous, Beyrouth, ville cosmopolite, aspirant à la joie malgré le poids du passé, prend corps dans le style de Caracalla : une mixture de danse classique, de chorégraphie contemporaine et de folklore oriental. « C'est la rencontre entre l'Est et l'Ouest. On utilise tous les alphabets des corps », résume Abdel Halim Caracalla. Mais c'est bien plus que cela, n'est-ce pas Abdel Halim ? Le mouvement est un langage universel. C'est le drapeau du monde. Sa nouvelle religion !
La beauté : propriété inaltérable ou valeur subjective ? Ni l'une ni l'autre. C'est un pont entre les deux. C'est tout ce qui, s'exprimant dans le monde extérieur spontanément, fait jaillir ce qu'il y a de plus beau en nous. La photo de la prima caracaléenne et la larme sur ma joue. La beauté est un couple. La beauté est jumelle ou n'est pas.
L'avion accélère. Du hublot, je regarde mon Liban qui défile et me réjouis à l'idée des sourires des spectateurs de Caracalla aux festivals de Baalbeck. Qui parle politique ? Qu'est-il advenu de la question sempiternelle du territoire ? Un chef de guerre peut-il lever sa kalachnikov devant le sourire d'une danseuse ? Peut-on rester en colère face aux grottes de Kannoubine ? La beauté est le cheval de Troie au sein duquel patiente l'unanimité. Quand tous les discours de paix deviennent des géants de papiers, laissez Caracalla danser et ce nœud dont le Moyen-Orient souffre... se dénouera, en beauté.

Une propriété innée qu'un objet possède sans partage ? Ou une valeur subjective, une couleur que l'observateur projette ? Je me rappelle d'un été dans notre campagne libanaise passé à disséquer l'expérience que je vivais plutôt que de contempler la beauté qui s'offrait à moi ! Puis, un jour, décollant de Beyrouth pour Paris, un hasard déclencha un souvenir qui fit couler une...

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