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Économie - Aéronautique

Emirates presse Airbus de sortir une version modernisée de l’A380

La compagnie aérienne de Dubaï, Emirates, est de loin le principal client de l’A380.

À l'approche du salon du Bourget, le patron d'Emirates presse Airbus de se décider à lancer une version remotorisée de son A380, un casse-tête pour l'avionneur européen en l'absence de technologie vraiment révolutionnaire.
Depuis des mois, Tim Clark distille le même message : l'A380, avec ses quatre moteurs datant des années 2000, est extrêmement coûteux. Cette semaine, il a déclaré au quotidien Financial Times avoir exigé d'Airbus une clarification ce mois-ci sur ses intentions concernant une remotorisation du super Jumbo. Interrogé par l'AFP, Airbus s'est refusé à tout commentaire.
Le président de la compagnie de Dubaï se montre d'autant plus vindicatif qu'il est de loin le principal client de l'A380. À fin 2014, Airbus avait enregistré 317 commandes émanant de 18 clients dont 140 pour Emirates. Près de 60 appareils volent déjà aux couleurs du transporteur émirien.
Tim Clark a en outre annoncé début mars qu'il envisageait d'en acheter 100 à 200 supplémentaires parallèlement au projet d'acquisition de 50 à 70 bimoteurs A350 ou Boeing 787, faisant indirectement le lien entre les deux potentiels contrats.
« Airbus ne peut pas ignorer les critiques de certaines compagnies : les nécessaires adaptations aéroportuaires, un coût par siège encore trop élevé, d'où la demande insistante d'Emirates pour obtenir une nouvelle motorisation », commente Stéphane Albernhe, expert aéronautique au cabinet Archery Strategy Consulting. Il observe toutefois que, pour proposer une remotorisation, Airbus doit lui-même avoir l'assurance de disposer d'un moteur de toute nouvelle génération, capable de réaliser 20 à 25 % d'économies de carburant, de réduire encore davantage le bruit et ses émissions polluantes. « À ce jour, ce moteur-là n'existe pas sur l'étagère chez les motoristes », poursuit-il. « Remotoriser l'A380 signifierait par ailleurs d'importantes modifications de structure (nacelle, pylône et train d'atterrissage) et donc un investissement coûteux. Annoncer une remotorisation à brève échéance paraît donc difficile », dit-il. Certains experts évoquent plus de cinq milliards d'euros d'investissement nécessaires. Un coût difficile à consentir pour satisfaire un seul client d'autant qu'Airbus a déjà lancé la remotorisation de son moyen-courrier A320 et de son long-courrier bimoteur A330. « Airbus était une entreprise mal gérée au moment du lancement de l'A380. Le groupe est aujourd'hui dirigé sérieusement. Je doute qu'il puisse lancer l'A380neo (new engine option). Une entreprise bien gérée ne peut tout simplement pas faire ça », estime Richard Aboulafia, expert au cabinet d'étude américain Teal Group. La situation est d'autant plus délicate pour le constructeur européen que les premiers A380 de Singapour Airlines et d'Emirates vont arriver sur le marché de l'occasion entre 2017 et 2020. « Pour échelonner sur 12 ans la sortie de la flotte des avions les plus anciens, Emirates doit envisager de vendre ses appareils dans quelques années. Airbus doit étendre la durée de vie d'un programme qui se meurt, sinon Emirates va se retrouver avec une flotte orpheline », explique Richard Aboulafia.
Or en annonçant aujourd'hui un A380neo, Airbus « compromettrait sérieusement le potentiel de valeur à la revente de ces avions les plus anciens », relève Yan Derocles, spécialiste du secteur chez Oddo Securities.
Dans ce contexte, Airbus pourrait proposer ces prochaines années une solution intermédiaire : une version améliorée en attendant de nouveaux moteurs. « Une série d'améliorations des performances de l'avion pourrait prolonger de quelques années la vie de l'A380 ; un compromis pour Airbus et probablement pour Emirates également pour sauver la face », estime Richard Aboulafia.
L'avionneur peut en effet intégrer plus de composite, plus d'électronique embarquée, voire allonger l'appareil pour augmenter le nombre de sièges et réduire ainsi les coûts par siège.
L'avenir de l'A380 pourrait bien s'inviter au salon du Bourget qui doit se tenir du 15 au 21 juin.
« Airbus ne pourra sans doute pas faire l'impasse de ce sujet au salon (...). Il va devoir expliquer comment il compte faire évoluer son avion à court, moyen et long terme, sans céder à la pression d'annoncer un A380neo, en l'absence de nouvelle génération de motorisation disponible », résume Stéphane Abernhe. L'A380 « est un pilier solide de notre famille de long-courriers », estimait en janvier Fabrice Brégier, PDG d'Airbus, prédisant « un avenir brillant à long terme » à son avion iconique, face à ses détracteurs annonçant sa disparition.

Delphine TOUITOU/AFP

À l'approche du salon du Bourget, le patron d'Emirates presse Airbus de se décider à lancer une version remotorisée de son A380, un casse-tête pour l'avionneur européen en l'absence de technologie vraiment révolutionnaire.Depuis des mois, Tim Clark distille le même message : l'A380, avec ses quatre moteurs datant des années 2000, est extrêmement coûteux. Cette semaine, il a déclaré...

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