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Moyen Orient et Monde - Témoignage

« Nous sommes partis en pyjama sans nous retourner, sans nous arrêter... »

Un membre de la Croix-Rouge s’entretenant hier avec un homme de la communauté assyrienne, qui a fui les troubles de Hassaké pour se réfugier dans la ville de Qamichli. Delil Souleiman/AFP

En apprenant que les jihadistes de l'État islamique (EI) approchaient de son village dans le nord-est de la Syrie, Danny Jano a pris la fuite en pyjama, avec sa femme et ses deux filles. Terrorisée, la famille Jano n'avait qu'une idée en tête : gagner un endroit sûr, au plus vite et sans se faire prendre, comme de nombreux autres chrétiens assyriens. Joint par téléphone dans la ville de Hassaké, l'homme de 35 ans a expliqué à l'AFP que les combats avaient commencé lundi à 04h00 du matin. « Nous avons entendu le bruit des armes automatiques et des bombardements pendant sept heures, effrayés, avant de nous décider à abandonner notre maison. »
Le sauve-qui-peut des villageois s'est fait en tracteur et en voiture. « J'ai pris trois enfants sur ma mobylette et j'ai rejoint le convoi, a expliqué Danny Jano, tailleur de profession, précisant qu'il leur avait fallu cinq heures pour faire 30 kilomètres et rejoindre Hassaké. Ce furent les heures les plus longues et les plus difficiles de ma vie car nous avons été la cibles de tireurs embusqués et un mortier a touché une voiture ». « Nous sommes partis en pyjama sans nous retourner, sans nous arrêter, jusqu'à ce que nous soyons arrivés ici. »

« Un massacre »
D'après des militants et des responsables de formations assyriennes, l'offensive de l'EI a fait fuir 5 000 personnes vers les villes de Hassaké et de Qamichli.
De son côté, Yokhana Haroun, chef de la branche syrienne du Parti démocratique assyrien, a affirmé à l'AFP que 1 100 familles avaient pu être logées et aidées. Haroun, qui parlait d'un point de rassemblement pour les réfugiés à Hassaké, a ajouté que « les gens sont arrivés épuisés et dans un dénuement total ». De plus, « c'est un crime contre les assyriens pacifiques. Ils (l'EI) ont brisé la coexistence, la civilisation et l'histoire, et ils nous ont rejetés des siècles en arrière, et la communauté internationale regarde tout cela en silence. C'est un massacre », a-t-il confié.
À Qamichli, au nord-est de la ville de Hassaké et près de la frontière turque, 200 familles ayant fui l'EI ont trouvé un abri temporaire dans des maisons, selon Jean Tolo, un responsable de l'Organisation assyrienne pour les secours et le développement. « Ils sont arrivés dans un terrible état mental », a-t-il expliqué à l'AFP au téléphone, précisant qu'à Qamichli, « cela fait trois jours que des familles arrivent en continu ».
Les assyriens sont environ 30 000 en Syrie, soit 2,5 % du 1,2 million de chrétiens. Ils habitent surtout près de la rivière Khabour, dans la province de Hassaké, divisée entre les forces kurdes et l'EI alors que l'armée loyaliste est présente dans la capitale provinciale. « C'est un crime indescriptible. Ils ont brûlé des maisons, fait sauter des églises, kidnappé nos familles, et tout cela pourquoi ? C'est une question dont je n'ai pas la réponse », assure Danny Jano. Mais, pour se donner du courage, il affirme : « Nous retournerons chez nous. Si ce n'est demain, ce sera après-demain. »

En apprenant que les jihadistes de l'État islamique (EI) approchaient de son village dans le nord-est de la Syrie, Danny Jano a pris la fuite en pyjama, avec sa femme et ses deux filles. Terrorisée, la famille Jano n'avait qu'une idée en tête : gagner un endroit sûr, au plus vite et sans se faire prendre, comme de nombreux autres chrétiens assyriens. Joint par téléphone dans la ville de...

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