Syrie: situation sanitaire gravissime dans la Ghouta orientale bombardée

Les bombardements intenses menés par l'aviation syrienne sur une zone rebelle assiégée par l'armée à l'est de Damas rendent la situation sanitaire gravissime et poussent les équipes médicales à bout, a dénoncé une ONG mercredi.

Ces dernières semaines, "le nombre de patients traités dans les hôpitaux que nous soutenons a dépassé le point de rupture, et le nombre de demandes de matériel médical a grimpé en flèche", a souligné dans un communiqué le docteur Bart Janssens, directeur des opérations de Médecins sans frontière (MSF). Assiégée depuis un an et demi par l'armée du régime de Bachar el-Assad, la Ghouta orientale est depuis plusieurs semaines soumise à des bombardements particulièrement meurtriers.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 183 personnes ont été tuées dans des raids ariens ces dix derniers jours, en majorité des civils. Parmi les victimes se trouvaient 29 enfants, a ajouté l'ONG, basée en Grande-Bretagne.

Le 5 février, deux centres médicaux ont été touchés, obligeant personnels et patients à évacuer les lieux, selon le communiqué de MSF. "Un infirmier a été tué en se rendant au travail", a ajouté MSF, et des centaines de personnes blessées ont été soignées dans les centres soutenus par l'ONG dans la Ghouta orientale ces dernières semaines. Dans son communiqué, MSF cite un directeur d'hôpital décrivant les heures qui ont suivi le bombardement, le 23 janvier, d'un marché bondé dans la ville sous contrôle rebelle de Hammouriyeh. D'après l'OSDH, ce bombardement avait fait 42 morts.

"Les secours couraient, apportaient de plus en plus de blessés, alors j'ai réalisé qu'une catastrophe était arrivée", raconte ce médecin, uniquement décrit comme le Dr. N. "Notre hôpital, comme la majorité des hôpitaux de la région, manque du matériel le plus basique et nous avons une capacité d'accueil très limitée pour ce genre d'urgence, qu'il s'agisse de place ou de lits", ajoute-t-il. "Parmi les cas les plus durs, pour nous, il y a les enfants, quand nous devons leur amputer un membre pour leur sauver la vie. Prendre de telles décisions, c'est un véritable test pour des médecins avec des options très limitées", dit-il encore. Selon lui, "la situation médicale, et les conditions de vie en général, ont dépassé toutes les lignes rouges".