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Économie - Devises

La livre turque touche le fond face au dollar, victime de la « guerre des taux »

La livre turque a franchi hier un nouveau plus bas niveau historique par rapport au dollar en franchissant la barre des 2,52 livres (LT) pour un dollar, victime notamment de la « guerre des taux d'intérêt » qui oppose depuis des mois le président turc Recep Tayyip Erdogan à la Banque centrale.

Sur fond de rumeurs persistantes de démission du patron de l’institution financière, la devise nationale (LT) a dévissé dans la matinée sous la barre des 2,52 LT pour un dollar, nouveau record de faiblesse. Archives/Reuters

La « guerre des taux d'intérêt » qui oppose depuis des mois le président turc Recep Tayyip Erdogan à « sa » Banque centrale a provoqué hier une nouvelle dégringolade de la livre turque, qui a atteint un nouveau plancher historique face au dollar.
Sur fond de rumeurs persistantes de démission du patron de l'institution financière, la devise nationale (LT) a dévissé dans la matinée sous la barre des 2,52 LT pour un dollar, nouveau record de faiblesse.
Signe de la nervosité qui a saisi les marchés, la Banque centrale a annoncé quelques heures plus tard qu'elle fixerait désormais « au jour le jour » la quantité de devises qu'elle offre à la vente, « en fonction de la situation du marché des devises ».
Cette annonce a ramené un peu de calme parmi les investisseurs. La livre s'échangeait encore en fin d'après-midi autour de 2,51 LT pour un dollar et de près de 2,82 LT pour un euro, toujours en forte baisse, alors que le principal indice de la Bourse d'Istanbul clôturait la séance en retrait de plus de 2 % juste à 84 147 points.
Déjà affaiblie par la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui raffermit le dollar, la livre turque subit de plein fouet les effets des critiques de plus en plus agressives du pouvoir islamo-conservateur turc contre la prudente politique des taux d'intérêt conduite par le patron de sa Banque centrale, Erdem Basci.
Depuis plusieurs mois, le président Recep Tayyip Erdogan exige de l'institution une baisse drastique des taux d'intérêt pour protéger la croissance avant les législatives du 7 juin prochain. Mais M. Basci s'y refuse tant que l'inflation n'est pas maîtrisée.
L'inflation a atteint en janvier 7,2 % en glissement annuel, et le gouvernement table pour 2015 sur une croissance de 4 %, nettement inférieure aux 8 % de 2010 et 2011.
Mardi, M. Basci a annoncé une nouvelle réduction modérée (de 7,75 à 7,50 % pour son principal taux directeur hebdomadaire), au grand dam du chef de l'État.

« Liquider son pays »
« Dilapider les ressources de la nation par de hauts taux d'intérêt, une forte inflation et une mauvaise conduite des affaires, c'est liquider son propre pays », a martelé vendredi M. Erdogan devant un parterre de gouverneurs.
Mercredi déjà, il avait accusé M. Basci d'être sous « l'influence » de l'étranger, alimentant les rumeurs de démission du patron de l'institution monétaire, l'inquiétude des marchés et la chute de la livre turque.
Pour rassurer les opérateurs, M. Basci a été une nouvelle fois contraint vendredi de démentir toute velléité de départ, alimentée la veille par son absence inopinée à une réunion de travail pour cause de visite médicale.
« J'ai subi des examens médicaux, il n'y a rien de grave. Je suis à mon travail aujourd'hui. Je continuerai à l'exercer de la meilleure façon possible aussi longtemps que l'on m'en confiera la tâche », a-t-il déclaré devant la presse.
Malgré la chute de la monnaie, le gouvernement n'a pas desserré son étreinte sur la banque. Le ministre de l'Économie Nihat Zeybekci a même suggéré de lui imposer « des responsabilités accrues en matière de (défense) de l'intérêt national ».
Son collègue des Finances Mehmet Simsek, qui a la confiance des marchés, l'a vite contredit. Ce bras de fer de plus en plus tendu ne cesse d'inquiéter les investisseurs.
« La livre menace de tomber bien plus bas à cause de ces turbulences politiques et des questions qu'elles posent sur l'indépendance de la Banque centrale », a indiqué à l'agence Bloomberg l'analyste Bernd Berg, de la Société générale à Londres.
Jeudi, le gouvernement a démenti des rumeurs de démission du vice-Premier ministre en charge de l'Économie, Ali Babacan, apprécié des investisseurs.
Dans ce climat, certains analystes redoutent que la banque ne finisse par céder aux pressions du pouvoir politique. « Nous doutons que la Banque centrale puisse réduire beaucoup plus ses taux d'intérêt sans provoquer une réaction des marchés », estimait mardi Neil Shearing, économiste à la firme Capital Economics de Londres.

(Source:AFP)

 

La « guerre des taux d'intérêt » qui oppose depuis des mois le président turc Recep Tayyip Erdogan à « sa » Banque centrale a provoqué hier une nouvelle dégringolade de la livre turque, qui a atteint un nouveau plancher historique face au dollar.Sur fond de rumeurs persistantes de démission du patron de l'institution financière, la devise nationale (LT) a dévissé dans la...

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