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À La Une - Terrorisme

Le Royaume-Uni se demande comment empêcher les jeunes filles de rejoindre l'EI

En vertu d'une nouvelle loi, les passeports des Britanniques suspectés de vouloir partir dans les territoires contrôlés par l'EI peuvent désormais être saisis.

Une photo de Shamima Begum, 15 ans, Kadiza Sultana, 16 ans, et Amira Abase, 15 ans, avant de prendre un vol vers la Turquie pour rejoindre les jihadistes en Syrie. Photo Reuters

Le Royaume-Uni s'interrogeait dimanche sur les moyens d'empêcher la radicalisation de jeunes femmes, après le choc provoqué par le départ cette semaine vers les territoires contrôlés par le groupe État islamique (EI) de trois adolescentes de "bonne famille".

Mardi, Shamima Begum, 15 ans, Kadiza Sultana, 16 ans, et Amira Abase, 15 ans, se sont envolées pour Istanbul dans un avion de Turkish Airlines, probablement pour rejoindre l'EI en Syrie.
Profondément ébranlées, leurs familles qui n'avaient rien vu venir ont lancé des appels émouvants samedi, suppliant leurs filles de revenir en Angleterre.

"C'est extrêmement inquiétant et nos autorités feront tout leur possible pour aider ces jeunes filles", a réagi le Premier ministre britannique, David Cameron.

(Pour mémoire : Aafia Siddiqui, ou la "Lady el-Qaëda" qui risque de devenir "Lady État islamique")

Selon la police britannique, ces lycéennes, toutes trois de "très bonne famille" et considérées comme de "bonnes élèves" auraient suivi l'exemple d'une de leurs amies partie en décembre rejoindre l'EI. L'une d'entre elles aurait également été en contact sur Twitter avec Aqsa Mahmood, qui a quitté Glasgow en novembre 2013 pour la Syrie et est depuis soupçonnée d'essayer de faire des émules.

"Nous savons que son action sur les réseaux sociaux est régulièrement suivie et contrôlée" par la police, a déclaré à la BBC l'avocat de la famille d'Aqsa, Aamer Anwar. Avant de mettre en cause l'efficacité de leur action: "Si elle entre en relation avec d'autres jeunes et essaye de les recruter, (les parents d'Aqsa) se demandent ce que font les services de sécurité dans ce pays".

Pour Sayeeda Warsi, ex-secrétaire d'État au ministère britannique des Affaires étrangères, "il devient de plus en plus évident que les gens ne sont pas radicalisés dans les lieux de culte mais dans leurs chambres en surfant sur internet". "L'une des choses pour lesquelles l'EI est incroyablement doué est l'utilisation d'internet et des réseaux sociaux pour diffuser sa propagande", a ajouté sur la chaîne Sky News, cette musulmane qui avait claqué la porte du gouvernement l'été dernier pour protester contre la politique du gouvernement sur Gaza.

Il est effectivement très facile de trouver ce genre de propagande en ligne, et il faut la contrer bien plus efficacement, estime Ross Frenett, expert sur les questions d'extrémisme à l'Institute for Strategic Dialogue.
"Nous devrions faire en sorte que certaines écoles mettent plus l'accent sur le développement de l'esprit critique", a-t-il ajouté dans un entretien avec l'AFP.

(Lire aussi : Quand l'EI utilise des femmes pour recruter)


"Épouvantable culte de la mort"

Cet expert, co-auteur d'un rapport sur les femmes parties rejoindre l'EI, n'est pas surpris par le départ de ces trois jeunes filles jugées bien intégrées. Les gens touchés par l'extrémisme sont "en quête d'un sentiment d'appartenance et d'une identité", ce qui arrive souvent à "des personnes aisées et très bien adaptées à la société", affirme-t-il.
Dans ce contexte, les familles jouent un rôle "clef" pour dissuader les jeunes filles de partir, selon lui. Et "l'État doit faire bien plus pour renforcer la capacité des familles à reconnaître les signes" d'une radicalisation.

"Nous avons tous un rôle à jouer pour empêcher que des gens aient leur esprit empoisonné par cet épouvantable culte de la mort", a quant à lui reconnu David Cameron, appelant "chaque école", "chaque université" et "chaque communauté" à prendre ses responsabilités.

(Lire aussi : Bientôt, les femmes jihadistes mèneront de vrais attentats...)

En vertu d'une nouvelle loi, les passeports des Britanniques suspectés de vouloir partir dans les territoires contrôlés par l'EI peuvent désormais être saisis -mais ces trois adolescentes, scolarisées à la Bethnal Green Academy, dans l'est de Londres, n'avaient pas été jugées à risque.
Le gouvernement britannique compte par ailleurs adopter d'autres mesures pour accroître les contrôles aux frontières.

La compagnie aérienne Turkish Airlines s'est quant à elle dédouanée de toute responsabilité, affirmant, dans un communiqué, que son rôle consistait à vérifier les visas des passagers et que les questions de sécurité avant le vol relevaient des autorités officielles de l'aéroport.
La plupart des grandes compagnies aériennes autorisent les enfants non accompagnés à partir de l'âge de 12 ans.

Selon les experts, quelque 550 femmes originaires des pays occidentaux seraient parties rejoindre l'EI, dont une cinquantaine de Britanniques.


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