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Liban - Environnement

Où vont nos déchets...

Une exposition mise en place par IndyAct, dans le cadre d'un projet à portée régionale, met les visiteurs face aux tonnes de plastique qu'ils produisent chaque jour... et qui finissent dans la mer.

La « petite montagne » de détritus en plastique collectés par les volontaires d’IndyAct au cours de deux campagnes, à Tyr et à Nahr el-Kalb. Rien de tel pour donner une idée de l’ampleur du plastique en mer. Photo IndyAct

Quand on observe le tableau idyllique d'une mer d'huile reflétant les derniers rayons d'un soleil couchant, comment se rendre compte que, sous l'eau, des millions de tonnes de plastique se déplacent au gré des courants, libérant, au fur et à mesure d'une décomposition lente, des matières toxiques dans l'eau ? Nous utilisons tous à longueur de journée des objets en plastique : de la brosse à dents le matin jusqu'aux sacs en plastique des courses, en passant par les bouteilles d'eau... Rien n'est plus déconcertant que de se retrouver face au volume de déchets que chacun de nous produit, et qui finit dans l'eau.

Or c'est à une telle prise de conscience qu'il faut s'attendre quand l'on visite l'exposition « La mer... destination finale ? Projet sur les déchets en plastique », organisée par l'association IndyAct à l'espace Arthéum de la Quarantaine. Dans l'une des pièces, un énorme monticule de déchets en plastique accueille le visiteur : il s'agit du résultat de deux campagnes de collecte sur les plages de Tyr et de Nahr el-Kalb. Des déchets bien de chez nous, donc. Dans une autre pièce, derrière une vitrine en verre, un amoncellement impressionnant d'objets vient montrer aux visiteurs le volume de plastique utilisé par une seule famille en un mois. Multipliez par plusieurs millions...

Certes, l'idée maîtresse de cette exposition n'est pas de culpabiliser le public ou de le décourager. Le message serait plutôt celui-ci : le plastique n'est pas nuisible en soi, c'est la manière dont il est utilisé, et dont on se débarrasse, qui est nuisible. Cette exposition a débuté en Suisse, à l'initiative du Musée du design de Zurich, avec le soutien de la Fondation Drosos, en 2009. Elle fait désormais le tour de l'Europe, et a atterri dans quatre pays arabes qui sont l'Égypte, le Maroc, la Jordanie et le Liban, où le partenaire est IndyAct.


(Lire aussi : Déchets ménagers : les appels d'offres seront prochainement lancés)


Pourquoi le plastique ? « Des études ont montré qu'il s'agit des déchets les plus dangereux, car ils mettent beaucoup de temps à se décomposer », explique Layal Nehmé, d'IndyAct. Elle souligne que l'exposition veut montrer l'ampleur de la présence des déchets plastiques dans notre mer, par le biais de la « petite montagne » d'ordures collectées sur nos plages. Une autre section montre les dégâts que peut causer une utilisation débridée du plastique, ainsi que les alternatives (utiliser des produits avec moins de packaging, par exemple). L'exposition renseigne aussi les consommateurs sur les matières dangereuses qui existent dans certains plastiques : par exemple, comment choisir le biberon du bébé pour éviter les risques. Elle donne par ailleurs des indications sur les matières recyclées à partir du plastique, que ce soit dans des articles à valeur ajoutée à l'instar d'objets de design, ou des articles usuels comme les caisses en plastique noir par exemple.

Jusqu'à fin février
Layal Nehmé insiste toutefois sur ce qu'elle considère comme l'un des objectifs principaux de l'exposition : l'aspect éducatif. En effet, près de 80 % des visiteurs sont des élèves. « Les jeunes sont les plus aptes à capter de nouvelles idées, dit-elle. Nos équipes ont fait le tour de près de 90 écoles publiques, et de nombreuses écoles privées, pour organiser la participation d'élèves à l'exposition. Outre le tour réservé à ces enfants, ceux-ci participent à des ateliers de transformation de déchets plastiques en objets usuels ou en objets d'art. Notre deuxième objectif, ce sont les étudiants universitaires. Il y a évidemment des groupes, des familles, qui visitent l'exposition, mais plus rarement. »
À noter que l'exposition se poursuivra jusqu'au 28 février à la Quarantaine. Elle est ouverte tous les jours de 9h à 17h, et les samedis sur réservation. Il est possible de contacter IndyAct au 01-447192 pour plus de renseignements.

 

(Lire aussi: Traitement des déchets solides au Liban : « Un pas de géant »)


« Notre message au public n'est pas celui d'arrêter l'utilisation du plastique, ce qui serait hautement décourageant, mais plutôt comment faire en sorte que cette utilisation soit moins nocive pour l'environnement », affirme la jeune femme. L'association constate-t-elle un changement dans les comportements des personnes exposées à une telle sensibilisation ? « Nous effectuons un suivi dans les écoles avec lesquelles nous collaborons, répond-elle. Nous constatons parfois de grands progrès, notamment dans les établissements où il existe déjà un club écologique et des activités de type environnemental. Nous recevons parfois des échos de certains parents, qui se disent très sensibilisés au problème après la visite. »

La sensibilisation individuelle, malgré son importance, demeure insuffisante en l'absence d'initiatives nationales pour le tri, la collecte séparée et le recyclage. L'exposition donne cependant, selon Layal Nehmé, des tuyaux pour réduire à l'échelle individuelle la production de déchets.
Le problème du plastique est mondial. Près de six millions et demi de tonnes sont déversées chaque année dans la mer, selon des estimations évoquées dans l'exposition. En d'autres termes, il existe aujourd'hui des « océans de plastique dans les océans », une véritable « soupe » d'éléments microscopiques qui se retrouvent souvent dans la chaîne alimentaire quand ils sont ingurgités par les poissons. Cette exposition itinérante à travers le monde, qu'on peut visiter à Beyrouth, pose une question existentielle : puisque nous vivons à l'ère du plastique, quelles indications donneront aux archéologues futurs ces objets de notre quotidien qui leur parviendront ?

 

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