Une des pires journées pour les civils : 19 morts au moins

Les séparatistes prorusses ont menacé hier d'élargir leur offensive dans l'est de l'Ukraine, en cas d'échec des pourparlers de paix qui n'ont finalement pas eu lieu à Minsk.
Plus tôt dans la journée, les émissaires séparatistes signataires de cette déclaration avaient affirmé que les pourparlers avec Kiev, prévus à Minsk hier en présence de représentants russe et de l'OSCE, avaient été « annulés », menaçant de quitter la capitale biélorusse. L'Ukraine insiste sur la présence à Minsk des dirigeants des républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski, qui ont signé les accords de paix en septembre, et non de leurs émissaires, a indiqué le porte-parole de la diplomatie ukrainienne Evguen Perebyïnis. Les rebelles exigent, eux, que Kiev nomme un représentant « capable de mettre en œuvre les accords conclus », critiquant implicitement le choix de l'ex-président Koutchma.
Sur le front diplomatique, l'Ukraine va recevoir le soutien des États-Unis avec la visite à Kiev du secrétaire d'État américain John Kerry le 5 février. Par ailleurs, dans un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a souligné la nécessité de conclure « un cessez-le-feu immédiat ». Et à Paris, la France et la Pologne ont appelé à un arrêt des combats, demandant à la Russie de cesser « toute forme de soutien aux séparatistes ».

Debaltseve, comme Ilovaïsk ?
Sur le terrain, les combats continuaient notamment autour de la ville stratégique de Debaltseve, qui relie les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk : « Ça bombarde jour et nuit », a déclaré Svetlana Dremliouk, conseillère municipale de la ville. « Des volontaires essayent d'évacuer la population, mais les gens réfugiés dans des caves ne sont pas au courant », a-t-elle dit. On note que les combats étaient particulièrement violents près de la localité de Vougleguirsk, dont la prise par les séparatistes signifierait un encerclement quasi total de Debaltseve.
Ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut avec au moins 19 personnes tuées, au cours des dernières 24 heures, dans des bombardements à Donetsk, chef-lieu des rebelles, et dans la région. Il s'agit d'un des pires bilans journaliers depuis le début de ce conflit, qui a fait, en neuf mois, plus de 5 000 morts. L'armée a pour sa part annoncé avoir perdu cinq soldats, tandis que le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a appelé les militaires ukrainiens de Debaltseve à « déposer les armes : vous avez une chance de sauver vos vies », a-t-il lancé sur une chaîne de télévision russe.
Plusieurs médias ukrainiens comparent d'ores et déjà la bataille de Debaltseve à la tragédie d'Ilovaïsk, où des troupes ukrainiennes se sont fait encercler par les rebelles et où plus de cent militaires ont été tués. Cette bataille, fin août, avait été suivie des premiers pourparlers de Minsk, lors desquels avait été conclu un cessez-le-feu très peu respecté depuis.
De son côté, la Russie a décidé de renforcer son arsenal nucléaire et sa présence militaire dans les zones stratégiques, lors d'une annonce hier à Moscou. Malgré les difficultés économiques dues aux sanctions internationales, à la chute du rouble et des prix du pétrole, le gouvernement russe entend mener à bien un ambitieux programme de près de 300 milliards de dollars en vue de moderniser ses forces d'ici à 2020.
(Sources : agences)

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