Les paysages d’Assumpció Mateu

Elle étale la pâte à la main, la laboure, y trace des déchirures, des entailles, des décapages, procède à des collages-décollages, y insère parfois une ramure, une tige, une brindille... Pour recréer des paysages à la fois d'un extrême épurement et chargés de matières. Des matières puisées dans la nature : pigments purs, terre, sable, poudre de marbre... Pour l'élaboration de toiles obsessionnellement inspirées de la... nature. De ses variations, ses déclinaisons, ses grands espaces, ses quatre
éléments.
En panoramas dilatés sur grands formats ou, au contraire, en angles rapprochés, Assumpció Mateu recrée, en camaïeux bleus, gris-blanc ou ocre et plus rarement dans une palette contrastée, des terres brunes et arides; des mers à l'horizon infini; des cieux cléments ou plus ombrageux, ou encore des forêts aux branchages décharnés. Ces forêts de Catalogne, terre natale de l'artiste, dont de larges pans avaient été ravagés par de terribles feux il y a quelques années, semblent d'ailleurs hanter sa peinture. Elle leur consacre une majorité de toiles où l'abstraction la plus pure y épouse l'évocation la plus expressive.
Au moyen de quelques coups de pinceaux élancés, quelques incisions verticales, ruptures parfaitement intégrées aux superpositions chromatiques sédimentaires qui en composent le fond, Assumpció Mateu élabore des tableaux d'une mystérieuse et vibrante poésie.
Une artiste à l'œuvre sensible et cohérente, présente dans plusieurs musées, fondations et collections publiques d'Europe (dont le Macba à Barcelone ou la Fondation Vasarely en France), à (re)découvrir, jusqu'au 31 mars, à la galerie Alwane*.

*Saifi Village. Horaires d'ouverture : de lundi à samedi, de 11h à 19h. Tél. : 01/975250.