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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Rania Abouzeid, reporter libano-australienne, primée pour son travail de terrain en Syrie

Coupures d'électricité, crise économique, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

La journaliste libano-australienne Rania Abouzeid. Photo fournie par Rania Abouzeid

«Des journalistes qui ont risqué leur vie en 2014 pour couvrir l'épidémie Ebola, qui sont remontés à l'origine de la montée de l'État islamique (EI) et qui ont dévoilé les rançons secrètes versées pour la libération des otages font partie des lauréats du 66e prix George Polk, un prix annuel remis par l'Université de Long Island (LIU).» C'est en ces termes que, le 15 février dernier, la LIU a annoncé les noms des journalistes lauréats du prestigieux prix fondé en 1949 à la mémoire de George Polk, correspondant de CBS assassiné pendant la guerre civile grecque.

Parmi les lauréats de cette année, Rania Abouzeid, une Libano-Australienne. C'est elle qui est remontée à l'origine de l'EI et qui a remporté le prix George Polk dans la catégorie meilleur reportage à l'étranger.
La LIU décrit l'article de Rania Abouzeid (The Jihad Next Door: The Syrian Roots of Iraq’s Newest Civil War), publié en ligne le 23 juin 2014 par Politico Magazine, comme étant «un récit approfondi et fiable sur la montée de l'EI». Pour que ce récit voie le jour, Rania Abouzeid a fait, début 2014, trois voyages en Syrie. À cette période, les rebelles syriens et le Front al-Nosra combattaient les miliciens de l'EI dans le nord. «Le champ de bataille était très fluide et confus à l'époque, explique Rania Abouzeid à L'Orient-Le Jour. La Syrie est une histoire extrêmement difficile à couvrir, en raison du risque d'enlèvement et du fait que c'est une guerre violente.»

Rania Abouzeid, 40 ans, est dans le métier depuis maintenant 15 ans. Avant d'être journaliste indépendante, elle a notamment travaillé pour Time, couvrant principalement l'Irak, le Pakistan, l'Égypte et la Tunisie. Pour se rendre en Syrie, alors en pleine guerre, elle a pris des mesures de sécurité qu'elle ne peut dévoiler. «J'ai pris des risques calculés grâce à mon expérience dans la couverture des conflits», précise-t-elle toutefois.

Pour réaliser son reportage, Rania Abouzeid a interviewé plusieurs figures du jihadisme en Syrie. Elle rencontre notamment Abou Othman, à Kassab, en Syrie, près de la frontière turque. Il faisait partie des 300 islamistes transférés à Sednaya (nord de Damas) en 2011. Lorsqu'elle le rencontre en 2014, il est combattant membre du Front al-Nosra et juge au tribunal de la charia. Elle rencontre aussi Abou Ratib, un émir de Idlib (nord-ouest de la Syrie). Elle voyagera notamment avec lui, dans sa voiture, accompagnée de deux hommes armés du Front al-Nosra. Abou Ratib la conduit chez lui où elle rencontre son épouse et ses enfants. Plus tard, Abou Ratib sera tué. La journaliste interviewe également un ancien émir de l'EI d'un village près de Raqqa.

Le résultat de ce travail en profondeur, six pages de reportage, un format particulièrement long, publiées online. «Je crois qu'il y a toujours une place pour le journalisme de terrain en profondeur. Il est de notre devoir en tant que journalistes de plonger dans une histoire et de présenter, autant que possible, un reportage rigoureux et objectif», affirme Rania Abouzeid.

La jeune femme, qui a grandi en Australie, affirme que le fait d'être aussi libanaise l'a aidée à faire ce reportage «parce que je parle la langue, je comprends la culture, je connais l'histoire et le contexte dans lequel les évènements se déroulent». Pourquoi avoir choisi de couvrir les événements au Moyen-Orient? «Je considère que c'est un privilège et un honneur de couvrir une région que j'aime, ma patrie ancestrale et le lieu où se trouvent mes racines. Je suis occidentale de par mon éducation, mais mes valeurs et mes racines sont orientales. Si je peux utiliser cela pour aider à expliquer les immenses changements historiques qui ont lieu au Moyen-Orient à un public occidental, alors je suis heureuse de le faire.»

Le 10 avril prochain, au cours d'une cérémonie à l'hôtel Roosevelt à Manhattan, Rania Abouzeid ainsi que des journalistes du New York Times, du Washington Post, du Chicago Sun-Times, du Seattle Times, du Miami Herald et bien d'autres recevront leur prix en reconnaissance de leur travail. «Les lauréats de cette année sont de véritables héros qui ont risqué leur vie en dévoilant la vérité derrière certaines histoires des plus incroyables de 2014, et nous saluons leur courage et leur détermination», écrit Dr Kimberly R. Cline, président de LIU. «C'est un immense honneur de recevoir ce prix », affirme Rania Abouzeid déjà récompensée par le passé pour son travail.

La journaliste tient toutefois à souligner que la Syrie ne se résume pas à l'EI et au Front al-Nosra. «Nous ne devons pas perdre de vue l'immense souffrance et le désastre humanitaire qui exigent et méritent notre attention.»


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