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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

« Je doute de voir le Conseil de sécurité s’accorder sur une intervention militaire » en Libye

Tarek Mitri, ancien émissaire de l'Onu en Libye et actuel directeur de l'Institut Issam Farès à l'AUB – Beyrouth.

Si la communauté internationale avait aidé à pacifier et organiser la transition de la Libye après sa révolution, il aurait été possible de juguler les extrémistes. Mahmud Turkia/AFP

La décapitation de 21 Égyptiens coptes le week-end dernier revendiquée par l'État islamique (EI) a montré que ce dernier s'avère bel et bien implanté en Libye, pays plongé dans la tourmente depuis le début de sa révolution en 2011 et même après. La confusion règne dans ce pays riche en pétrole et où les nombreuses milices armées font la loi, tandis que deux gouvernements tentent tant bien que mal de mener la barque. Déjà omniprésent en Syrie et en Irak, comptant des adeptes éparpillés aux quatre coins du globe, dont des groupes armés en Égypte et en Libye, l'EI est donc un phénomène qui continue de prendre de l'ampleur, malgré les bombardements en Irak et en Syrie d'une coalition de plus de 30 pays et les moyens mis en place par les différents régimes de la région pour le combattre. En attendant de trouver les moyens de l'éradiquer, le groupe islamiste continue de narguer la communauté internationale en multipliant les menaces et en médiatisant ses atrocités. Et à présent, voici que l'Égypte mène des raids en Libye après la mort de ses ressortissants et que le président Sissi pousse à une intervention militaire internationale dans ce même pays, ce dont débattra ce soir le Conseil de sécurité de l'Onu.



Quelle est la marge de manœuvre du Conseil de sécurité de l'Onu concernant l'État islamique (EI) en Libye ? Peut-il réellement décider d'une intervention militaire ou doit-il se limiter à des sanctions et des résolutions ?
Le Conseil de sécurité a déjà voté des sanctions contre l'EI, ce qu'il va probablement rappeler lors de la réunion à ce sujet, tout en haussant considérablement le ton. Toutefois, je doute de voir les membres du Conseil de sécurité s'entendre sur une intervention militaire et je ne pense pas qu'il y ait un consensus sur ce sujet. Il y a, certes, une coalition internationale pour combattre l'EI en Syrie et en Irak, mais il faut rappeler que cette même coalition n'a pas été légitimée par une résolution du Conseil de sécurité. Toutefois, concernant la création d'une coalition pour la Libye, elle semble peu probable : l'Égypte continuera peut-être à mener des raids en Libye, les Émirats arabes unis s'y mettront peut-être aussi, mais je ne m'attends pas à la formation d'une coalition.

 

Quel est l'intérêt stratégique, pour l'EI, de la Libye, à cheval entre l'Europe et l'Afrique ?
À part les avantages géographiques et pétroliers, il est certain que sans le chaos, les divisions, les interventions étrangères qui ont exacerbé ces divisions, il n'y aurait pas d'État islamique en Libye. Le pays est d'ailleurs devenu un pôle d'attraction pour les extrémistes de tout bord en provenance d'Irak, du Mali, etc. Cela fait un bon moment que c'est le cas, au vu et au su de tous, mais la communauté internationale n'a rien fait pour empêcher ce processus. Maintenant, la situation est tellement compliquée que le combat contre le groupe jihadiste et ses semblables sera beaucoup plus difficile. Il y a un an, un an et demi, cela aurait été beaucoup plus facile.

 

Faut-il agir vite pour éviter un scénario à l'irakienne ou à la syrienne ?
Je ne suis pas sûr. Je crains que l'Égypte ne s'embourbe dans ce combat. Mais je crains surtout qu'elle ne fasse pas la différence, essentielle, entre les islamistes radicaux et les brigades révolutionnaires à tendance islamiste ; il y a islamistes et islamistes. Il ne faut donc pas faire d'amalgame, sinon la Libye s'embrasera. Il y a plus de 200 000 hommes armés en Libye, donc je ne pense pas que la solution militaire soit la bonne. Si la communauté internationale, dont l'Égypte, avait aidé à pacifier et organiser (la transition de la Libye après sa révolution), il aurait été possible de juguler les extrémistes. Il faut aider à trouver un compromis politique, tout passe par le dialogue.

 

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La décapitation de 21 Égyptiens coptes le week-end dernier revendiquée par l'État islamique (EI) a montré que ce dernier s'avère bel et bien implanté en Libye, pays plongé dans la tourmente depuis le début de sa révolution en 2011 et même après. La confusion règne dans ce pays riche en pétrole et où les nombreuses milices armées font la loi, tandis que deux gouvernements tentent...

commentaires (5)

Conseil d'Insécurité !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

12 h 29, le 19 février 2015

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Commentaires (5)

  • Conseil d'Insécurité !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 29, le 19 février 2015

  • LE VIRUS LIBANAIS DE L'HÉBÉTUDE... FRAPPE AU CONSEIL DES NATIONS UNIES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 22, le 18 février 2015

  • Entre un alcoolique yanky pour l'Irak et un intello de pacotille francais pour la Lybie , il n'y avait pas de place au machin pour envahir , massacrer sur des bases mensongeres , et la pour netoyer son propre caca on a besoin du gros machin insignificant ???? !!!!

    FRIK-A-FRAK

    12 h 21, le 18 février 2015

  • ON NE SAIT JAMAIS, äâïynéééh.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 11, le 18 février 2015

  • ILS S'ACCORDENT POUR SEMER LA PAGAILLE ET NON PLUS POUR Y REMÉDIER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 12, le 18 février 2015

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