Le Liban semble condamné à vivre dans l'attente, avec un minimum de stabilité, d'institutions étatiques qui fonctionnent au ralenti, quand elles ne sont pas carrément paralysées. Même l'émissaire français Jean-François Girault chargé de débloquer le dossier présidentiel a visiblement mis en veilleuse sa mission et tous ceux qui l'ont rencontré au cours de sa dernière visite à Beyrouth précisent qu'il n'avait en réalité aucun élément nouveau, se contentant de répéter à ses interlocuteurs libanais ce que lui avaient dit les Iraniens et les Saoudiens sur la nécessité d'une entente entre les Libanais, sachant que sur les dossiers décisifs, celle-ci est impossible sans un push régional.
La situation évolue donc dans un cercle vicieux que le CPL et les Forces libanaises ont tenté de briser en essayant d'établir un dialogue entre eux dans l'espoir de parvenir à un compromis. Mais en dépit des nombreuses rencontres entre le représentant du général Michel Aoun, le député Ibrahim Kanaan, et celui du chef des Forces libanaises, Melhem Riachi, il est de plus en plus clair que le fossé est profond entre les deux partis et entre leurs deux chefs. En dépit des déclarations positives des deux camps, il semble qu'ils ne sont pas arrivés à une entente sur des idées générales qui portent sur le rôle des chrétiens, au Liban et dans la région. Selon certaines informations recoupées, la déclaration d'intentions qui devrait couronner la première étape du dialogue bute encore sur la question des armes du Hezbollah et sur la présence militaire de ce dernier en Syrie. En principe, Michel Aoun et Samir Geagea devraient se rencontrer pour annoncer cette déclaration une fois qu'ils se seront mis d'accord sur son contenu.
Annoncée depuis le début de l'année 2015, cette rencontre est sans cesse reportée, faute d'une entente réelle entre eux. Selon les sources des deux camps, les divergences ne portent pas seulement sur la vision politique générale et sur les approches régionales différentes. Elles sont aussi dues à une profonde crise de confiance entre les deux hommes. De plus, et c'est là le plus important, le dossier présidentiel continue à les diviser. Pourtant, tous les deux sont conscients du fait que la base chrétienne n'attend pas d'eux une déclaration politique sur des principes généraux, comme il y en a déjà tant au Liban, publiées à différentes étapes de la vie du pays. Elle attend d'eux une solution pour l'impasse présidentielle. Or, dans ce domaine, aucun progrès n'a été enregistré. Pour ne pas parler d'échec, les représentants du CPL et des Forces libanaises, qui continuent de se réunir régulièrement, préfèrent déclarer que le sujet n'a pas encore été réellement abordé en profondeur. Mais en réalité, le terrain a été tâté, sans percée significative. Le général Aoun est clair : il estime qu'il est le plus habilité à devenir président de la République, d'abord parce qu'il préside le plus grand bloc parlementaire chrétien et la formation populaire la plus représentative à ses yeux de la communauté chrétienne, ensuite parce qu'il a pratiquement des relations acceptables avec toutes les composantes de la société libanaise et, enfin, dans cette période particulièrement grave pour la présence des chrétiens dans la région, il estime important de leur transmettre un message fort, en élisant un président capable d'instaurer un partenariat véritable avec les autres composantes de la société libanaise. Ce qui serait de nature à leur redonner confiance dans l'avenir de leur présence dans la région.
Toute formule de compromis aboutirait au contraire à augmenter le sentiment d'inquiétude pour l'avenir chez les chrétiens et augmenterait leur souci de se procurer un autre passeport, pour mettre un pied à l'étranger. Aoun a donc saisi l'opportunité qui était ouverte par les conseils à la fois internes, régionaux et internationaux, adressés aux chrétiens de s'entendre entre eux pour tenter de convaincre le chef des Forces libanaises de l'importance d'élire un président chrétien représentatif de sa communauté, en l'occurrence lui. En même temps, le fait d'entamer un tel dialogue avec Samir Geagea consacre ce dernier comme l'autre « homme fort » des chrétiens et le place dans une situation de présidentiable, tournant ainsi la page du passé. Les autres parties chrétiennes ne s'y sont d'ailleurs pas trompées, puisqu'elles ont commencé à protester contre le fait que les chrétiens sont en train d'être réduits au duo Aoun-Geagea. En même temps, les autres composantes du paysage politique et confessionnel libanais ont commencé à grincer des dents. Elles auraient pu ne pas le faire car il apparaît de plus en plus clairement qu'entre le général Aoun et le chef des Forces libanaises, le temps de l'accord sur le dossier présidentiel n'est pas arrivé. Les sources proches des Forces libanaises précisent ainsi que Geagea n'a pas été convaincu par la vision de Aoun et s'il faut s'entendre sur un président « fort », il correspond lui aussi à cette définition et, dans ce cas, pourquoi ne serait-il pas lui, le président? De plus, même s'il devait accepter Aoun pour président, il aurait besoin de garanties de la part de ce dernier et de ses alliés, en raison du passif qui existe entre eux et surtout parce que la confiance entre eux est au point zéro...
Pour toutes ces raisons, les milieux politiques affirment qu'il ne faut pas attacher trop d'espoirs sur le dialogue en cours entre le CPL et les Forces libanaises. Et même si ce dialogue devait aboutir, il se trouverait immédiatement quelqu'un, au Liban ou dans la région, pour l'entraver ou pour stopper ses effets. Les Libanais devront donc se contenter d'attendre les développements régionaux et internationaux en espérant que le gouvernement recommencera à se réunir pou éviter le vide quasi total.
Liban - Décryptage
Confiance zéro...
OLJ / Par Scarlett HADDAD, le 25 février 2015 à 00h00
commentaires (8)
Rien de nouveau sous le soleil ! Les choses ne prendront de l'importance que le jour ou le pharAounesque president prendra le pouvoir au Liban en temps qu'homme fort et imposera aux autres acteurs loosers et defaitistes le nouvel ordre pour le Liban , debarasse des alliances traditionnelles qui nous ont conduit a cette situation dramatique d'avoir a supporter encore les bacteries d'une grippe eternelle venue de binsaoudie aux ordres des sionistes malfaisants et nefastes a la region .. Nothing less ...
FRIK-A-FRAK
16 h 20, le 25 février 2015