Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Logement

L’État libanais renfloue les caisses de l’Établissement public de l’habitat

L'EPH va bénéficier de 165 milliards de livres supplémentaires cette année, ce qui devrait mettre fin à son contentieux avec les banques commerciales. Outre une avance du Trésor de 40 milliards de livres, le ministère des Finances devrait verser à l'institution une partie des sommes qui lui sont dues.

Le secrétaire général de l’Association des banques, Makram Sader, le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, et le PDG de l’EPH, Rony Lahoud.

« L'Établissement public de l'habitat (EPH) a déjà permis à 65 000 foyers modestes d'accéder à la propriété, et l'État va le doter de tous les moyens nécessaires pour continuer à jouer son rôle », a déclaré hier le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, en annonçant une nouvelle avance du Trésor à l'institution, de 40 milliards de livres. Une somme destinée à couvrir les sommes dues par l'établissement aux banques commerciales. Le torchon brûle en effet entre l'EPH et les banques depuis cet été. Face au cumul des impayés, les banques ont menacé de ne plus octroyer de prêts logement en partenariat avec l'EPH, et certaines d'entre elles ont mis leur menace à exécution.


Ce type de prêts, proposé par les banques depuis 1999, est uniquement destiné aux ménages à revenus faibles ou modestes ayant un revenu mensuel inférieur à 6 750 000 LL. Ils sont plafonnés à 270 millions de livres, adossés à un taux d'intérêt relativement faible, et leur durée peut aller jusqu'à 30 ans. À l'ouverture du crédit, un dixième du montant du prêt est déposé à l'EPH. Pendant les 15 premières années, les clients remboursent aux banques le capital seulement et l'EPH prend en charge les intérêts. Les bénéficiaires remboursent ensuite à l'EPH les sommes qu'il a engagées à leur place (moins le dépôt initial).
Pour inciter les banques à participer au mécanisme et proposer des taux d'intérêt réduits, la Banque centrale leur a consenti une réduction du taux de réserves obligatoire puis leur a octroyé, à partir de 2013, des crédits à 1 %. Quant aux ménages, ils bénéficient de plusieurs avantages : outre le faible taux et la période de grâce sur les intérêts, ils sont exemptés de certaines taxes, notamment des droits d'enregistrement du bien, qui sont de 6 ‰. « Sur un crédit de 270 millions de livres sur 30 ans, l'EPH permet d'économiser 85 millions de livres par rapport à un prêt à taux d'intérêt égal », affirme le directeur de l'établissement, Rony Lahoud.
D'où, sans doute, le succès du produit. Le montant des crédits octroyés depuis 1999 a atteint près de 7 500 milliards de livres. En 2014, 5 600 prêts ont été approuvés, soit 400 de plus que l'année précédente. Mais face à cet essor, l'établissement a été confronté à une crise de liquidités et n'a plus été en mesure de rembourser les intérêts aux banques à partir de mi-2013.


Les liquidités de l'EPH proviennent des 10 % de dépôts obligatoires à l'ouverture des crédits, mais pas seulement. L'institution est censée se voir reverser les recettes des taxes de construction. Mais celles-ci ne lui ont pas été transférées depuis 2011. Le Trésor lui doit au total 380 milliards de livres. Et l'EPH, lui, doit environ 70 milliards de livres aux banques. Même si l'EPH est une institution publique et que sa dette est garantie par l'État, l'Association des banques a haussé le ton en juin dernier. Certains y voyaient à l'époque un moyen de pression utilisé par les banques pour racheter le portefeuille de crédits de l'EPH à un prix minoré.


Mais c'est désormais de l'histoire ancienne. Outre une avance du Trésor de 70 milliards de livres (30 milliards cet été puis 40 milliards il y a une semaine), le ministère des Finances a promis de transférer à l'EPH une partie de ce qu'il lui doit au titre des taxes de construction depuis 2011 – 125 milliards de livres – auxquelles devraient s'ajouter les recettes de celles de l'année 2015, estimées entre 40 et 45 milliards de livres.
Ce litige financier étant en passe d'être réglé, l'institution peut s'attaquer à sa réforme. Un projet d'informatisation financé par un bailleur de fonds européen et une restructuration des ressources humaines sont ainsi à l'étude. Le PDG de l'établissement a également annoncé des projets au Liban-Sud : « Nous étudions avec les municipalités et des entreprises de construction la possibilité de bâtir des logements financés par des prêts de l'EPH », a déclaré Rony Lahoud sans vouloir donner plus de détails pour le moment.

« L'Établissement public de l'habitat (EPH) a déjà permis à 65 000 foyers modestes d'accéder à la propriété, et l'État va le doter de tous les moyens nécessaires pour continuer à jouer son rôle », a déclaré hier le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, en annonçant une nouvelle avance du Trésor à l'institution, de 40 milliards de livres. Une somme destinée à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut