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Économie - Accord d’association

Beyrouth plaide pour un soutien européen accru

Le ministre des Affaires étrangères était à Bruxelles en compagnie de ses homologues de l'Économie et du Commerce, et de l'Énergie et de l'Eau pour dresser un bilan de l'accord qui lie le Liban à l'UE depuis 2006 et réfléchir à son adaptation aux défis que posent les crises syrienne et irakienne.

Le chef de la délégation libanaise, Gebran Bassil, et la haute représentante pour les Affaires extérieures de l’UE, Federica Mogherini.

Le Liban et l'Union européenne ont pris part lundi à Bruxelles à leur septième conseil d'association. Ce rendez-vous politique censé être annuel, mais qui n'avait pas eu lieu depuis deux ans, sert à faire le point formellement sur l'état des relations entre les deux partenaires et n'a pas d'implication immédiate en termes de projets particuliers. Seule annonce concrète : la signature d'un protocole complémentaire à l'accord d'association, entré en vigueur en 2006, qui permet désormais au Liban d'accéder à une dizaine des 20 programmes de l'Union européenne dans des domaines allant de la justice à la pêche, en passant par le soutien aux petites et moyennes entreprises, moyennant un « ticket d'entrée » variable suivant les domaines.
La rencontre s'inscrit cependant dans un contexte de réflexion sur une nouvelle adaptation de la politique européenne vis-à-vis de ses « voisins » méditerranéens, eu égard aux bouleversements majeurs en cours dans les pays concernés. Il ne s'agit pas de revoir les grandes lignes budgétaires. Ces dernières sont le fruit de négociations très ardues entre les 28 pays membres de l'Union européenne, notamment pour aboutir au principe d'une allocation de deux tiers de l'aide extérieure aux voisins du Sud contre un tiers pour les voisins de l'Est, malgré les pressions fortes des Européens de l'Est pour modifier cette répartition au profit de leur aile orientale, explique un diplomate européen. La commission s'est en revanche donné un an pour revoir sa manière d'allouer ces ressources.

Bien que « rénovée » en 2013, la politique de voisinage était fondée sur une logique officieusement baptisée « More for More » : l'allocation de l'aide étant liée à des réformes s'inscrivant dans la promotion des valeurs européennes. Des principes inadaptés aux situations d'urgence dans lesquels se trouvent plusieurs pays concernés, étant donné les implications des crises syrienne, libyenne ou ukrainienne, pour ne citer que celles-là. D'où le souci de répondre à deux objectifs nouveaux : davantage de réactivité de la politique européenne et une meilleure adaptation aux besoins réels des pays partenaires. L'Espagne doit accueillir en avril une réunion des 28 et de leurs partenaires du Sud sur la question. Et le chef de la délégation libanaise à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, a annoncé l'intention de Beyrouth de contribuer à cette réflexion en organisant au printemps une réunion sous-régionale regroupant les pays arabes partenaires (Maroc, Tunisie, Algérie, Jordanie, Palestine, Libye).

 

 (Pour mémoire : L'UE alloue 130 millions d'euros au développement économique du Liban)

 

Réviser l'approche à l'égard du Liban
En ce qui le concerne spécifiquement, le Liban a d'ores et déjà adressé à Bruxelles un certain nombre de messages à la haute représentante pour les Affaires extérieures Federica Mogherini et au commissaire en charge de la Politique de voisinage, Johannes Hahn. « Nous voulons profiter de cette réflexion en cours pour réviser l'approche à l'égard du Liban », explique à L'Orient-Le Jour le ministre de l'Économie et du Commerce Alain Hakim, qui était à Bruxelles ainsi que son homologue de l'Énergie et de l'Eau Arthur Nazarian, la question de l'approvisionnement de l'Europe en gaz étant l'un des enjeux importants de sa politique méditerranéenne.
En termes politiques, le chef de la diplomatie libanaise a insisté pour inscrire le soutien au Liban dans un cadre régional plus large : il s'agit de défendre un « modèle de société » pour la région, fondé sur « la modération, la tolérance et la diversité », a-t-il dit. D'où l'importance accordée par lui à la lutte contre le terrorisme et au soutien de l'armée libanaise, d'une part – un objectif partagé par l'Union européenne, même si sa mise en œuvre concrète bute sur les problématiques propres à l'institution en matière de politique commune de défense –, et au problème que constitue pour le Liban l'afflux massif de réfugiés syriens, d'autre part.

 

(Pour mémoire : Plus de 32 millions d’euros de l’Union européenne pour soutenir l’Unicef au Liban)


Premier donateur aux victimes de la guerre syrienne, Bruxelles vient d'annoncer symboliquement qu'il consacrait un milliard d'euros au total aux crises syrienne et irakienne, et à la lutte contre l'État islamique, dont 40 % sont destinés à la gestion humanitaire et à la prise en charge des réfugiés.
L'une des revendications principales du Liban porte sur la nature de cet effort. « Il y a un amalgame entre l'aide humanitaire destinée aux Syriens que nous accueillons, et l'aide au Liban lui-même et une injustice en la matière par rapport à l'aide dont bénéficie la Jordanie par exemple », soutient le ministre Alain Hakim. Au total, quelque 200 millions d'euros sont directement alloués aux réfugiés du Liban (principalement à hauteur de 172 millions d'euros à travers la direction de l'aide humanitaire européenne Echo) tandis que l'enveloppe pour le Liban du plan d'action de la politique de voisinage est de 130-159 millions d'euros sur la période 2014-2016, sachant que 52 millions d'euros ont été engagés à ce jour dans le domaine de la sécurité et du développement durable. Le gouvernement libanais souhaite d'une part être davantage associé à la gestion de l'aide humanitaire – elle est souvent distribuée directement à travers des ONG – et de l'autre obtenir une réorientation des aides vers des projets d'infrastructure locales destinés à améliorer les conditions de vie des « communautés d'accueil » des réfugiés : éducation, santé, gestion des déchets, adduction d'eau potable, installation d'énergie renouvelable, etc.

* à l'invitation de la délégation ministérielle libanaise.

 

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