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Nos Lecteurs ont la Parole - Carla BEJJANI ARAMOUNI

I.- Le Liban intérieur

Un soir d'été, sur une terrasse perdue en montagne, nous avons voulu refaire le monde, à nous cinq (les cinq doigts d'une main ?). Rien n'est impossible aux amies d'enfance quand elles veulent se fabriquer des rêves ensemble. En ce moment si crucial pour notre pays, où en était ce rêve d'une patrie de frères, qui a été témoin de tant de lutte, de grandeur, d'héroïsme et d'espérance sur cette terre? Chacune de nous s'est alors mise à raconter son Liban, réel ou rêvé, les limites n'étant pas toujours claires quand il s'agit de la terre mère. Nous avons parlé de ce Liban à mille et un visages, toujours changeants et si différents.
Il existe un Liban de vitrine, souvent manipulé par le système international contemporain, celui de la guerre sanglante puis de la paix masquée, du commerce, du tourisme, de la consommation, de l'argent sale ou propre, de la politique défaillante, puis celui de la vie quotidienne, des routes encombrées par des bolides fous, des contacts humains chaleureux ou trompeurs, de la nature clémente, de ce peuple « débrouillard » et ambitieux, des différences communautaires ou identitaires, des fluctuations économiques ou sociales, de la convivialité, de la créativité et de la résilience...
Puis il existe un autre Liban, plus profond, plus intérieur, le Liban du sens plutôt que celui des sens, qui dépasse de loin le premier parce que plus résistant au temps, faisant converger l'histoire et le devenir dans un tout petit espace de 10 452 kilomètres carrés. L'essence du Liban est dans sa vie qui va bien au-delà de tous les événements et soubresauts occurrents, tous tendus vers un devenir à construire, non préétabli par un destin fatidique. Il est ce que nos volontés voudraient en faire. Le devenir est un cheminement, une promesse d'avenir, un projet, la quête d'un « meilleur » possible. Au fond du chaos ambiant qui crie au désespoir, un Liban intérieur est en gestation et qui attend de naître, délivré par son levain, issu de « sages-hommes » prêts à faire émerger cette intériorité, relation de soi à soi, en soi avant de s'expulser à l'extérieur de soi. Notre salut ne viendra que de cet intérieur, quand chacun sera acteur de notre « vivre-ensemble » en lui donnant un sens. Ce message devra continuellement passer par un baptême de feu, celui de l'Esprit qui ne tolère pas de recettes figées, mais qui aspire à se renouveler continuellement, pour constituer un message vivant, parlant. « On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres. »
Un grand défi se joue sur la scène libanaise depuis des années, concernant la fiabilité et la stabilité des régimes pluralistes, la possibilité de dialogue entre les religions et la position des petites nations dans le système mondial. Le défi n'est pas uniquement d'ordre politique, mais se situe à l'échelle de l'universel et de l'humain, concentré dans l'observatoire libanais. La coexistence, qu'elle soit sauvage ou rationalisée, soutenue par la politique seule, ne peut pas mener à grand chose si l'homme n'est pas réformé de l'intérieur. On fait du surplace si la personne ne se mobilise pas pour veiller à la dignité constitutive de l'homme, dans une fraternité active, par amour de l'humanité, point originel commun à tous. Le combat se joue à l'intérieur du cœur de l'homme qui ne trouvera sa vraie place que dans la dignité de l'amour. Qui dit amour, dit « faire une place au prochain », en permettant l'ouverture d'un espace de parole plus humain, par la connaissance valorisante de soi et de l'autre, la recherche de valeurs universelles communes, favorables à la paix, telles que les droits de l'homme, la justice, la liberté, le partage, la solidarité, le dialogue, le respect de la nature, de la vie et des êtres, tout cela s'exprimant dans des attitudes, des actions et des processus sociopolitiques.
Cette toile de fond ferait jaillir et rayonner dans le Moyen-Orient et le monde un message universel de paix et de pluralisme positif, auquel nous sommes appelés, par une démonstration active. Nous avons ce potentiel parce que nous avons les principales composantes d'une culture de concordance, à savoir, le pluralisme religieux et culturel, la communauté d'intérêts, la lourde mémoire des conflits et des souffrances communes, la projection vers un avenir de convergence. Et puis nous avons notre liberté ! Avec cette liberté, nous avons la latitude de choisir la vie, par une certaine rationalité créative et responsable dans l'approche des problèmes et par une éthique commune qui permettra aux gens de se développer ensemble sans se transformer en ennemis. « Nous sommes dans l'impasse et pourtant nous passons », dirait saint Paul.
(À suivre)

Un soir d'été, sur une terrasse perdue en montagne, nous avons voulu refaire le monde, à nous cinq (les cinq doigts d'une main ?). Rien n'est impossible aux amies d'enfance quand elles veulent se fabriquer des rêves ensemble. En ce moment si crucial pour notre pays, où en était ce rêve d'une patrie de frères, qui a été témoin de tant de lutte, de grandeur, d'héroïsme et d'espérance...

commentaires (3)

Pardon mais le Liban interieur est mort..il existe maintenant....des libanais ..de tarik el jadida...du dahier...d'achrafieh..de bourj hammoud...du sud ...de Baalbeck..du chouf..de la montagne chretienne...du tripoli...ect..alors franchement...est il possible de faire cohabiter un barbu avec un libanais occidentalise..sans preciser sa religion..c un sujet qui fache...ou une achrafiote et une bourqua...ou un milicien et un pacifiste...ect...nous sommes dans l'impasse et nous ne passerons pas avec tous mes respects pour saint Paul

Houri Ziad

12 h 48, le 30 janvier 2015

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Commentaires (3)

  • Pardon mais le Liban interieur est mort..il existe maintenant....des libanais ..de tarik el jadida...du dahier...d'achrafieh..de bourj hammoud...du sud ...de Baalbeck..du chouf..de la montagne chretienne...du tripoli...ect..alors franchement...est il possible de faire cohabiter un barbu avec un libanais occidentalise..sans preciser sa religion..c un sujet qui fache...ou une achrafiote et une bourqua...ou un milicien et un pacifiste...ect...nous sommes dans l'impasse et nous ne passerons pas avec tous mes respects pour saint Paul

    Houri Ziad

    12 h 48, le 30 janvier 2015

  • PARDON... ET IL Y A CELUI DE L'ABRUTISSEMENT INNÉ AUSSI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 30 janvier 2015

  • On ne peut comprendre, comment peut-on comparer des démonstrations niaises avec la lutte Vraie et Saine ! Il serait alors fort commode de faire l'Histoire, si l'on ne devait engager la lutte pour la liberté qu' avec des chances infailliblement favorables. Et cette lutte serait mystique si les "hasards" n'y jouaient aucun rôle. Ces cas fortuits rentrent naturellement dans la marche de son évolution, se trouvant compensés par d'autres hasards. Mais l'accélération et/ou le ralentissement de la liberté dépendent beaucoup de semblables "hasards", parmi lesquels figure aussi le hasard du caractère des "érudits" appelés à conduire ce mouvement. Dans ce cas-ci, il ne faut nullement rechercher le "hasard" malheureux et décisif dans les conditions générales de ce pays, mais dans la présence encore de Sales bääSSyriens chez lui, et dans leur position si près de ses frontières. Les Sains savent bien cela. C'est ce que savent aussi ces canailles-huitardes. C'est bien pourquoi elles placent ces Sains devant l'alternative de relever le défi ou succomber sans combat. Dans ce dernier cas, la démoralisation des Sains serait 1 malheur bien + grand que la perte d'1 nombre quelconque de Sains. Grâce au combat qui sera livré par ce patelin enfin Sain, la lutte pour la liberté dans ce "croissant" entrera alors dans une nouvelle phase. Mais, quelle qu'en soit l'issue, ce "fertile" aura obtenu 1 nouveau point de départ d'une importance capitale.... malgré les dires de ce Saül métamorphosé en Paül !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 18, le 30 janvier 2015

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