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Économie - États-Unis

Craintes de bulle boursière autour de la biotechnologie

À Wall Street, leur ascension fulgurante fait craindre une bulle : les sociétés de biotechnologie et leurs innovations thérapeutiques ont le vent en poupe sur fond de redistribution des cartes dans la pharmacie aux États-Unis. Contrairement aux géants comme Pfizer, célèbre pour l'Advil et le Viagra, leurs noms ne disent rien à Monsieur Tout-le-monde. Mais leurs médicaments sont, eux, convoités tant ils sont porteurs d'espoirs dans la lutte contre des pandémies comme le sida ou les cancers.
Ces espérances s'accompagnent aujourd'hui d'une flambée en Bourse des sociétés « biotechs ».
L'américain Gilead Sciences, qui produit deux traitements onéreux contre l'hépatite C (le Sovaldi et l'Harvoni), valait par exemple près de 150 milliards de dollars en Bourse mercredi, Amgen 121,89 milliards, Biogen 101,27 milliards et Celgene 93,66 milliards. C'est davantage que la prestigieuse banque d'affaires Goldman Sachs (84,60 milliards de dollars), Gilead se payant même le luxe de valoir plus que le proprétaire du Doliprane, le français Sanofi (131,53 milliards d'euros).
En un peu plus d'un an, l'indice boursier regroupant les entreprises du secteur a vu sa valeur bondir de plus de 35 %, surclassant les grands indices. Pour certaines sociétés, la progression atteint même 75 %.
« Y a-t-il une bulle dans le secteur des biotechs ? Définitivement oui », affirme Josh Brown chez Ritholtz Wealth Management, dénonçant des paris faits sur des médicaments encore en début de développement (phases 1 et 2) et dont l'avenir reste incertain. Il n'est pas le premier à évoquer une surchauffe. La présidente de la Banque centrale (Fed) Janet Yellen s'était déjà inquiétée en juillet dernier de la survalorisation des petites biotechs.
À cette envolée boursière s'ajoutent des acquisitions aux montants faramineux comparés aux chiffres d'affaires générés jusqu'ici par certaines sociétés. Fin février, Pharmacyclics (730 millions de dollars de chiffre d'affaires) a été rachetée pour 21 milliards de dollars par le laboratoire AbbVie, attiré par son médicament contre les leucémies, Imbruvica. « Oui, ça fait cher mais les biotechs vendent de plus en plus de médicaments », balaie auprès de l'AFP l'analyste spécialisé Hartaj Singh.
Ciblant les cancers et les maladies immunitaires, les médicaments des biotechs sont considérés comme des relais de croissance au moment où les gros laboratoires font face à la rude concurrence des fabricants de génériques. Ce contexte est à l'origine de grandes manœuvres dans la pharmacie, d'autant que les « grands » ayant engrangé beaucoup de liquidités qui leur permettent de payer au prix fort des entreprises prometteuses.
Depuis janvier, les rapprochements s'enchaînent et étaient estimés mercredi par le cabinet Dealogic à 102,3 milliards de dollars, soit un plus haut depuis 2009. La consolidation n'est pas terminée. Les autorités sanitaires américaine (FDA) et européenne (Agence européenne du médicament, EMA) approuvent de plus en plus de molécules issues des biotechs, laissant présager des commercialisations imminentes. Ces approbations ont augmenté de 10 % à 20 % sur les dix dernières années, selon le cabinet BTIG. Ces feux verts devraient se traduire par des marges positives, estime, lui, le cabinet HBM Partners.
Les treize molécules avalisées au premier semestre 2013 devaient générer des revenus annuels de 12,4 milliards de dollars, soit en moyenne environ 1 milliard de dollars chacune, selon HBM Partners. Les experts louent par ailleurs la maîtrise des coûts des biotechs aux structures légères et flexibles comparé aux lourdes machines que sont les géants de la pharmacie avec leurs effectifs pléthoriques et échelles de décision multiples. Le mode de fabrication complexe des molécules issues des biotechs en rend difficile les copies, ce qui permet d'espérer de juteux bénéfices au-delà de la durée de vie des brevets. Le Sovaldi coûte sur le marché américain 1 000 dollars le comprimé, soit 84 000 dollars pour un traitement complet.
Toutefois les risques d'échec ne sont pas nuls. La biotech Dendreon avait suscité beaucoup d'enthousiasme avec son traitement contre le cancer de la prostate Provenge mais a fait faillite en novembre dernier après que ce médicament eut échoué à tenir toutes ses promesses malgré des coûts élevés. « Si les ventes du premier trimestre des biotechs ne sont pas au niveau des attentes, le soufflé va retomber », prévient Hartaj Singh.

Luc OLINGA / AFP

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