Alors que les premiers assyriens chassés de leurs villages sur le fleuve Khobar commencent à arriver au Liban (voir encadré), le général Michel Aoun a dénoncé hier l'existence d'un « déracinement programmé des chrétiens de toutes les communautés au Moyen-Orient, arméniens, maronites, orthodoxes et coptes.
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) a tenu ces propos devant une délégation de responsables politiques et religieux qui lui rendait visite. La délégation comprenait le secrétaire général du parti Tachnag, Hagop Pakradounian, l'évêque grec-catholique Issam Darwiche (Zahlé), l'évêque Boulos Safar des syriaques-orthodoxes (Zahlé), l'évêque Georges Saliba des syriaques-orthodoxes (Mont-Liban), le chef religieux des coptes-orthodoxes au Liban, Roueiss el-Ourachalimi, le secrétaire général de la Rencontre orthodoxe Marwan Fadel, les anciens ministres Salim Jreissati et Youssef Saadé, le président de la Ligue syriaque Habib Frem et le journaliste Jean Aziz (Rencontre chrétienne).
M. Aoun a jugé « malheureux que des communautés qui se trouvent au Moyen-Orient depuis plus de 2 000 ans en soient ainsi expulsées, cent ans après les massacres de 1915 qui ont touché l'ensemble des chrétiens ».
Les Arméniens et les syriaques commémorent, c'est vrai, le souvenir de la grande et inoubliable épreuve, a souligné M. Aoun, mais très rares sont ceux qui évoquent le déracinement des maronites par la faim, durant la Première Guerre mondiale, alors que les deux drames étaient concomitants.
Le « massacre silencieux » des maronites
Et le chef du CPL de citer à l'appui de ses affirmations une correspondance entre Anouar Pacha, le ministre ottoman de la guerre, et Jamal Pacha, l'administrateur du gouvernement ottoman, dans laquelle le premier assurait au second que son gouvernement « retrouverait sa liberté et sa dignité en éliminant les Arméniens et les Libanais ». Il a même ajouté, paraphrasant la correspondance : « Les Arméniens, nous les avons éliminés par l'épée. Les Libanais, nous le faisons par la faim. »
« Voilà le massacre silencieux qui s'est produit au Mont-Liban, a commenté M. Aoun, et dont personne n'a parlé. On a parlé de la famine provoquée par les sauterelles, en oubliant de parler du blocus alimentaire imposé au Mont-Liban. »
Près de 100 000 personnes en furent victimes, selon les récits d'époque.
Tout en exhortant les puissances occidentales à fournir un plus gros effort d'aide humanitaire en direction des chrétiens chassés de Mésopotamie, M. Aoun les a tancés : « Nous n'avons demandé à personne de nous trouver des pays refuge en Europe ou en Amérique. L'émigration vers ces pays doit être librement choisie. Ceux qui émigrent ne doivent pas être des personnes poussées à l'exode qu'on accepterait d'accueillir en mendiants et en parias. » Et M. Aoun de demander que l'action humanitaire soit axée sur la facilitation de leur séjour au Liban, « le pays le plus proche de leurs terres ancestrales ».
Parallèlement, il a demandé aux autorités libanaises de leur faciliter le séjour au Liban plutôt que de les accabler administrativement et de les persécuter policièrement, « ce qui revient à les expulser une deuxième fois ».
« Certains pays alimentent le feu de la guerre ; que d'autres au moins nous aident à en amortir les effets ne serait-ce que sur le plan humanitaire », a conclu le chef du CPL.
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GÉNÉRALISSIME... FAITES VOTRE MEA-CULPA... CHANGEZ DE BOUSSOLE ET DE VOCABULAIRE... REDEVENEZ CHRÉTIEN... OU TRABA3 3AL KIRSÉ !
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 55, le 05 mars 2015