Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Nos lecteurs ont dit... sur la révolution du Cèdre

Invités par « L'Orient-Le Jour » à s'exprimer sur le dixième anniversaire de l'intifada de l'Indépendance, nos lecteurs ont été nombreux à réagir sur courrier@lorientlejour.com ou sur Facebook. La tendance générale est au désenchantement, même s'il reste quand même un fond d'espoir.

La communion libanaise fondatrice de l'unité nationale

Ne faut-il pas admettre que le printemps de Beyrouth, le premier dans le monde arabe, s'est effacé laissant place au désenchantement ? Pourtant le soulèvement du 14 mars 2005 demeure encore inscrit dans les consciences. Le symbole né ce jour-là est irréfragable. La communion physique et spirituelle a cristallisé une attitude collective qui recouvre la variété des opinions et des religions : elle demeure inscrite au cœur de la société. La puissance sociale comme l'immense foule qui la manifestait était naturellement éphémère et fut cause d'une grande illusion pour ceux qui ne virent pas qu'en se retirant, le soulèvement laissait place à une appartenance qui intégrait la diversité et en tirait vigueur. Car le symbole identifie, unifie, révèle et universalise, une fois posé, il ne peut disparaître. En réunissant plus du quart de la population libanaise, l'unité du pays s'est cristallisée et a redonné corps à la nation. Par référence la manifestation a engendré les partis du « 14 mars » qui se veulent porteurs de l'espoir né ce jour-là. Il s'agit de traduire la symbolique issue de la multitude, en somme du peuple, dans des programmes et une idéologie. Mais ce changement de nature est tel qu'il a suscité un désenchantement et il ne pouvait en être autrement. On a cru que « l'esprit » de la communion pouvait s'incarner dans la politique des partis ou que « le Conseil national du 14 mars » pouvait en être le médiateur. Ce fut une erreur dommageable et culpabilisante. Dans l'opinion s'est répandue l'idée d'une trahison et la politique (en démocratie) porteuse des disputes et des rivalités est apparue contraire à la symbolique de l'unité politique. L'œuvre grégaire de la puissance sociale en communion ne peut être comprise ni par une « plate-forme » représentative de la diversité ni par un parti : l'œuvre du symbole n'est pas réductible à l'œuvre politique.
Le dixième anniversaire du « 14 mars 2005 » doit permettre de pleinement comprendre cet évènement fondateur : transformé en sacrifice, l'assassinat de Rafic Hariri a donné corps à la communion de tous comme symbole de l'unité populaire du Liban.
Dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, Durkheim avançait que les effervescences et les transes grégaires généraient en elles l'idée religieuse, que les symboles nés de l'effusion donnaient sens au corps social et faisaient mémoire d'un moment primordial. À l'origine de l'unité du Liban, la place des Martyrs fait mémoire des nationalistes arabes et libanais pendus en 1916 par Jamal Pacha, mais, entre ces deux nationalismes, les points de vue sont opposés. En fait, le « 14 mars » va renouer et amplifier les scènes de liesse de novembre 1943 liées à la proclamation de l'indépendance : suivant la prière lancée par Samir Kassir et Gebran Tuéni et unanimement reprise : « Nous jurons par Dieu tout-puissant, chrétiens et musulmans, de rester unis jusqu'à la fin des temps, pour défendre le magnifique Liban. » Acte de foi, le serment fait du Liban une religion civile et une promesse.

Pr Jacques Beauchard

 

* * *

Dix ans...

Le 15 Mars, La révolution du Cèdre a eu dix ans. En dressant le bilan de ces dix années, on se retrouve les mains bien vides. Que reste-t-il de cette extraordinaire journée du 14 mars 2005 qui a vu un million et plus de Libanais dans la rue brandissant des drapeaux et scandant des slogans de libération et d'unité ? Certes, nous avons pu mettre le Syrien dehors, mais en allant vite le retrouver sur ses propres champs de bataille et en laissant, par nos tergiversations électorales, planer un doute sur notre capacité à gouverner seuls notre pays. Que reste- t-il de la profession de foi de Gebran Tuéni ? Je crois en un pays et une gigantesque photo qui nous regarde du haut d'un immeuble de la place des Martyrs. Que reste-t-il de la fougue du jeune Pierre Gemayel ? Une autre photo souriante qui fait face à la première ? Que reste-t-il de cette promesse de justice faite au souvenir de Rafic Hariri ? un tribunal qui n'en finit plus de constituer des preuves et de reconstituer l'événement et encore une photographie qui trône à Kantari ?
Libanais et surtout vous, les leaders chrétiens du Liban à qui il est demandé d'assurer ne fût-ce qu'un président a la tête de ce pays, où sont ces belles écharpes rouges et blanches que vous avez si fièrement arborées un certain 14 mars il y a dix ans ?

Dolly Talhamé

* * *

À quand le réveil ?

La bouche se met en position, vise et souffle avec une puissance folle , les bougies s'éteignent lentement. Quelques flammes rebelles font encore de la résistance. Puis la dernière s'endort.
On entend alors le claquement des mains, les youyous et les yéyés. Bon anniversaire 14 mars 2005 !
J'aurai préféré n'avoir jamais à célébrer cette funeste date, qui me renvoie à un assassinat abject.
Qui renvoie également à un réveil en sursaut de la nation libanaise. Ce jour où chrétiens et musulmans se sont tenu la main pour réveiller l'esprit du vivre ensemble, pour cautériser les plaies de la guerre civile et réapprendre à se sourire.Ce jour où tous les drapeaux partisans se sont effacés devant le drapeau frappé du cèdre.Ce jour où une foule bigarrée venue de tous les coins et recoins du pays a investi le centre-ville de la capitale. Ce jour où un célèbre journaliste a harangué la foule et a juré avec elle que chrétiens et musulmans resteraient unis quoi qu'il arrive. Mais les drapeaux partisans sont revenus, les clivages se sont accentués et le journaliste a été assassiné.
Au fond personne n'est fautif : nous sommes un pays encore tellement jeune, qui n'en est qu'à ses balbutiements institutionnels. Qui aspire à devenir mais qui n'est aidé par personne. Qui brille à l'échelle de l'individu, que ce soit au Liban ou à l'étranger. Mais collectivement, nous n'existons pas vraiment sur l'échiquier international.
Il faut réveiller ce géant qui est en nous. La bête sommeille depuis trop longtemps. Un formidable potentiel humain, un réservoir de ressources, une population diversifiée : une richesse qu'aucun autre pays ne possède.
Mais une richesse qui dort pour l'instant.
À quand le réveil ?

Karim NAJJAR

 

* * *

Commentaires reçus sur Facebook

Jean-Luc Stavinsky : Faites plutôt donc la révolution du cannabis.

Majida Mehdi : Hahahahaha merci L'Orient Le Jour pour cette belle blague.

George Grad : Cette révolution du concombre nous laisse des artistes comme Fadel Chaker et des philosophes-révolutionnaires comme Farès Soueid et Michel Mouawad.

Rabih Ghorayeb : Rien qu' une bulle médiatique manipulée par la communauté internationale qui nous a tous eus. Le vrai but n'a jamais concerné du tout ni notre indépendance ni de faire un état démocratique, de même pour le printemps arabe d'ailleurs...

Antoine Merhi : Walaw il reste au moins Farès Soueid... et comment ! ! !

Marie-Thérèse Hindy : Rien  ! ! ! Vous plaisantez ! ! vous vous attendiez à quelque chose ?

Teresa Wardé : On a quand même essayé. Nous avons eu de l'espoir...

Pussi Acar-floris : Le drapeau, à la cave.

Zakia Balsfi : Ah bon ? C'est une révolution ?

Gracy Farah : Une occasion ratée et non pas une révolution... Un gâchis ! Quel dommage !

Hany Zorkot : Tous des daechistes, des corrompus et des irresponsables...

Hussein Amer : Oui ,une révolution du « arnabit »,pas du cèdre !

Imad Bourgi : Vous parlez de révolution alors que l'ennemi aux frontières ...

M.A. : Ben... il reste le cèdre presque éternel...

La communion libanaise fondatrice de l'unité nationale
Ne faut-il pas admettre que le printemps de Beyrouth, le premier dans le monde arabe, s'est effacé laissant place au désenchantement ? Pourtant le soulèvement du 14 mars 2005 demeure encore inscrit dans les consciences. Le symbole né ce jour-là est irréfragable. La communion physique et spirituelle a cristallisé une attitude...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut