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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

« Une percée de la liste arabe serait un premier pas sur la voie d’une alternative politique »

Karim Émile Bitar, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), se penche sur les candidats arabes israéliens en lice pour les élections législatives.

Le chef de file de la liste arabe commune, Ayman Odeh (à droite), défend l’idée d’une alliance pour lutter contre les discriminations, le racisme et les inégalités sociales en Israël. Ahmad Gharabli/AFP

Aujourd'hui, près de six millions d'électeurs israéliens doivent choisir leurs 120 députés, après des semaines de campagne féroce et de sondages plutôt pessimistes pour le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu. Avec un bilan assombri par une ribambelle de scandales (sur son train de vie dispendieux ou encore des accusations de mauvaise gestion lors de mandats précédents), il n'est pas certain que M. Netanyahu reste à la tête du gouvernement, d'autant que la liste de son principal adversaire, le travailliste Isaac Herzog, a une légère avance (quatre sièges) sur celle du Likoud conduite par « Bibi » Netanyahu. En outre, de nombreux défis attendent le futur chef du gouvernement, dont les négociations de paix avec les Palestiniens, et les relations de l'État hébreu avec la communauté internationale, mises à mal par la poursuite des colonisations et la détérioration des rapports israélo-américains. C'est dans ce contexte que, pour la première fois, une liste de partis arabes israéliens unifiés s'est lancée dans l'aventure des législatives israéliennes, avec pour espoir affiché de jouer un rôle dans l'amélioration des droits des Arabes israéliens, qui affirment être discriminés et traités comme des citoyens de seconde zone.

1 – Pour la première fois, les quatre partis arabes israéliens (les nationalistes de Balas, le Mouvement arabe pour le renouveau, le Mouvement islamique et le parti communiste Hadash) font liste commune. Qu'est-ce qui a changé cette fois-ci ?

C'est un cas d'école de l'arroseur arrosé. Pour tenter de minimiser l'influence des Arabes israéliens, le parti Israël Beiteinou de l'extrémiste Avigdor Lieberman a fait adopter une nouvelle loi électorale, validée par la Cour suprême, qui a élevé le seuil permettant à un parti d'obtenir des sièges à la Knesset. Le nouveau seuil électoral a été fixé à 3.25 % contre 2 % précédemment. Menacés de voir leur représentation disparaître, les différents partis ont réagi en formant la liste commune, alors qu'ils se présentaient précédemment en rangs dispersés (Balad, Hadash, Ta'al...). Cette union a créé une dynamique sans précédent. Ce rassemblement des partis arabes est aussi une réaction à la montée du racisme, la marginalisation et aux insultes dont ont été victimes les députés arabes à la Knesset.


(Lire aussi : Pour les législatives, les Arabes israéliens font front commun)

 

2 – Selon les sondages, les partis arabes, qui habituellement remportent 11 sièges à la Knesset qui en compte 120, pourraient cette année en obtenir 13 à 15, les plaçant en 3e position. Quelles seraient les conséquences d'une telle montée ? Pourront-ils influencer la formation du prochain gouvernement ?

L'Union des partis arabes compte un certain nombre de candidats et de soutiens juifs qui considèrent que c'est un espoir de changement démocratique qui rendrait le système politique israélien plus inclusif et moins ethnocratique. Le journaliste radical Gideon Levy de Haaretz a estimé que cette liste était le seul rayon de lumière dans ces élections et a incité les juifs israéliens à voter pour cette liste et suivre ainsi l'exemple des juifs d'Afrique du Sud qui avaient milité aux côtés de Mandela et de l'ANC, n'hésitant pas à rejoindre le combat des Noirs pour l'égalité des droits. Des juifs comme Joe Slovo, Albie Sachs et Ronnie Kasrils avaient été à l'avant-garde du combat contre l'apartheid.


(Lire aussi : Netanyahu met la barre à droite toute pour les dernières heures de la campagne)

 

3 – Le chef de file de la liste arabe, Ayman Odeh, défend l'idée d'une alliance pour lutter contre les discriminations, le racisme et les inégalités sociales en Israël. Il a prévenu que sa formation ne s'associerait à aucun gouvernement après les législatives, quel que soit le vainqueur du scrutin. Mais pourront-ils néanmoins peser sur la vie politique et sur les droits des Arabes israéliens ?

Un rapprochement avec (le chef du Parti travailliste) Isaac Herzog n'ira pas de soi, même si ce dernier a pu faire quelques appels du pied. Même s'ils ont un intérêt commun à affaiblir (le Premier ministre sortant Benjamin) Netanyahu, Herzog ne pourra probablement pas offrir suffisamment de concessions, et si la liste arabe commune soutient Herzog sans un minimum de garanties, c'est son unité et son avenir qui pourraient être menacés. Un succès de la liste commune représenterait donc une victoire symbolique, mais il sera difficile de transformer cela en véritables acquis politiques. La classe politique et la société israéliennes ont beaucoup glissé vers la droite depuis l'assassinat d'Yitzhak Rabin en 1995. Ce qu'on appelait « le camp de la paix » est complètement moribond. Dans ce contexte, il ne faut pas espérer de changement radical, mais une percée de la liste arabe commune serait un premier pas sur la voie du bouleversement des habitudes et de la construction d'une alternative politique. Il faut d'abord sortir de l'apathie puis imaginer de nouvelles formes d'actions communes de tous ceux, juifs et arabes, qui sont opposés au statu quo. Si le nombre de juifs qui votent pour la liste commune s'avère non négligeable, cela détruira les stéréotypes et ce sera peut-être le début d'une nouvelle donne, un pas important dans le long chemin vers l'égalité des droits.

 

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commentaires (2)

LES ARBRISSEAUX... DANS LES RONCES... S'ÉTOUFFENT !

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 51, le 17 mars 2015

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Commentaires (2)

  • LES ARBRISSEAUX... DANS LES RONCES... S'ÉTOUFFENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 51, le 17 mars 2015

  • Ah la democratie Israelienne!!!! Elle doit faire tant de jaloux a travers le monde Arabe......Une preuve de plus que Israel, contrairement a toute la propagande Anti Israelienne n'est pas le Pays de l'apartheid, loin de la!

    IMB a SPO

    13 h 43, le 17 mars 2015

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