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Culture - Expositions

Man Ray, les maths et Shakespeare

Sur les cimaises de la Phillips Collection, « Les équations humaines : un périple des mathématiques à Shakespeare ».

« Fin de partie ».

Ce périple avait été mis au point par Man Ray, le pape américain du surréalisme, dans les années 30 et reste une invite à ce voyage. Il s'agit d'une collection unique en son genre comportant une variété de ses œuvres: 70 photographies, 25 peintures, 8 assemblages qu'il qualifie de «readymades» et 25 modèles mathématiques appartenant à l'Institut Henri Pointcarré. Ce sont là des objets en relief (en bois, plâtre, fils de fer, ficelles) destinés à matérialiser les principales figures de la géométrie et conçus pour en faciliter l'apprentissage, au début du siècle dernier. Pour Man Ray, ils ont été le point de départ de cette série de créations. Le curateur de la Phillips Collection explique que, dans les années 30, un autre grand surréaliste, Marx Ernst, fait découvrir à Man Ray un curieux lot d'objets poussiéreux provenant d'une école supérieure de mathématiques de Paris. Ils fascinent Man Ray. Au-delà de leur fonction scientifique, il leur trouve toute une emblématique humaine et dérivée des usages de la vie quotidienne. Il les photographie selon différents agencements, les peint, en fait des collages et les sculpte.
À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, il retourne dans son pays natal, les États-Unis, et revient à ces figures énigmatiques. Cette fois, elles le conduisent à l'univers shakespearien. Et, comme coulant de source, il compose une trigonométrie narrative évoquant les envolées de Hamlet (octaèdre, rappelant le crâne-méditation), la déroutante complexité de La Nuit des rois (foisonnement de cônes, de cercles et autres triangles) et Jules César (cube découpé et pliage). Les comédies l'inspirent aussi: Tout est bien qui finit bien (file de losanges aériens), Les Joyeuses commères de Windsor, (cylindres élancés et concaves).

À la jonction surréelle de la science et de l'art
C'est certain qu'il a voulu être ludique dans ces compositions et laisser le public se demander qui est qui et qui est quoi. Mais, à cette jonction de la science et de l'art, Man Ray voulait, à travers ce projet surréaliste, créer certaines conditions qui fassent exploser différentes significations et différentes possibilités. L'avis du critique d'art Philip Kenicott: «Si les équations mathématiques définissent dans l'espace une forme tridimensionnelle donnée, les équations humaines recherchent, dans une proximité volatile, les inconnues et les variables.» Et chez les surréalistes, les associations, les détournements, les correspondances sont sans limites. Donc la science n'a pas constitué une barrière pour Man Ray. Il en a fait un outil d'art, opérant ses transformations par ses jeux de lumière alors que le poète surréaliste Lautréamont, dont il dit avoir subi l'influence, chantait les mathématiques à leur état pur dans Les Chants de Maldoror. Il écrivait: «Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon cœur, comme une onde rafraîchissante.» Le surréaliste américain a puisé chez lui ce qui servait son art de la photographie, mettant ainsi en image «chiffres cabalistiques», «équations laconiques» et «lignes sculpturales», chantés par Maldoror.
Man Ray était photographe avant tout puis peintre et cinéaste. Son credo : «Je photographie ce que je ne désire pas peindre et je peins ce que je ne peux pas photographier. » Et avec çà, la bosse des maths dans sa caméra.

Ce périple avait été mis au point par Man Ray, le pape américain du surréalisme, dans les années 30 et reste une invite à ce voyage. Il s'agit d'une collection unique en son genre comportant une variété de ses œuvres: 70 photographies, 25 peintures, 8 assemblages qu'il qualifie de «readymades» et 25 modèles mathématiques appartenant à l'Institut Henri Pointcarré. Ce sont là des...

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