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Liban - Décryptage

Soudain, la présidentielle devient un dossier à dimension nationale...

Après plus de huit mois de stagnation, le dossier présidentiel s'approche de l'heure de vérité. Depuis le 25 mai 2014, date du début de la vacance au niveau présidentiel, les différentes parties locales, régionales et internationales avaient commencé à jeter la balle dans le camp chrétien, affirmant que la question présidentielle concerne en priorité les chrétiens et que c'est à ceux-ci de s'entendre sur un candidat qui sera ensuite validé par les autres composantes politiques du pays. Cette théorie était-elle une manœuvre destinée à mettre en difficulté les chrétiens, sachant qu'ils ne peuvent pas s'entendre et qu'en réalité le nœud présidentiel est ailleurs ? Cette question se pose aujourd'hui, après les propos du leader druze Walid Joumblatt qui a affirmé il y a deux jours que l'élection présidentielle a une dimension nationale qui ne se limite pas aux seuls chrétiens. Aussitôt, des voix chrétiennes ont poussé les hauts cris, se demandant pourquoi huit mois après la vacance au niveau présidentiel et après le flot de déclarations sur le fait qu'il s'agit d'un dossier qui intéresse les chrétiens, Joumblatt s'est soudain souvenu de sa dimension nationale... Le président de la Chambre Nabih Berry a ensuite saisi la balle lancée par Joumblatt pour déclarer à son tour, dans le cadre de ses rencontres du mercredi à Aïn el-Tiné, que le prochain sujet de discussion entre les représentants du courant du Futur et ceux du Hezbollah, qui devraient se réunir la semaine prochaine, sera l'élection présidentielle. Comme Berry et Joumblatt agissent souvent de concert, il est probable que les deux hommes se soient entendus pour lancer la même idée, à ce moment précis.


Pour certaines parties chrétiennes, ce soudain intérêt de Berry et Joumblatt pour le dossier présidentiel intervient au moment où des informations circulent sur une percée significative dans les négociations entre le courant aouniste et les Forces libanaises. Jusqu'à présent, nul n'évoque clairement un possible accord sur la présidentielle, les informations disponibles faisant état de l'entente sur un document général qui comprendrait plusieurs points généraux et une déclaration de bonnes intentions, destinée à enterrer la hache de guerre entre les deux formations et à ouvrir une nouvelle phase où les divergences se limiteraient à la politique. Les points qui ont obtenu l'aval des deux formations seraient, par exemple, la nécessité de renforcer la présence des chrétiens au sein de l'administration, l'adoption effective du principe de décentralisation administrative, l'adoption d'une loi électorale plus juste à l'égard des chrétiens et l'application réelle du principe de la parité entre chrétiens et musulmans. Bien entendu, les deux parties restent en désaccord sur d'autres points, comme le dossier syrien, les armes du Hezbollah et la participation de ce dernier aux combats en Syrie. Mais aussi bien le CPL que les Forces libanaises savent que ces dossiers sont beaucoup trop complexes pour être tranchés au Liban et, au final, leur accord ou leur désaccord sur ces points ne sont pas déterminants. C'est pourquoi ils ont choisi sciemment de chercher des points qui peuvent les rassembler, mettant de côté les dossiers conflictuels, lesquels de toute façon ne peuvent pas être réglés à leur niveau.

En principe, les dernières touches au document d'entente devraient être apportées au cours des prochains jours et les deux pôles, Michel Aoun et Samir Geagea, pourraient se rencontrer au début du mois de mars pour l'annoncer. Toutefois, des sources proches du CPL affirment que le dossier présidentiel est présent en filigrane dans toutes les discussions et les deux hommes pourraient parvenir à une entente sur ce sujet, ne serait-ce que pour faire taire tous ceux qui disent que les chrétiens sont incapables de s'entendre. Si, comme le prévoient les milieux diplomatiques, la région se dirige vers un changement politique important avec un accord probable entre l'Iran et la communauté internationale sur le dossier nucléaire, le dossier présidentiel libanais pourrait être réglé dans la foulée des ententes qui vont suivre la signature d'un tel accord. Dans ce cas, des sources proches du CPL estiment qu'il n'est pas nécessaire d'attendre un tel accord et qu'il vaut mieux, au contraire, parvenir à une entente sur ce dossier au lieu de devoir accepter un nom parachuté de l'extérieur. Est-ce par crainte d'un tel accord que Walid Joumblatt s'est soudain souvenu de « la dimension nationale de l'élection présidentielle »? Et si les deux pôles chrétiens surprennent les autres formations politiques en s'entendant sur l'un d'eux, ou sur une troisième personne, les autres formations politiques libanaises accepteront-elles leur choix ?

Ce sont les questions qui se posent aujourd'hui et qui laissent croire qu'une entente entre le CPL et les Forces libanaises est possible et elle inquiète les autres protagonistes politiques. Pour le leader druze Walid Joumblatt, c'est compréhensible, puisqu'une entente entre le CPL et les Forces libanaises le priverait du rôle-clé qu'il joue aujourd'hui, entre le 14 et le 8 Mars. Mais pour Berry, les analystes estiment que sa crainte n'est pas profonde puisqu'en fin de compte, il alignera sa position sur celle du Hezbollah, lequel continue d'appuyer Michel Aoun et ses choix. Une personnalité maronite non candidate à la présidence (il y en a) résume ainsi la situation actuelle : c'est la première fois, dit-elle, que l'on sent qu'il existe une réelle possibilité d'accord au sujet de la présidence entre le CPL et les Forces libanaises, autrement dit, une entente interne à dimension libanaise. Cette possibilité se concrétisera-t-elle, ou bien s'agit-il, comme tant d'autres, d'une occasion manquée ou d'un marché de dupes ?

 

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Après plus de huit mois de stagnation, le dossier présidentiel s'approche de l'heure de vérité. Depuis le 25 mai 2014, date du début de la vacance au niveau présidentiel, les différentes parties locales, régionales et internationales avaient commencé à jeter la balle dans le camp chrétien, affirmant que la question présidentielle concerne en priorité les chrétiens et que c'est à...

commentaires (6)

Trop de mystere pour ce qui, au final fera beaucoup de bien au Liban . Il n'y a aucune raison de titer des plans sur la comete , il serait plus sage et sans triomphalisme des 2 cotes, d'attendre ce que les 2 leaders actuels vont nous concocter comme menu . Maintenant chacun a ses choix et joumblatt qu'il s'y retrouve ou pas, entre nous , que represente t-il au juste ? 100.000 personnes ? carry on guys .

FRIK-A-FRAK

17 h 37, le 13 février 2015

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Commentaires (6)

  • Trop de mystere pour ce qui, au final fera beaucoup de bien au Liban . Il n'y a aucune raison de titer des plans sur la comete , il serait plus sage et sans triomphalisme des 2 cotes, d'attendre ce que les 2 leaders actuels vont nous concocter comme menu . Maintenant chacun a ses choix et joumblatt qu'il s'y retrouve ou pas, entre nous , que represente t-il au juste ? 100.000 personnes ? carry on guys .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 37, le 13 février 2015

  • Pour une fois la désillusion politique de certains pôles aura été bénéfique pour un dialogue inespéré, car il les a poussé à entreprendre une auto critique mutuellement salutaire, et pavé la voie à plus de sagesse et de solidarité dans leurs rapports. Plaise à Dieu que cette prise de conscience dépasse les seuls intérêts des parties en question et que les conséquences de ses potentiels changements couvrent aussi les intérêts de la Nation.

    Salim Dahdah

    13 h 10, le 13 février 2015

  • Tout a fait d'accord cher Scarlett concernant le soudain intérêt de Joumblatt et Berry. la question qui se pose est: Intérêt ou peurs? Un peu des deux et surtout peur car les Chrétiens unis avec derrière eux le support de l'occident ça va faire mal! Mais il faut s'en foutre et allez de l'avant. Les Aounistes se doivent de se réveiller et sauver ce qui reste du pays et de ses institutions avant n'importe quels accords entre les belligérants au Moyen Orient. Pour une fois je sens que vous aviez compris que les vents tournent enfin vers la bonne voie et qui n'est pas celle du parti de Dieu, sinon croyez moi Aoun ne se serait pas mis a table pour discuter. Avant, nous avions Joumblatt qui changeait ses positions au gré du vent, aujourd'hui nous avons aussi Aoun. Le pays a besoin d'une vraie stabilité et seul les Chrétiens sont a même de la lui donner. Espérons que ces discussions porterons les fruits que le peuple attend!!! Croisez les doigts!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 24, le 13 février 2015

  • QUI BOYCOTTE LA PRÉSIDENTIELLE ? LE PARAVENT... OU LE CACHÉ DU VENT ? ALLEZ.... OUI... DITES-LE... C'EST çA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 40, le 13 février 2015

  • LE PARAVENT SERT POUR SE DISSIMULER DES VENTS... SE CACHER DERRIÈRE... ET RIRE... QUAND L'ABRUTISSEMENT M'EN FOUTISTE S'Y CONFORME... SI BÊTEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 26, le 13 février 2015

  • Tiens ! Ce Décryptage nous dit : "une personnalité maronite non candidate à la présidence (il y en a)" ! Ca existe ça, une personnalité maronite non candidate à la présidence, dans le pays de "Moi président ou pas de président" ?

    Halim Abou Chacra

    06 h 14, le 13 février 2015

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