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Espionnes mais pas trop : le quotidien schizophrène des femmes agents secrets françaises

"Même quand je fais du shopping, par habitude professionnelle, je m'assure de ne pas être suivie en vérifiant mon reflet dans les vitrines".

Le siège de la DGSE, à Paris. MICHEL CLEMENT/AFP

Vies compartimentées, enfants, conjoints, amis tenus ignorants d'un métier à haut risque : loin des "James Bond girls", des femmes agents secrets des services français décrivent la schizophrénie de leur quotidien dans un étonnant reportage publié samedi en France.

"Espionne ! Le mot affole l'imagination", souligne l'hebdomadaire Madame Figaro, à qui la DGSE, l'équivalent français de la légendaire CIA, a offert un accès exclusif à une quinzaine de ses cadres féminins, dans de strictes conditions de sécurité pour préserver leur anonymat.
Mais plus que les dangers de leurs missions - filatures, écoutes ou autres tentatives d'infiltration à l'étranger - , leurs confidences décrivent aussi la difficulté à concilier des carrières sous le sceau du secret avec la réalité parfois banale de la vie de tous les jours.

"Cette semaine, j'ai oublié trois fois le goûter de ma fille", résume en culpabilisant Anne (ndlr, tous les prénoms ont été modifiés), quadragénaire à la tête d'une équipe de 370 personnes mobilisées lors des attentats de Paris début janvier (17 morts), pour intercepter les communications des auteurs de l'attaque contre le journal satirique Charlie Hebdo. "Mon travail a un impact sur la sécurité du pays. Alors quand je suis au bureau, j'oublie tout. Et ma vie de famille passe souvent au second plan", explique-t-elle.

 

Paranoïa
Avec en sus la vigilance sécuritaire. A 47 ans, dont 23 à la DGSE, Lise dit ainsi imposer "des conditions de sécurité drastiques à ses enfants", qui ont interdiction d'ouvrir à quiconque la porte du domicile. "Même quand je fais du shopping, par habitude professionnelle, je m'assure de ne pas être suivie en vérifiant mon reflet dans les vitrines", ajoute-t-elle.
Au restaurant, Anne s'efforce toujours de n'avoir personne dans son dos: "Mes copains, qui me croient au Quai d'Orsay (ndlr, ministère des Affaires étrangères), me traitent de parano..."

Le secret se cultive au quotidien, le plus dur est de le préserver dans son entourage, ou de gérer l'aveu lorsqu'il survient. "Quand ils étaient petits, mes enfants ne comprenaient pas pourquoi mon téléphone sonnait à n'importe quelle heure", se souvient Jeanne, 48 ans, responsable de service à la direction du renseignement.
Analyste en contre-terrorisme, Clotilde a longtemps caché son métier à son fils "pour éviter qu'il n'en parle à la récréation". "Je lui ai avoué à l'âge de 15 ans. Il m'a répondu scandalisé: +tu m'as menti!+".
Lise évoque un couple d'agents confrontés à la réaction inattendue de leurs trois adolescents qui "ont éclaté de rire". "Ils ne les ont pas crus car leur père bedonnant n'avait pas le physique d'un James Bond".

La DGSE, le plus puissant des services français de renseignement, comptait fin 2013 26% de femmes parmi ses 6 000 employés, rappelle Madame Figaro.

Vies compartimentées, enfants, conjoints, amis tenus ignorants d'un métier à haut risque : loin des "James Bond girls", des femmes agents secrets des services français décrivent la schizophrénie de leur quotidien dans un étonnant reportage publié samedi en France."Espionne ! Le mot affole l'imagination", souligne l'hebdomadaire Madame Figaro, à qui la DGSE, l'équivalent français de la...

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