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Liban

Michel el-Khoury : L’amitié entre la France et le Liban est palpable dans mille et un aspects de la vie

Nous reproduisons ci-dessous le texte quasi intégral du discours que le président de la Société des membres de la Légion d'honneur au Liban, l'ancien ministre cheikh Michel el-Khoury, a prononcé au cours de la cérémonie annuelle que cette association a organisée à l'ATCL de Kaslik en l'honneur des anciens combattants de l'armée française résidant au Liban.
« C'est d'abord au nom de notre vénéré président d'honneur et fondateur de notre association, M. Michel Eddé, que je vous souhaite la bienvenue au Liban. C'est aussi au nom de la Société des membres de la Légion d'honneur-Liban et de l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie que je vous remercie d'avoir voulu honorer de votre présence ce gala annuel que nous organisons en hommage aux anciens combattants de l'armée française résidant au Liban.
« Général, votre visite ne peut être regardée comme une simple étape d'une tournée que le grand patron de l'ordre le plus prestigieux de France effectue auprès de ses branches de l'étranger. Parce que notre pays a tissé depuis bien longtemps des liens indéfectibles avec le vôtre bien avant que le général Henri Gouraud ne l'eût porté sur les fonts baptismaux en 1920. Par exemple, l'envoi au Liban par Napoléon III en 1860, à la suite des massacres qui avaient endeuillé notre pays, du corps expéditionnaire français de six mille hommes, commandé par le général Charles-Marie Napoléon de Beaufort d'Hautpoul, ne s'inscrit-il pas dans ce rapport privilégié entre nos deux pays ?
« Général, la France s'est toujours tenue aux côtés du Liban lorsqu'il était en difficulté. C'est ainsi que le contingent français est l'un des plus nombreux au sein de la Finul, mise en place par les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité de l'Onu en mars 1978, à la suite de l'escalade de la violence le long de la frontière israélo-libanaise, escalade qui avait culminé avec l'invasion du Liban par l'armée de l'État hébreu. Sa mission a été élargie et ses effectifs augmentés après la guerre de juillet-août 2006. De 2007 à 2014, elle a été commandée successivement par huit de vos compatriotes, les généraux François Estrate, Olivier de Bavinchove, Vincent Lafontaine, Xavier de Voillemont, Olivier Pougin de La Maisonneuve, Hugues Delors-Laval, Jean-Jacques Toutous et Éric Hauteclocque-Raysz, qui est parmi nous aujourd'hui.
« L'invasion du Liban par l'armée israélienne en 1978, tout comme celle de 1982, a fait subir à notre pays pacifique, qui n'avait ni les moyens humains ni les moyens militaires d'affronter avec succès la machine de guerre de l'État hébreu, des pertes considérables en hommes et en matériel. Ces deux guerres, il les a subies parce qu'il avait accueilli en 1948, lors de la première guerre arabo-israélienne, près d'un demi-million de Palestiniens fuyant le conflit armé et ses atrocités.
« Le Liban a payé chèrement l'accueil offert à ces réfugiés, dont le nombre représentait près du quart de sa propre population et qui l'ont entraîné dans un conflit qui le dépasse et qui dure depuis 67 ans. »

L'aide militaire française au Liban
Et cheikh Michel el-Khoury d'ajouter : « Je n'entends pas, général, dresser ici une liste exhaustive de l'aide que la France n'a cessé d'apporter au Liban. Mais je ne saurais ne pas mentionner le contrat que nos deux pays ont récemment conclu portant sur la fourniture par la France au Liban de matériel militaire d'une valeur de trois milliards de dollars couverts par un don de l'Arabie saoudite. Cette aide nous est nécessaire, elle est même vitale, parce que le Liban est confronté aujourd'hui – une fois de plus – à de nouvelles et sérieuses difficultés sur le double plan de sa sécurité et du fonctionnement de ses institutions démocratiques. Les menaces, les dangers auxquels il fait face sont nés des retombées de la guerre qui se poursuit en Syrie depuis quatre ans, qui a déjà fait plus de 220 000 morts – dont un très grand nombre de civils – et provoqué des destructions d'une ampleur considérable, auxquelles n'ont pas échappé de nombreux sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
« Cette guerre a eu des conséquences désastreuses chez nous. Nous avons dû accueillir plus d'un million et demi de réfugiés, afflux disproportionné avec nos moyens, d'autant plus qu'il vient s'ajouter à celui des Palestiniens. Le nombre de réfugiés dans notre pays représente aujourd'hui la moitié de sa population !
« En outre, à notre frontière nord et nord-est, des groupes de jihadistes qui combattaient en Syrie ont retourné leurs armes contre notre territoire. Ils tentent de nous entraîner dans le conflit qui les oppose au régime de Damas. L'armée libanaise a réussi jusqu'à présent, au prix de lourds sacrifices, à repousser les attaques de ces bandes dont l'armement est parfois supérieur au sien, tout comme elle a éventé des tentatives d'attentat de leur part visant à provoquer des troubles à caractère confessionnel au Liban. C'est pourquoi l'aide en matériel militaire que la France a décidé de nous fournir répond à un besoin vital du Liban, "ce petit pays si important", selon le mot du prince Klemens Metternich.
« Une autre difficulté à laquelle fait face le Liban, et qui est encore plus lourde de conséquences pour sa stabilité pour la pérennité de son système politique, pour la cohésion nationale, pour l'entente des dix-huit communautés religieuses qui composent le peuple libanais, résulte de la paralysie qui frappe l'Assemblée nationale. Du fait d'un concours de circonstances sur le triple plan local, régional et international, la Chambre des députés ne parvient pas à élire un successeur au président de la République Michel Sleiman, dont le mandat a expiré il y a presque dix mois. Dans cette difficile conjoncture, la diplomatie française déploie également ses moyens pour nous aider à rechercher des solutions. »

L'enseignement et le journalisme
Et cheikh Michel el-Khoury de poursuivre : « Mais l'amitié entre la France et le Liban ne s'exprime pas seulement dans l'assistance militaire, politique et diplomatique. Elle est palpable dans les mille et un aspects de la vie de ce côté-ci de la Méditerranée. Elle est présente d'abord et avant tout dans l'enseignement, dans les cinq universités du pays partiellement ou entièrement francophones, dans les centaines d'établissements scolaires privés ou publics ayant choisi la langue de Molière comme principale langue de leur enseignement, comme aussi dans la presse écrite.
« De surcroît, l'amitié entre nos deux pays a aussi pour porte-parole, pour ambassadeurs, les poètes, écrivains et journalistes libanais dont le français est le mode d'expression. Permettez-moi, général, de citer les noms de quelques-uns d'entre eux, certains déjà entrés dans l'histoire, tels Georges Schéhadé, Charles Corm, Charles Hélou, Michel Chiha, Georges Naccache, René Aggiouri, Édouard Saab, Kesrouane Labaki, Fouad Gabriel Naffah, Hector Khlat, d'autres encore en activité, comme Salah Stétié, Amin Maalouf, Alexandre Najjar, Dominique Eddé, Georgia Makhlouf, Charif Majdalani, Jad Hatem, Fifi Abou Dib. Je m'arrête là car une liste complète comporterait des centaines de noms.
« C'est dans le cadre de cette relation privilégiée que se situe, notamment, l'action et la vocation de notre société.
« Ainsi, afin d'encourager la recherche scientifique au Liban, de développer la coopération universitaire et scientifique avec la France, de lui imprimer un élan nouveau et davantage de vitalité, la SMLH-Liban a décidé de décerner un prix annuel à un enseignant-chercheur libanais de culture franco-libanaise. Le lauréat, choisi pour la qualité et l'intérêt de ses travaux scientifiques, ainsi que pour le caractère innovant de sa démarche, recevra un prix d'un montant de 25 000 dollars. C'est là une de nos activités qui confortent et pérennisent les liens étroits de nos deux cultures. Ces liens, nous souhaitons vivement les concrétiser par des contacts plus fréquents avec nos camarades légionnaires de France par un échange de visites et de prestations réciproques. La grande chancellerie peut, dans ce domaine, prêter main-forte aux initiatives de rapprochement entre celles et ceux qui, pour quelque raison, ici et ailleurs, ont pu mériter de la France. »

De Gaulle et le Liban
En conclusion, cheikh Michel el-Khoury a déclaré : « Général, vous êtes titulaire de vingt-sept distinctions honorifiques, dont les deux décorations françaises les plus prestigieuses, la grand-croix de la Légion d'honneur et la grand-croix de l'ordre national du Mérite, dont vous êtes le chancelier et dont nous saluons les membres ici présents. En citant l'ordre national du Mérite, qui doit sa création, en 1963, à la volonté du général de Gaulle, je ne peux m'empêcher d'évoquer la grande et glorieuse figure du chef de la France libre.
« De Gaulle, alors qu'il avait le grade de commandant, a été affecté à une mission au Liban à l'époque de l'entre-deux guerres. La façade de l'immeuble où il a habité à Beyrouth porte jusqu'à présent une plaque avec l'inscription suivante : "Ici vécut le commandant Charles de Gaulle de novembre 1929 à janvier 1932." Lors de son séjour, il avait inscrit son fils Philippe, le futur amiral de Gaulle, au collège des pères jésuites à Beyrouth.
« Le 3 juillet 1931, à l'occasion de la clôture de l'année scolaire, il s'adresse à la jeunesse libanaise avec des accents témoignant déjà des sentiments qu'il porte à notre pays et il l'appelle à s'employer à édifier un État digne de ce nom. Oui, de Gaulle éprouvait à l'égard du Liban une vive amitié et une sympathie active.
« Le général Fouad Chéhab, qui fut commandant en chef de l'armée jusqu'en 1958 et président de la République de 1958 à 1964, avait connu de Gaulle dans les années trente et avait été particulièrement impressionné par ses qualités intellectuelles et morales, et par l'attachement qu'il portait au Liban. L'amitié et le respect que ces deux hommes se vouaient ont largement porté leurs fruits dans la réforme de notre administration entreprise par le président Chéhab avec l'aide de conseillers français.
« Général, cette terre pétrie d'histoire, enserrée entre mer et montagne, a ceci de particulier que ce qu'elle a donné au monde est inversement proportionnel à sa surface. Elle a donné l'alphabet, et c'est une princesse libanaise, Europe, fille d'Agénor, roi de Tyr, qui a donné son nom au continent d'où vous nous faites le plaisir et l'honneur de venir nous rendre visite.
« Général, vous êtes donc, ici au Liban, chez vous, tout comme nous autres, en France, nous serions un peu chez nous. »

Nous reproduisons ci-dessous le texte quasi intégral du discours que le président de la Société des membres de la Légion d'honneur au Liban, l'ancien ministre cheikh Michel el-Khoury, a prononcé au cours de la cérémonie annuelle que cette association a organisée à l'ATCL de Kaslik en l'honneur des anciens combattants de l'armée française résidant au Liban.« C'est d'abord au nom de...

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