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Lifestyle - Tous les chats sont gris - Nightlife

Déplacer leur bulle jusqu’à Paris...

Pour la semaine de la mode et des salons, un réseau social de jet-setteurs libanais s'est transporté à Paris. L'occasion de s'immerger dans la comédie humaine de cette faune huppée. Soirées, paillettes, champagne, selfies et fourrures... Parcours du combattant dans les nuits parisiennes.

La scène se passe à sept heures du matin, porte d'embarquement 21 de l'aéroport de Beyrouth: une cinquantaine de personnes attendent leur tour pour monter à bord de l'avion qui les transportera vers la capitale française. Dans la file, on remarque des dames qui portent déjà des toques en fourrure bleue ou rose, on voit du vison et du chinchilla un peu partout. Il y a des sacs griffés, beaucoup trop de fond de teint pour cette heure matinale, des éclats de rire et des effluves de patchouli qui partent dans tous les sens. «Chérie, oui, je passe la semaine à Paris pour les défilés et les salons. Passe-moi un coup de fil, on dînera ensemble.» En réalité, elles ne sont pas architectes pour faire le salon Maison & Objet et encore moins rédactrices de mode pour couvrir la semaine de la haute couture. Que vont donc faire ces rich and (not) famous? Chauffer leurs cartes de crédit, revenir avec des excédents de bagages monogrammés, manger mais très peu, et puis, les soirs, faire la fête. Surtout faire la fête. On pourrait penser que ces happy few se dirigent vers la Ville lumière pour un dépaysement, histoire de changer d'air et de briser cette bulle hermétique dans laquelle ils vivent à Beyrouth. Pas du tout. À 3194 km de la capitale libanaise, ce même vase clos se déplace de jour comme de nuit en mode colonie de vacances.

 

(Lire aussi : Dans une féerie onirique, l'hommage d'Élie Saab à Beyrouth)



Il y a d'abord celles (et ceux) qui portent le bling bling comme une seconde peau. Ils commencent leur soirée par un apéritif au bar du Georges V ou du Plaza Athénée, où le Libanais est clairement la langue nationale. En quelques mouvements, ces établissements, très vieille France, deviennent le biotope d'une foule surréelle. Comment vit cette tribu bizarre? Embrassades à n'en plus finir, commérages, papotage et guerre de selfies. On inonde les réseaux sociaux. On pose avec un verre de Kir Royal à la main, on affiche son sac procuré à la rue Cambon dans l'après-midi, on se photographie avec ses copines aux côtés d'un créateur branché. Et à l'heure de passer à table, on hésite entre l'hôtel Costes et l'hôtel Costes dont la terrasse (très agréable au passage) se voit tout d'un coup colonisée par une bande de Libanais qui se toisent de table en table. Mais le sacro-saint Costes a aussi de la concurrence avec, dans le même genre, l'hôtel Pershing Hall ou l'Avenue à Montaigne. On ne sort pas d'un pseudo Triangle d'or, «on se sent chez nous» se répétant sur toutes les lèvres. Et lorsqu'on a envie de s'aventurer, on déplace nos QG pour un dîner gastronomique à l'Atelier de Joël Robuchon – qui ferait bien de se mettre aux mezze! – ou autour d'un burger chez Ferdi, dont l'un des serveurs parle arabe à force de fréquenter des Libanais. Toute la semaine durant, c'est aussi des dîners organisés par des Libanais dans leurs appartements sur les boulevards froids des VIIIe et XVIe arrondissements. Avec, au programme, des flopées de dames brunshingées en robes longues, certaines élégantes, d'autres plus hasardeuses – pourquoi autant de lamé, pourquoi? – et des hommes en costume dont les cigares n'ont pas manqué de faire le voyage. Une comédie sociale où élégance et fric ne sont certainement pas synonymes.

Et puis il y a la catégorie branchouille, ceux qui prétendent ne pas vouloir se mêler à la crowd libanaise, mais, s'échangeant les mêmes adresses, finissent par tomber nez à nez, surpris, avec leur même petit cercle beyrouthin. On manie les baguettes dans un japonais de la rue Saint-Anne en programmant avec la table (de Libanais) d'à côté, l'exposition Jeff Koons à Beaubourg. On dévore une viande juteuse chez Anahi, l'argentin hype, et on se la joue gauche caviar jusqu'au bout chez Caviar Kaspia, place de la Madeleine. La vie est une fête quand on en a les moyens. Alors, on poursuit la soirée chez Castel parce que, en bons Libanais mondains, on a toujours un pote qui est membre dans ces boîtes exclusives. Le quartier des Champs-Élysées, lui aussi, devient fréquentable quand il s'agit d'aller péter des bouteilles au Raspoutine et au Baron. Jusqu'au petit matin, avant de prendre l'avion, et de retrouver cette smalla sur le même vol. Et puis, le soir, dans les mêmes dîners.

 

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