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Culture - Trois questions à...

« Le critère de Griffith » : une femme libre se relève quand elle se brise

En physique, le critère de Griffith désigne une contrainte maximale au-delà de laquelle un matériau fragile se rompt. Une installation théâtrale éponyme, mise en scène par Danielle Labaki, mêle danse, vidéo, musique et texte pour parler des femmes, du Liban et d'ailleurs, de leur fragilité, de leurs peurs et, justement, de leur résistance. Caroline Hatem, l'une des trois artistes réunies sur la scène de Station*, se soumet au jeu des trois questions.

Le critère de Griffith parle de la place des femmes, de leur identité et de leur résistance, notamment dans une région comme le Moyen-Orient où leurs droits ne sont pas forcément acquis. Le message que véhicule cette installation théâtrale aurait-il été aussi pertinent dans une autre région du monde ?
Lors des improvisations qui nous tenaient lieu de répétitions, une pensée s'est imposée à nous comme une évidence : des filles comme nous, à une autre époque, auraient été condamnées, brûlées même... Il va sans dire que ce spectacle est plus pertinent dans cette région du monde. Lorsque Danielle Labaki s'est jointe à nous et que nous avons rédigé nos textes, le résultat a dévié et échappé complètement au discours. C'est devenu beaucoup plus complexe, beaucoup plus universel. Les thèmes abordés le sont tout autant : la maternité, le désir d'enfanter, la violence conjugale. Mais ce n'est pas pour autant un spectacle de femmes pour des femmes.

Le critère de Griffith est donc une installation théâtrale avec des vidéos, de la musique, de la danse, etc. Pourquoi avoir choisi cette forme d'expression pluridisciplinaire ?
C'est la particularité de Danielle, elle vient de ce genre d'univers théâtral. Elle a conçu cette installation comme une expérience à partager, à vivre, une expérience qui soit totale. C'est une personne très intuitive, n'aimant pas la linéarité. Partie des textes que nous avons proposés, elle en a fait quelque chose d'extrêmement visuel. Peu de texte, donc. Son travail de direction d'acteurs repose beaucoup sur le corps. Elle a fait un véritable travail de couture, tissant à la fois le sens et le visuel. Pour elle, la sensibilité vient d'une voix, d'un corps, d'une situation, d'une lumière, d'une vidéo et d'une musique. Le critère de Griffith ? Un « patchwork » de cinquante minutes très intenses.

Vous vous définissez comme des sorcières qu'on aurait brûlées à une autre époque, pourquoi ?
Parce que nous sommes différentes, parce que nous pouvons rire à tout moment, parce que nous ne sommes pas très obéissantes. À cause d'une certaine puissance aussi ou d'une extrême sensibilité... Au Liban, j'ai souvent l'impression de ne jamais rencontrer des femmes, de celles qui ne sont pas noyées dans des tabous, qui prennent des risques et avec lesquelles nous pouvons échanger sans complexes...

Wilson FACHE

*Le critère de Griffith sera présenté du jeudi au samedi jusqu'au 14 mars à Station, Jisr el-Wati. Réservations : 03/718286

Le critère de Griffith parle de la place des femmes, de leur identité et de leur résistance, notamment dans une région comme le Moyen-Orient où leurs droits ne sont pas forcément acquis. Le message que véhicule cette installation théâtrale aurait-il été aussi pertinent dans une autre région du monde ?Lors des improvisations qui nous tenaient lieu de répétitions, une pensée s'est...

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