Sûreté alimentaire : l’expérience libanaise au cœur du débat arabe à Beyrouth

Plus de 400 personnalités officielles, économiques et du monde des affaires et de l'industrie alimentaire, étaient présentes hier à Beyrouth au Centre Adnane Kassar pour l'économie arabe, pour l'inauguration du Forum arabe pour la sûreté alimentaire et le contrôle de qualité. Un forum organisé pour la première fois au Liban par l'Union des chambres arabes et l'Union des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture au Liban (CCIAB), avec le partenariat du ministère libanais de l'Économie, l'Union arabe pour les industries alimentaires et le Groupe de l'économie et des travaux. Le forum, dont les travaux doivent se poursuivre encore aujourd'hui pour la deuxième journée consécutive, a revêtu une importance toute particulière, vu l'envergure récemment prise au Liban par le dossier de la sûreté alimentaire et la campagne gouvernementale à ce sujet.
« Il était clair que le Forum arabe sur la sûreté alimentaire devait se tenir cette année à Beyrouth, explique le chef de la CCIAB, Mohammad Choucair, à L'Orient-Le Jour. Le plus important reste la participation au forum de nombreux experts venus d'Europe et du monde arabe, ce qui permettra un échange d'expertise qui profitera surtout aux entreprises et aux commerces libanais qui, malgré toute la campagne qui a été faite et qui était de mise, ont souvent réussi à s'exporter à une échelle régionale et internationale. Au terme du forum, les pays arabes devraient aboutir à une politique claire en ce qui concerne la sûreté alimentaire, et qui consacre la collaboration entre les secteurs privé et public. » Des affirmations reprises par le secrétaire général de l'Union des chambres arabes, Imad Chéhab, qui a assuré que ce forum est innovateur. « Nous avons beaucoup travaillé pour lui conférer une envergure arabe et internationale, a-t-il déclaré à L'Orient-Le Jour. Il s'agit d'un sujet qui intéresse l'ensemble des pays du monde arabe, et d'importants sujets seront exposés lors de ce forum ainsi que les pratiques les plus récentes en matière de sûreté alimentaire et les pratiques légales et techniques nécessaires. Le Liban pourra vraiment en profiter pour améliorer la qualité de son industrie et les mesures de protection du consommateur pour encourager l'exportation, et le réseautage entre les participants et experts qui se fera en marge du forum ouvrira de nouvelles opportunités aux commerces libanais. »
Si les tables rondes qui se tiendront aujourd'hui dans le cadre du forum se pencheront sur des success stories arabes en ce qui concerne le contrôle de qualité, ainsi que l'agenda du secteur public en matière de sécurité alimentaire, avec des interventions du ministre de la Santé Waël Bou Faour, du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk et du député Yassine Jaber, membre de la commission parlementaire de la Santé, le premier jour du forum a surtout mis l'accent sur l'aspect légal de ce dossier, insistant sans surprise sur le côté libanais : un premier panel dirigé par le secrétaire général du Conseil de l'unité économique arabe Mohamamd el-Rabih, et comprenant une allocution du ministre du Tourisme Michel Pharaon, et un second panel dirigé par le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb. Pendant la journée, des intervenants arabes ont eu leur mot à dire sur le sujet, même si le débat n'était pas ouvert au public. Les panels ont rappelé qu'au Liban la loi sur la sûreté alimentaire est en voie d'être approuvée et qu'une institution centrale de régulation devrait de ce fait être créée, même si des représentants de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) ont noté qu'un tel organisme nécessitera dix ans pour devenir véritablement effectif, selon les chiffres de l'Onu.

« Un dossier vital », rappelle Salam
Le forum avait été ouvert dans la matinée en présence du Premier ministre Tammam Salam, du ministre de l'Économie Alain Hakim, du ministre Mohammad Machnouk, le président honoraire de l'Union générale des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture des pays arabes Adnane Kassar, de Mohammad Choucair, du président de l'Union arabe pour les industries alimentaires Haytham el-Jafan, de l'ambassadrice de l'Union européenne Angelina Eichhorst, et du ministre Bou Faour qui avait assuré lors du lancement du forum il y a quelques jours que « l'expérience libanaise est devenue un exemple pour le monde arabe ».
Dans son allocution, Tammam Salam a salué la tenue de ce forum, « le thème étant vital et ayant des répercussions aux niveaux sanitaire, touristique, industriel et économique ». « Après des années de crises politiques, le secteur alimentaire est l'un des secteurs qui ont le plus souffert du relâchement de la poigne de l'État, ce qui a nécessité du cabinet le lancement de la campagne de sûreté alimentaire et la lutte contre la corruption », a ajouté le Premier ministre qui a salué l'adoption de la loi en question au sein des commissions et la proposition des ministères de la Justice et de la Santé, afin de mettre en place un parquet sanitaire. Il a enfin réitéré son appel à l'élection d'un président.
De son côté, Haytham el-Jafan a indiqué qu'environ 145 produits arabes ont été refusés d'entrée en 2014 aux États-Unis. Adnane Kassar a toutefois noté que la proportion relative aux produits libanais parmi ces produits était heureusement l'une des plus faibles. Quant à Angelina Eichhorst, elle a salué les efforts déployés par le cabinet Salam en ce qui concerne ce dossier, affirmant toutefois qu'« il reste beaucoup à faire et l'UE est prête à aider ».

La campagne Bou Faour : nouvelle liste de produits