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Liban

Fête des Mères : vous n’avez pas oublié joyeuse ?

La maternité est sans aucun doute glorifiée et honorée à travers la nation tout entière. Demandez aux gens ce que le mot mère évoque pour eux et vous aurez un large éventail de réponses extraordinaires, quels que soient l'âge, le sexe, la classe sociale, l'éducation, la religion, les opinions politiques ou autres de la personne sollicitée. Pourtant, lorsque le sujet des mères est soulevé dans le cadre de leurs droits, l'image qui s'en dégage est singulièrement différente.
Le simple fait de conclure un mariage place les femmes dans une position subalterne. En fait, une majorité écrasante de dénominations refuse à la mère le droit de tutelle, la privant ainsi de toute autorité légale sur ses enfants. C'est précisément pourquoi une mère ne peut ouvrir un compte bancaire pour son enfant mineur, demander la délivrance d'un passeport pour ce dernier, ou encore voyager avec son propre enfant : toutes ces étapes nécessitent l'autorisation du tuteur. Une mère divorcée ou veuve se voit simplement octroyer la garde de ses enfants – un « privilège » à durée limitée et de nature révocable. En effet, une mère qui choisit de se remarier où qui se voit accusée d'être une mère indigne perd automatiquement la garde de sa progéniture.
Des améliorations limitées ont été apportées dans le cadre du mariage – en matière de protection des épouses contre la violence. Après des années de lutte et de pression sur le gouvernement, la société civile a réussi à faire passer une loi protégeant les femmes victimes de violence domestique. Pourtant, ces efforts bien que colossaux ont été récompensés par l'intégration d'une loi faible et incomplète – qui par ailleurs ne criminalise pas le viol conjugal.
La nature sexiste de la loi est également évidente dans le domaine civil. Un exemple flagrant qui affecte les femmes en tant que mères et citoyennes est que les mères libanaises ne sont pas en mesure de transmettre leur nationalité à leurs propres enfants. Cela malgré la promesse de l'État de traiter tous les citoyens de manière égale devant la loi, comme en témoigne l'article 7 de la Constitution. Malgré cette incontestable injustice, autant dans la sphère civile que religieuse, il semble y avoir très peu d'effort de la part de l'État.
Concrètement, l'État libanais relègue les mères à la fonction de reproductrices et de gardiennes. Paradoxalement, les femmes elles-mêmes participent à leur propre discrimination en se subordonnant à une nation sexiste, tout en assurant la continuité de cette même nation en procréant et en élevant de bons citoyens qui, à leur tour s'assureront de faire respecter des lois et concepts qui portent préjudice aux femmes. Si l'État ne se résout pas à apporter des changements absolus et efficaces à la législation en vigueur, ce fameux jour ne fera que rendre hommage à une mère qui, bien que formidable, n'est en fait qu'un parent impuissant et une citoyenne de seconde classe.

Dr Mida ZANTOUT
Professeur d'études culturelles, faculté des arts et des sciences sociales, Université de Balamand

La maternité est sans aucun doute glorifiée et honorée à travers la nation tout entière. Demandez aux gens ce que le mot mère évoque pour eux et vous aurez un large éventail de réponses extraordinaires, quels que soient l'âge, le sexe, la classe sociale, l'éducation, la religion, les opinions politiques ou autres de la personne sollicitée. Pourtant, lorsque le sujet des mères est...

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