Paris sceptique sur les chances de de Mistura à Alep

La France est "sceptique" sur les chances de succès de l'émissaire de l'Onu en Syrie Staffan de Mistura, qui veut instaurer une trêve partielle à Alep (nord) en prélude à un règlement politique du conflit, selon l'ambassadeur français à l'Onu François Delattre mardi.

L'ambassadeur, qui préside le Conseil de sécurité en mars, a rendu d'avance le régime syrien responsable d'un éventuel échec. Il a ainsi évoqué "un refus du régime d'accepter les conditions élémentaires pour un accord de gel (des combats à Alep) qui soit acceptable par tous", et en particulier par l'opposition syrienne.
Celle-ci a rejeté le plan du médiateur de l'Onu, plaidant pour une solution globale du conflit en Syrie qui a fait plus de 220 000 morts depuis mars 2011.

"Le Conseil de sécurité, et la France dans ce cadre, soutiennent les efforts de M. de Mistura (...) mais la France demeure sceptique sur la volonté du régime", a déclaré M. Delattre, pour qui Damas "propose des trêves tout en renforçant ses bombardements".

L'ambassadeur a évoqué "le précédent de Homs" (centre de la Syrie), où une trêve humanitaire avait en fait permis aux forces gouvernementales de "marquer un point" contre les rebelles. "Aujourd'hui, nous sommes sceptiques sur la capacité pour Staffan de Mistura d'obtenir sur Alep ce qu'il souhaitait et de construire sur cette base une perspective politique". "Cet objectif semble difficile à atteindre", a-t-il noté.

Interrogé sur une éventuelle solution de rechange, il a estimé que "dès lors que ce chemin d'Alep paraît compromis, il faut travailler à consolider l'unité de l'opposition modérée" et mobiliser les partenaires régionaux et internationaux de la Syrie afin de relancer un règlement politique.

M. de Mistura est attendu mercredi à Paris où il rencontrera le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Le président de la Coalition nationale syrienne (opposition en exil), Khaled Hoja, sera quant à lui reçu jeudi à Paris par le président français François Hollande.
Une délégation de l'équipe de M. de Mistura a entamé mardi une visite à Alep par une rencontre avec le gouverneur de la ville, divisée entre rebelles et forces gouvernementales.