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Moyen Orient et Monde - Les lettres de Jacqueline A.

À l’attention de M. Strauss-Kahn,

Oubliés les décapitations et autres assassinats sordides, les bombardements et atteintes aux droits de l'homme, de la femme, de leurs enfants voire de leurs chiens. Finies les diatribes contre les politiques économiques qui appauvrissent les pauvres et enrichissent les riches.
Cette semaine, ma fille a lâché tous ses chevaux de bataille. Pas son téléphone. Elle arrive à la table du petit déjeuner un reflet bleu dans les yeux. Et calme. Si calme. Trop calme.
Au début, je ne vous cache pas avoir apprécié cette nouvelle humeur. Ma fille a un caractère quelque peu volcanique. Puis j'ai fini par m'inquiéter.


Un matin, alors qu'elle essayait d'attraper la boîte de ChocoPops dans le placard au-dessus du frigo, j'ai jeté un coup d'œil à l'écran de son téléphone pour voir ce qu'elle lisait. Procès Carlton, Dominique Strauss-Kahn.
Après son départ, j'ai filé chez ma cousine qui habite en haut de la rue, son mari m'a allumé l'ordinateur et j'ai lu. Vous allez probablement trouver cela un peu mesquin, mais j'ai voulu prendre ma revanche.
Il se trouve, M. Strauss-Kahn, que ma fille a tendance à me faire la leçon sur tout ce qui concerne la marche du monde. Le pire n'est pas là. Le problème, le vrai, c'est son attitude quand je l'interroge sur ladite marche du monde. Neuf fois sur dix, elle lève les yeux de son téléphone et me fixe en silence le temps d'estimer si l'énergie qu'elle va devoir dépenser pour éclairer la lanterne de sa vieille mère en vaut vraiment la peine.
Alors j'ai pris les devants, bien décidée à lui clouer le bec à la bêcheuse.


Votre dossier, je l'ai vraiment étudié M. DSK, j'ai même fait des petites fiches, avec surlignage des idées maîtresses au stabilo jaune. Un vieux réflexe. J'ai été enseignante à Paris puis à Beyrouth.
Pour être honnête avec vous, à la troisième affaire, je me suis demandée si je n'aurais pas plutôt dû me lancer dans le décryptage de la politique monétaire européenne ou le sens profond de la parousie.
Mais je me suis accrochée.
Sur l'affaire de la femme de ménage du Sofitel, j'avais déjà les grandes lignes. Sur votre relation avec Anne Sinclair... Comment vous dire ? Après lecture de ce dossier, mon ex-mari est presque remonté dans mon estime. Presque.
Puis je suis arrivée à l'autre hôtel, le Carlton.
Mon Dieu quel déballage.


Le lendemain matin, au petit déjeuner, j'ai attaqué bille en tête.
« Ma chérie, personnellement, je pense qu'un homme comme M. Strauss-Kahn, avec un mode de vie si dissolu, n'aurait pas mérité d'être président. »
Elle a levé la tête, m'a fixée. Mais dans ses yeux, il n'y avait pas cette supériorité lassée, plutôt une forme d'incrédulité.
Je me suis engouffrée dans la nouveauté. « Personnellement, je pense qu'un homme qui se comporte comme il le fait avec les femmes ne devrait pas accéder à un tel poste à responsabilité. »
Elle a posé son téléphone, a inspiré et m'a envoyé un tsunami de mots au visage.


Je ne pourrais vous retranscrire avec exactitude sa tirade, mais grosso modo, ça donnait quelque chose comme ça :
« DSK est un libertin maman. Et qu'il soit libertin, qu'il ait un goût pour la sodomie et les pratiques sexuelles en "isme", du frotteurisme à l'échangisme, ne nous regarde pas. Mais si l'on veut parler de ce procès, parlons prostitution, pouvoir, droit vs morale, loi vs vertu, que sais-je ! Et au-delà de ça, ma chère maman, on s'en fout de cette histoire face à tout ce qui se passe dans le monde, ces décapitations et assassinats sordides, ces bombardements et atteintes aux droits de l'homme, de la femme et des enfants, ces politiques économiques qui appauvrissent les pauvres et enrichissent les riches ! »
Comment vous expliquer M. DSK... Elle m'a lessivée. En même temps, devant une telle plaidoirie – elle est avocate ma fille – devant le réveil du volcan, j'ai presque souri.

Jacqueline A.

 

Voir aussi la précédente lettre de Jacqueline A.

 

 

Oubliés les décapitations et autres assassinats sordides, les bombardements et atteintes aux droits de l'homme, de la femme, de leurs enfants voire de leurs chiens. Finies les diatribes contre les politiques économiques qui appauvrissent les pauvres et enrichissent les riches.Cette semaine, ma fille a lâché tous ses chevaux de bataille. Pas son téléphone. Elle arrive à la table du petit...

commentaires (3)

DSK doit pouvoir vivre la vie qu'il veut si il ne s'impose pas aux femmes avec qui il a une relation il est evident qu'il n est pas un entremetteur qui gagne de l'argent en faisant travailler des femmes mais de la a dire qu'il ne savait pas que ces filles etaient payees il y a loin

LA VERITE

13 h 35, le 20 février 2015

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Commentaires (3)

  • DSK doit pouvoir vivre la vie qu'il veut si il ne s'impose pas aux femmes avec qui il a une relation il est evident qu'il n est pas un entremetteur qui gagne de l'argent en faisant travailler des femmes mais de la a dire qu'il ne savait pas que ces filles etaient payees il y a loin

    LA VERITE

    13 h 35, le 20 février 2015

  • CORRECTION : ELLE POURRAIT PERDRE L'AVOCA... ET GARDER SEULEMENT LE : DO !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 41, le 20 février 2015

  • AH... NON ! ELLE SE MÊLE... ALLAH I KHALLILIK YÉHA... L'AVOCADO... MARIÉE À UN AUTRE AVOCADO... DES PROCÈS... MULTIPLES... DE DSK ? ATTENTION CAR ELLE POURRAIT PERDRE L'AVOC... ET GARDER SEULEMENT LE ADO !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 32, le 20 février 2015

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