Le chanteur Fadl Chaker, devenu un fugitif islamiste depuis 2013, a décidé de se rendre aux forces de sécurité de son pays, a affirmé hier son avocate à l'AFP.
Fadl Chaker, passé de la variété arabe aux prêches enflammés du cheikh Ahmad el-Assir, s'était enfui avec son mentor fin juin 2013 après l'attaque de l'armée contre le périmètre de sécurité de Assir à Abra.
« Fadel veut se rendre dans les prochains jours », a déclaré à l'AFP son avocate, Me May Khansa. « Il a coupé, il y a un certain temps, ses relations avec Ahmad el-Assir », a-t-elle précisé.
La peine de mort a été réclamée en février contre les deux hommes par un tribunal militaire pour leur implication dans les affrontements à Abra, durant lesquels 18 soldats et 11 hommes armés avaient été tués.
Ils sont accusés « d'avoir formé des groupes armés » ayant attaqué l'armée, d'avoir tué des militaires, et possédé des armes légères et lourdes, selon l'acte d'accusation.
De son vrai nom Fadl Chmandour, il se cache dans une maison qu'il a achetée récemment dans le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué, d'où il est originaire, ont indiqué à l'AFP des personnes qui l'ont rencontré.
Il a perdu beaucoup de poids après une maladie récente et il s'est rasé la barbe, selon eux.
Il avait débuté en poussant la chansonnette dans des mariages du camp palestinien. Son premier album fut commercialisé au milieu des années 90 et au temps de sa gloire, toutes ses chansons connurent l'engouement du public, jusqu'à ce qu'il mette fin à sa carrière en 2011.
Ses plus grands succès comme Bayyaa al-Qouloub (le briseur de cœur) ou Ya Ghayeb (Toi qui es loin de moi) sont toujours interprétés dans les mariages.
Son immense popularité découlait aussi du fait qu'il militait pour les droits des Palestiniens, et il avait obtenu la citoyenneté d'honneur du président Mahmoud Abbas.
La révolution syrienne en mars 2011 contre Bachar el-Assad a marqué une rupture, et il s'est mis à considérer que chanter était interdit par l'islam.
Il s'est laissé pousser la barbe, puis est devenu l'attraction du petit mouvement mené par le cheikh Assir, devenant ainsi une icône pour certains militants anti-Assad, qui mettaient souvent en ligne des vidéos montrant le troubadour interprétant des chants religieux en l'honneur des rebelles syriens.
Cette année, lors d'une interview à la télévision, Fadl Chaker avait troqué ses chansons d'amour pour l'appel au jihad et à la mort. Cheikh Assir assis à ses côtés, il chantait d'une voix suave : « Dieu invite-moi à rejoindre le jihad (...) Mère ne pleure pas pour moi... Je n'ai pas peur de la mort et mon désir est de devenir un martyr. »
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