« Ça devient des histoires personnelles ! » Telle est l'impression laissée sur un ministre par la réunion, hier, d'un gouvernement qui aura dans deux jours un an d'âge et dont les réunions sont marquées par un infantilisme politique honteux. C'est au point qu'une fois de plus, hier, avant que les discussions ne dégénèrent, le Premier ministre, Tammam Salam, a levé la séance.
L'on sait par ailleurs que M. Salam a l'intention de s'ouvrir du sujet au président de la Chambre, Nabih Berry, dans les prochaines 48 heures. Plus que tout le monde, le Premier ministre convient en effet que cela ne peut plus durer et que le mode de fonctionnement du gouvernement, où toutes les décisions sont prises à l'unanimité, est à revoir.
Le ton monte deux fois
Le ton est monté quand le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a affirmé que le temps était venu de doter la « zone économique » que l'on a décidé de créer autour du port de Tripoli d'un conseil d'administration et d'un président. Créée par décret il y a 7 ans, comme l'a rappelé le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, qui était alors président de la commission parlementaire de l'Économie, cette « zone économique » a pour but d'instaurer des structures complémentaires, susceptibles de générer des profits supplémentaires au port de Tripoli.
Contredite par le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, la proposition a provoqué une vive discussion entre ce dernier et les députés de Tripoli. Coupant court à ces échanges, M. Derbas a quitté la salle, las d'une myopie politique bloquant les efforts visant à développer Tripoli et refusant ouvertement de contresigner un quelconque décret avant qu'un conseil d'administration ne soit nommé à la zone économique décidée.
Pour sa part, M. de Freige, qui a pris fait et cause pour M. Derbas, a rappelé que « la lutte contre le terrorisme ne se fait pas seulement par les armes, elle passe aussi par la lutte contre la pauvreté ».
L'amertume de la Saint-Maron
Un second échange aussi vif devait opposer, durant la même séance, le ministre des Télécoms, Boutros Harb (14 Mars), au ministre de l'Èducation, Élias Bou Saab (8 Mars), qui se sont mutuellement accusés d'obstructionnisme.
Prenant la parole, M. Harb s'était d'abord félicité de ce que le Premier ministre n'avait pas oublié, en début de séance, de rappeler combien l'élection présidentielle est essentielle, avant d'ajouter que la Saint-Maron avait été empreinte cette année d'amertume, laissant aux chrétiens qui y assistaient un arrière-goût de défaite.
Là aussi, le ton est monté quand M. Bou Saab a voulu répondre à des reproches d'obstructionnisme adressés au Courant patriotique libre par M. Harb, au cours d'un talk-show télévisé. M. Harb avait reproché au CPL de bloquer des décisions qu'il avait prises concernant le téléphone mobile, et en particulier Internet. Pour rendre à son collègue la pareille, M. Harb s'est opposé hier à la promotion d'une fonctionnaire de la troisième catégorie, responsable au sein du CPL, au ministère de l'Éducation. « Ces questions doivent être traitées avec transparence. Dans mon ministère aussi, il y a de nombreux postes vacants à pourvoir, peut-on laisser chaque ministre agir à sa discrétion? » devait réagir M. Harb à la proposition. D'autres ministres devaient rappeler à M. Bou Saab qu'il s'était engagé à procéder à tout un train de nominations.
Ce que voyant, et sans plus attendre, M. Salam devait lever la séance, sans fixer un nouveau rendez-vous au Conseil des ministres.
On apprenait en fin de réunion qu'un train de nominations d'enseignants contractuels du secondaire public avait été laissé en suspens en raison d'un « déséquilibre » confessionnel, aucun candidat chrétien ne figurant sur la liste...
Préambule
En préambule, M. Salam avait résumé pour les ministres les réunions et contacts qu'il avait eus au Congrès de Munich qui avait porté sur la lutte contre le terrorisme.
Comment se fait-il, a demandé alors M. Harb, que le Liban ait participé au Congrès de Munich, où Israël était représenté, et se soit par contre absenté, sous prétexte de la présence d'un représentant de l'État hébreu, aux assises antiterroristes qui se sont tenues à Washington un peu plus tard ? À quoi Gebran Bassil, approuvé par Mohammad Fneich, a répondu qu'à Washington, on pouvait craindre que certains n'ajoutent « d'autres » organisations que Daech à la liste des organisations terroristes à combattre.
Par ailleurs, M. Salam a, comme de coutume, soulevé le grave manquement constitutionnel qu'est l'absence d'un chef de l'État, avant de rendre hommage au souvenir de Rafic Hariri, pour la 10e commémoration de son assassinat, et de souhaiter que le plan de sécurité de la Békaa-Nord porte ses fruits.
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commentaires (7)
S'il n'y avait que l'infantilisme, on arriverait à créer des crèches pour les enfermer !!!! On se trouve dans une fosse à purin
FAKHOURI
18 h 15, le 13 février 2015