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Liban - Liban

Abou Jamra lance le « Courant indépendant » : rupture institutionnelle avec le CPL ou promesse de réforme ?

Le général Issam Abou Jamra entouré par la majorité des membres du comité politique et fondateur du « Courant indépendant ». Photo Nasser Trabulsi

Après plusieurs mois de préparation pour réunir un nombre minimum de membres fondateurs, le « Courant indépendant » a été lancé hier, à l'initiative de l'ancien vice-président du Conseil, le général à la retraite Issam Abou Jamra. Lors d'une conférence de presse à son domicile, en présence d'une partie des membres du comité politique, M. Abou Jamra a donné lecture des principes fondateurs de ce nouveau courant : « L'allégeance à un État fort, souverain et autosuffisant, capable d'assurer la sécurité à l'intérieur des frontières libanaises, en prenant en compte la présence des déplacés et des réfugiés, et l'enjeu de poursuivre les terroristes ; le refus de toute allégeance à une partie extérieure ; la compétence saine entre les différents partis et catégories ; la séparation de la religion et de la politique ; le vivre-ensemble ; et l'égalité entre hommes et femmes. »

Fait emblématique : le refus par Issam Abou Jamra de répondre, devant les caméras, aux questions des journalistes, écourtant ainsi la conférence de presse. Un signe que ce courant – qui aspire à trouver un équilibre ardu entre un discours nouveau et prometteur, d'une part, et un repositionnement limité, mais nécessaire, avec le Courant patriotique libre (dont ses membres sont issus), d'autre part –, se cherche encore.
Si les conversations à bâtons rompus avec certains membres du comité politique n'ont pas apporté de réponse directe concernant le positionnement politique du « Courant indépendant », certaines prises de position ont été ébauchées dans le discours de lancement du parti : « L'État doit être capable d'empêcher la participation de Libanais, à titre individuel, en groupes ou au sein de partis, dans des combats en dehors du Liban. » Sans préciser toutefois s'il s'agit d'un positionnement dirigé expressément contre le Hezbollah, le général s'abstient même de répondre directement à la question de savoir si son courant pourrait s'aligner sur les positions de l'ancien président de la République, Michel Sleiman, devenu le gardien de la déclaration de Baabda.

« Nos alliés sont les indépendants et non pas les centristes, c'est-à-dire ceux qui ne sont liés à personne », dit-il à L'OLJ, sans toutefois cacher, en réponse à une question, « une certaine proximité avec le président Sleiman ». Interrogé sur l'initiative récente des huit ministres indépendants et Kataëb pour dénoncer la banalisation de la vacance présidentielle, il se contente de constater, en la forme, que cette dynamique « ne constitue pas un parti ou un corps à part. Leur position est circonstancielle, à moins que le président Sleiman ne décide de l'institutionnaliser ». Pourquoi cette réticence à évoquer les alliés du « Courant indépendant » ? « Personne ne déclare ouvertement ses alliances », répond-il, en riant.

Mais la pénurie de mots cesse lorsqu'il s'agit de contester l'ordre politique établi, de se rebeller, de « rester purs », de s'insurger. Le discours de Issam Abou Jamra, l'ancien membre du conseil des sages au sein du Courant patriotique libre, s'adresse ainsi à « ceux qui ont pris conscience de la nuisance de la corrélation entre les partis politiques et des axes étrangers ». Il propose une « tribune » à ces Libanais « sans voix », la « majorité silencieuse », « la troisième voix ».
L'accent est mis par exemple sur le refus du financement extérieur. Tous insistent sur « l'autosuffisance du parti, qui compte sur les versements annuels de ses membres ». Certains déclarent à L'OLJ qu'ils avaient eux-mêmes financé le CPL, dont ils étaient membres. Aucun signe matériel d'exubérance n'est venu démentir hier ces assertions : la conférence de presse, dans le salon restreint de l'appartement du général Abou Jamra, a été suivie d'un cocktail sobre. Les membres du conseil politique ont quitté les lieux en même temps que les journalistes, déclinant une invitation spontanée à déjeuner formulée par leur hôte, que certains appellent « général »... Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il n'y aura pas des élections en bonne et due forme pour désigner la direction du parti.

Rupture avec un CPL « inféodé »
Fondé principalement, donc, par d'anciens cadres du Courant patriotique libre, le « Courant indépendant » est soucieux de démocratiser son exercice intérieur. Il s'adresse aux partisans asphyxiés par une pratique politique contraire à leur engagement initial, « qu'ils soient membres ou non du CPL ».

Mais le courant se veut bel et bien une alternative au CPL, même si ses membres fondateurs « préfèrent ne pas évoquer leur expérience passée ».
Dans son discours, le général Abou Jamra a rappelé ainsi, sans le nommer, que « ce courant que nous avions fondé contre le parti pris extérieur a fini par prêter allégeance à un axe étranger qui ne nous ressemble ni de près ni de loin. L'action que nous avions fondée contre le féodalisme s'est finalement inféodée, en se limitant au cocon familial et se laissant séduire par l'argent. À la compétence comme principe de sélection, s'est substitué l'opportunisme. Ce modèle de démocratie que nous nous sommes efforcés d'établir (à l'intérieur du CPL, NDLR) a été transformé en monopole du pouvoir, comme cela est le cas d'ailleurs dans d'autres partis ».

Dressant par ces mots le bilan de ce qu'il estime être la défaite des principes du CPL et l'impossibilité avérée de les rétablir à l'intérieur, Issam Abou Jamra a ainsi « choisi, avec des camarades de lutte, ayant les mêmes obsessions et la même vision de l'avenir (...), de nous réunir et de nous autonomiser ». Forts de « décennies de lutte pour un Liban indépendant, menée à travers l'armée (qu'il salue à l'ouverture de son allocution) et les institutions (...), nous avons décidé de fonder un nouveau parti avec le souhait qu'il se démarque par son indépendance, ses principes, son objectivité et sa crédibilité... ».

C'est, en somme, en préconisant un éveil politique que le « Courant indépendant » tente d'élargir son discours au-delà de la simple mise en opposition avec le CPL. « La présidentielle est bloquée pendant des mois, par pur arrivisme, et le citoyen ne se révolte pas », a déclaré Issam Abou Jamra, avant de critiquer aussitôt, sur le même ton, la nouvelle rallonge du mandat parlementaire.
Cet équilibre prôné par Abou Jamra saura-t-il séduire les citoyens ?

 

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commentaires (2)

LES STATUTS SONT BONS... CLAIRS ET NETS ! IL RESTE L'APPLICATION ! MAIS... SOUHAITONS... DE TOUTE FAçON... QUE TOUS CEUX QUI ONT UNE GOUTTE D'INTELLIGENCE ET DE DIGNITÉ AU CPL FASSENT LE TRANSFER IMMINENT !!!

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 00, le 02 mars 2015

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Commentaires (2)

  • LES STATUTS SONT BONS... CLAIRS ET NETS ! IL RESTE L'APPLICATION ! MAIS... SOUHAITONS... DE TOUTE FAçON... QUE TOUS CEUX QUI ONT UNE GOUTTE D'INTELLIGENCE ET DE DIGNITÉ AU CPL FASSENT LE TRANSFER IMMINENT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 02 mars 2015

  • Voici Abi-One Ttison qui remet le couvert. A l’ouïr, on est tenté de lui répliquer que du moment où l’on prend ses dires en main, on ne peut pas s’empêcher de rire et même de s’esclaffer. Mais, un de ces jours, promis juré, on espère qu’on les lirait ! Mais l’heure étant grave, on s’est donc astreint à juste les ouïr, ces déclarations. On y apprend que l’enfant de Marj les Ëeïyoûne ignore encore que la majorité de ces Changementalistes sont Réformés, à l’image de ceux boSSfàriens. Qu’il "pouvait comprendre" qu’on accepte des bigaradiers amers pareils face à lui, mais qu’il les préfère mutiques dès lors qu’on y parle de choses enfin "sérieuses" non boSSféràrieniques orangées. Et que lorsque des aussi fourbes que ces talus orangés se camouflent pour l’attaquer "sous couvert de réformés", il se défend, lui l’ébaubi. Ah !, cet "intellect" oranginé amer qui lui fait tant de mal ! Ttison ne les rate donc pas, ces bouffons-là. Il en a même décelé 1 présence en Maronifornie ! D’où son alerte à propos de ces trublions oranges aigris. C’est incroyable qu’on leur donne de l’importance, surtout qu’il doit faire, lui, de la Politique avec subtilité, mahééék yâ hassértéhhh ? Incroyable donc qu’on les ouï, et leur permette de nuire au lieu de leur couper les micros grâce auxquels ils déblatèrent. Ah, cet Abi qu’on se presse d’en rire, de peur d’en pleurer. On se dépêche donc d’en rire, et pas avec lui. Car "On peut rire de tout et de Rien, mais pas avec…. n’importe qui" ; like lui.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 04, le 02 mars 2015

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