Le Liban respire, le Conseil des ministres reprend ses réunions sur une nouvelle base, qui se résume, selon le Premier ministre lui-même, « à un nouvel esprit et une nouvelle approche ». En termes politico-diplomatiques, cela signifie, en gros, qu'on garde le même mécanisme, mais que les ministres feront preuve d'ouverture et de coopération en évitant, sauf cas extrême, d'utiliser leur droit de veto. Cet « accord » non déclaré, qui couronne plus de deux semaines de pourparlers et de conciliabules, montre surtout une chose : que le gouvernement actuel est interdit de démission et que ses membres doivent bon gré mal gré trouver un moyen de coexister et de coopérer pour assurer aux Libanais un service minimal.
Né après dix mois de concertations menées par le Premier ministre désigné et des navettes-éclairs de l'ambassadeur des États-Unis entre Beyrouth et Riyad, le gouvernement dit de « l'intérêt national » a montré ses limites à travers le rôle qui lui a été assigné : maintenir un minimum de stabilité dans le pays, éviter l'effondrement total des institutions et remplir tant bien que mal la vacance au niveau de la présidence pour une durée indéterminée, qui risque encore de se prolonger. En même temps, il est interdit d'aller trop loin dans les ententes et dans les réalisations car le sort du Liban ne peut pas être décidé avant que la situation dans la région se précise. C'est donc dans une sorte d'équilibre précaire que le Liban est appelé à évoluer au cours des prochains mois selon l'équation suivante : ni effondrement ni solution, avec des ambitions sans cesse revues à la baisse.
Cette ambiguïté se reflète ainsi dans toutes les décisions et les actions du gouvernement, ainsi que dans les instructions qu'il transmet à l'armée. Par exemple, le plan de sécurité de Tripoli, qui a mis un terme à des années de confrontations intermittentes, a été soudain appliqué avec un minimum de pertes, les « chefs des axes » ayant été sommés à l'avance de rentrer chez eux. Seuls quelques récalcitrants et têtes brûlées n'ont pas compris le message et ils ont été soit arrêtés, soit tués, alors que les véritables chefs ont pu s'enfuir sans être inquiétés. Même chose à la prison de Roumieh, où, après des mois, voire des années, sous le contrôle des détenus islamistes, le bâtiment « B » a pu être évacué sans problèmes. L'opération avait été qualifiée de grande réalisation. En réalité, elle s'est faite en accord avec les détenus islamistes qui ont dû déménager d'un bâtiment à l'autre, où ils n'ont en principe ni Internet ni téléphones cellulaires, mais où ils continuent d'être sous le contrôle des agents du service des renseignements des FSI (le département des informations) et ne relèvent pas de la direction de l'administration des prisons.
Plus récemment, l'armée libanaise a reçu des instructions claires, après beaucoup d'hésitations et de directives confuses depuis le 2 août 2014, pour fermer autant que possible les brèches le long de la frontière libano-syrienne dans la Békaa, sans avoir pour autant un feu vert pour régler définitivement le dossier de Ersal, où l'armée n'a toujours pas le droit de se déployer, ni bien sûr celui des militaires pris en otage.
La situation de l'armée peut être mieux comprise lorsqu'on évoque les fameux dons saoudiens à son bénéfice. Le don de 3 milliards de dollars avait été annoncé par le président Michel Sleiman en novembre 2013. Indépendamment des raisons invoquées pour justifier le retard dans la livraison des armes, il n'en reste pas moins que l'armée n'a rien reçu depuis bientôt un an et demi alors qu'elle mène des combats féroces dans le jurd contre les combattants jihadistes. Aux dernières nouvelles, les ordres de paiement saoudiens auraient été enfin envoyés à la France et les premières livraisons devraient se faire à partir du mois d'avril. Mais des sources militaires révèlent que ces livraisons devraient prendre du temps car une grande partie des pièces réclamées par l'armée libanaise (notamment des navires militaires) n'existent pas dans les stocks français et doivent être fabriquées spécialement pour le Liban. Les mêmes sources ajoutent que même le second don saoudien d'une valeur d'un milliard de dollars, promis par l'ancien Premier ministre Saad Hariri, n'a toujours pas été dépensé, ni pour l'armée ni pour les FSI ou la Sûreté générale qui, selon une décision du Conseil des ministres, devraient se le partager. Pourquoi tout ce retard ?
Les sources militaires n'ont qu'une réponse : l'armée ne doit pas être en mesure d'éliminer totalement toute menace terroriste, et la plaie de Ersal doit rester plus ou moins ouverte, pas assez pour mettre en danger la stabilité du pays, mais suffisamment pour maintenir la pression sur le Hezbollah au Liban et l'armée syrienne de l'autre côté de la frontière. En attendant, la seule aide matérielle qui arrive à l'armée libanaise vient des États-Unis qui lui donnent régulièrement des équipements dans le cadre d'un programme adopté depuis longtemps.
Les dialogues menés à divers niveaux et entre différentes composantes du pays s'inscrivent aussi dans le cadre de cet équilibre fragile et subtil. Il s'agit donc de consolider autant que possible la stabilité interne, sans pour autant évoquer les questions de fond. Et le dernier communiqué publié à l'issue de la septième séance de dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur ne trompe personne. Il a certes été question du dossier présidentiel, mais sans changement des positions, car l'heure des grandes solutions n'a pas encore sonné. Ni au Liban ni dans la région...
commentaires (10)
En même temps, il est interdit d'aller trop loin dans les ententes et dans les réalisations car le sort du Liban ne peut pas être décidé avant que la situation dans la région se précise ici aussi votre articles est biaiser et subjectif, et cela c'est juste une parmis tant d'autre ... qui interdit les USA? LA FRANCE LES PAYS ARABES? OU BIEN VOS ALLIER L'IRAN .... CAR A KOI GENERAIS LES USA EST CO D'AVOIR UN PRESIDENT AU LIBAN JUSTEMENT QUI LES AIDERA A COMBATTRE DAESH OU MEME AUTRE CHOSE, MAIS MOI JE CONNAIS CES PAYS QUI VOUS NE VOULEZ MENTIONNER .. L;IRAN PQ CAR C'EST UNE CARTE UN ATOUT POUR LES NEGOCIATION AVEC LE VRAIS GRAND SATANT L'IRAN
Bery tus
01 h 32, le 06 mars 2015