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Moyen Orient et Monde - Analyse

Les aviateurs traumatisés par les images du pilote jordanien brûlé vif par l’EI

Le sort horrible réservé à Moaz al-Kassasbeh illustre l'importance de la procédure de récupération des pilotes abattus.

Un Air Force de l’aviation jordanienne combattant l’État islamique à Raqqa. Petra News Agency/Reuters

Les terrifiantes images du pilote jordanien brûlé vif par l'État islamique hantent désormais les aviateurs qui survolent les terres contrôlées par le mouvement jihadiste, mais rien ne les empêchera d'accomplir leur mission, assurent d'anciens officiers.
Le sort horrible réservé à Moaz al-Kassasbeh illustre l'importance de la procédure de récupération des pilotes abattus, qui dans ce cas n'a pas eu le temps d'être enclenchée à temps pour éviter sa capture dans la région de Raqqa, « capitale » du groupe extrémiste qui a conquis des régions entières en Irak et en Syrie. « Des images comme ça, pour sûr ça frappe les esprits, confie l'ancien chef d'un service français de renseignement, qui demande à ne pas être identifié. « Les pilotes sont des hommes comme les autres, pas des robots. Ils savent qu'ils prennent des risques en survolant des zones hostiles. Mais il est certain qu'après ça ils vont réfléchir à deux fois. » « Ça fait longtemps que la guerre n'est plus une affaire de gentlemen. Autrefois, les pilotes abattus étaient capturés et placés en détention. Tout ça c'est fini. Maintenant, c'est la barbarie, surtout dans les guerres asymétriques. Les pilotes savent que s'ils se font chopper, ça va être très dur pour eux. Et là on a passé un cap supplémentaire dans la sauvagerie. C'est du jamais-vu, ajoute-t-il. S'ils tombent au cœur même des combats, on ne donne pas cher de leur vie. »
De son côté, le général Gilles Desclaux a commandé jusqu'en 2011 la défense aérienne et les opérations aériennes (CDAOA) de l'armée de l'air française. Les pilotes « y ont pensé forcément, au moment où c'est arrivé », dit-il. « Puis ils pensent à leur mission. Ils y repenseront sans doute si à un moment ils ont à prendre une décision d'éjection, s'ils ont une panne ou sont abattus au-dessus d'une zone de combat, ça leur reviendra à l'esprit. Mais psychologiquement ils sont prêts. Ils en on parlé entre eux, ils en ont parlé avec l'encadrement. Chacun ensuite prend sa décision », dit-il. « C'est comme quand j'étais jeune pilote », ajoute-t-il, en évoquant les « missions nucléaires » où les pilotes ignoraient s'ils recevraient ou non l'ordre de lâcher la bombe. « On allait porter des bombes nucléaires sans aucun espoir de retour en Union soviétique... » explique-t-il.

Procédure de sauvetage
Pourtant, depuis la guerre du Vietnam et le sort réservé à ses pilotes tombés aux mains de l'ennemi, l'armée américaine a mis au point des procédures de sauvetage, dont se sont inspirées toutes les armées modernes. Cela commence avec la balise qui s'enclenche automatiquement lors de l'éjection, captée par des avions qui survolent la zone en permanence. Les patrouilles de combat comptent toujours au moins deux appareils : si l'un tombe, son équipier tourne en cercle autour du point d'éjection. « Il fait tout ce qu'il peut pour le protéger, précise le général Desclaux. En clair, il tire sur tout ce qui approche, tente d'isoler le survivor de tout élément hostile. » Dès que le pilote est localisé, une course contre la montre commence : des commandos de l'air spécialisés embarquent dans des hélicoptères, eux-mêmes protégés par des chasseurs-bombardiers, et partent récupérer le pilote. Dans le meilleur des cas, il faut compter plusieurs heures. « Les aviateurs sont entraînés à se cacher le mieux possible, s'ils sont valides. L'idée est de s'enterrer dans la journée, et s'ils doivent se déplacer, ils le font la nuit », ajoute l'ancien chef d'un service de renseignement. « Avant même de monter une opération aérienne, la première chose à laquelle on pense, c'est le Resco (Recherche et sauvetage au combat). Et là, faire une opération Resco dans les zones contrôlées par Daech, c'est dur, dur. Un pays qui fait partie d'une coalition peut refuser de mettre ses pilotes en danger tant qu'il n'y a pas une Resco crédible », conclut-il.

Michel MOUTOT/AFP

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