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À La Une - Crise

Pour Washington, l'Iran a "contribué" à la chute du pouvoir au Yémen

Une ressortissante française enlevée à Sanaa.

S'exprimant devant des parlementaires américains, le secrétaire d'Etat John Kerry a affirmé, mardi 24 février 2015, que le soutien apporté par l'Iran aux Houthis avait "contribué" à leur avènement et à la chute du gouvernement yéménite en janvier. AFP/MANDEL NGAN

Une Française a été enlevée mardi au Yémen, pays de la Péninsule arabique où le président tente de reprendre la main face à une milice chiite qui a pris le contrôle de la capitale avec le soutien de Téhéran, selon Washington.

La ressortissante française, âgée de 30 ans a été interceptée avec son accompagnatrice yéménite par des hommes armés alors qu'elles se trouvaient à bord d'un taxi dans la capitale Sanaa. Elles ont été conduites vers une destination inconnue, selon le ministère français des Affaires étrangères. "Nous demandons que sa libération intervienne dans les meilleurs délais, nous cherchons à la localiser", a déclaré le président français François Hollande.

La capitale du Yémen est contrôlée par la milice chiite des Houthis qui y sont entrés en septembre. En janvier, cette milice a renforcé son emprise sur Sanaa et la plupart des pays occidentaux, dont les États-Unis et la France, ont depuis fermé leurs ambassades et appelé leurs ressortissants à quitter le pays qui reste, par ailleurs, une zone d'activité importante pour el-Qaëda.

S'exprimant devant des parlementaires américains, le secrétaire d’État John Kerry a affirmé que le soutien apporté par l'Iran aux Houthis avait "contribué" à leur avènement et à la chute du gouvernement yéménite en janvier. L'appui que Téhéran a fourni aux miliciens chiites s'est avéré "crucial", a-t-il dit, ajoutant toutefois que les Iraniens avaient aussi été "surpris par les événements" et qu'ils "souhaitent que s'instaure un dialogue national".

 

(Lire aussi: Hadi s'en va défier les houthis... à Aden)

 

Ayant fui samedi dernier Sanaa, où il était en résidence surveillée, le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi tente de reprendre l'initiative depuis Aden, la grande ville du sud et fief de ses partisans.
Il a mis fin mardi au flou entourant sa démission, annoncée avec fracas en janvier alors que sa résidence de Sanaa était encerclée par les Houthis. M. Hadi, âgé de 69 ans, a finalement "retiré" cette démission présentée au Parlement, a annoncé l'un de ses assistants à Aden. Réagissant à cette décision, les Houthis ont dénié toute légitimité à M. Hadi et appelé les pays étrangers à "ne pas traiter avec lui", affirmant qu'il serait poursuivi par la justice yéménite.

 

Soutien des pays du Golfe 

L'installation du chef de l'Etat à Aden "brise une dynamique" engagée la semaine dernière "via le dialogue" entre les partis et les Houthis "avec le soutien de l'envoyé spécial de l'ONU", relève Laurent Bonnefoy, professeur à Sciences Po à Paris et spécialiste du Yémen. M. Bonnefoy faisait référence aux progrès annoncés par l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar, dans la recherche d'une solution politique à la crise, alors que les Houthis semblaient être convaincus d'avoir écarté définitivement M. Hadi du pouvoir.
"Le retour de M. Hadi dans le jeu (politique) génère une confusion que la communauté internationale va avoir bien du mal à gérer", ajoute-t-il.

 

(Lire aussi: Assiégé par les Houthis, le président Hadi s'enfuit à Aden)

 

Mais, dans son retour sur la scène politique, M. Hadi semble avoir plusieurs atouts en main. Il reste le président légitime du Yémen aux yeux des voisins immédiats qui ont rejeté "le coup d’État" des Houthis, accusés d'entretenir des liens avec l'Iran chiite. Ainsi, les six monarchies sunnites du Golfe -Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Oman, Qatar, Koweït- ont salué la fuite de M. Hadi de Sanaa, évoquant "un pas important qui affirme sa légitimité". Le Conseil de sécurité de l'ONU avait déjà sommé le 16 février les Houthis de "retirer leurs forces des institutions de l'Etat".

 

(Lire aussi : Pour calmer les monarchies du Golfe, les Houthis promettent de lutter contre el-Qaëda)

 

M. Hadi a également gagné en popularité auprès des Yéménites de confession sunnite, comme en témoignent des manifestations de soutien à Sanaa et dans d'autres villes du centre et du sud. Alors que les chiites représentent environ un tiers de la population, les déclarations du président sont de nature à alimenter la résistance de l'administration à ces miliciens perçus comme des intrus.

Les Houthis ont sommé les ministres du gouvernement démissionnaire de reprendre du service, n'hésitant pas à les menacer de procès pour "haute trahison", sans obtenir de réponse positive. Le retour sur la scène de M. Hadi, originaire du sud, "conduit pour une part à entériner une division Nord/Sud qui se double d'une division confessionnelle", estime M. Bonnefoy.

 

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Une Française a été enlevée mardi au Yémen, pays de la Péninsule arabique où le président tente de reprendre la main face à une milice chiite qui a pris le contrôle de la capitale avec le soutien de Téhéran, selon Washington.
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