Deux lectures sont données de l'attaque du Hezbollah contre un convoi militaire israélien à Chebaa, mercredi : le 8 Mars a salué une « opération militaire » légitime puisqu'il s'agit, selon lui, d'une riposte au raid israélien contre des objectifs hezbollahi et iranien à Kuneitra, en Syrie, alors que dans le camp opposé, on a dénoncé « un aventurisme » qui aurait pu coûter cher au Liban.
Le secrétariat général du 14 Mars, qui a tenu hier une réunion extraordinaire consacrée à l'embrasement du front de Chebaa, mercredi, a critiqué en des termes très virulents l'attaque du Hezbollah qui a fait deux tués israéliens et coûté la vie à un Casque bleu espagnol, mort lors des tirs israéliens de représailles. « Le Liban ne peut pas être gouverné suivant un équilibre des forces imposé par les décideurs régionaux et les armes illégales, mais par la Constitution, les lois et les institutions légales », a d'emblée souligné le secrétariat général du 14 Mars dans son communiqué dont lecture a été donnée par M. Farès Souhaid.
Qualifiant de « graves » et de « dangereux » les incidents dans la partie méridionale du pays, cette instance a considéré qu'ils « dépassent la légitimité ou l'illégitimité de l'opération menée ou le débat technique au sujet de la ligne bleue, pour mettre en relief un élément sur lequel les Libanais s'interrogent depuis 1969 : qui décide de la guerre ou de la paix au Liban et, par extension, le monopole du pouvoir et des armes par l'État est-il ou non nécessaire ? Faut-il que l'intérêt des Libanais, leurs biens, leur économie et leur sécurité dépendent des calculs de l'Iran, d'Israël et de la Syrie ? »
Le secrétariat général du 14 Mars a invité les Libanais à soutenir le gouvernement et à « lui demander de gérer leurs intérêts et de reprendre le pouvoir de décision au sujet de la guerre et de la paix ». « Il n'est pas normal que le Hezbollah dispose de nos biens et de nos intérêts comme si nous n'existions pas », indique le communiqué avant de rappeler les dispositions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Une résolution dont l'importance a été soulignée par l'ancien président Michel Sleiman, qui a relevé que la sécurité du Liban dépend de celle du Liban-Sud. L'ancien chef de l'État a jugé nécessaire que « toutes les forces, qu'elles soient locales ou internationales », la préservent.
M. Sleiman et le chef des Kataëb, Amine Gemayel, ont tous deux invité la Finul et la communauté internationale à intervenir auprès d'Israël pour l'empêcher de mettre à exécution ses menaces contre le Liban.
Ahmad el-Assaad : « Une couverture interne »
Le secrétaire général de l'Option libanaise, Ahmad el-Assaad, a violemment critiqué le Hezbollah « pour avoir exposé le Liban et les Libanais à un danger certain afin de venger ses combattants morts dans un raid israélien sur un territoire non libanais où ils n'étaient pas censés se trouver ». Estimant que c'est « sous l'ordre de l'Iran qui voulait venger son officier mort dans le raid de Kuneitra que le Hezb a agi », Ahmad el-Assaad a minimisé l'importance du dialogue engagé par le courant du Futur avec ce parti « dans la mesure où il sert, tout comme la participation de ce dernier au gouvernement, à assurer une couverture interne à ses aventures ».
Dans les rangs du 8 Mars, l'écho est bien entendu différent. « Ce qui s'est passé à Chebaa ne tombe pas sous le coup de la 1701 puisqu'il s'agit d'un territoire occupé et que le Liban a le droit d'employer toutes les méthodes pour le libérer », a estimé le député Kassem Hachem (Baas pro-Assad), pendant que son collègue du bloc parlementaire de Nabih Berry, Ali Khreis, saluait « une opération héroïque et légitime », et que le député Mohammad Safadi jugeait que cette opération « réussie est de nature à empêcher Israël de poursuivre ses agressions et confirme le droit du Liban à libérer son territoire et à protéger sa population ».
Le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, s'est prononcé en faveur du maintien du trinôme peuple-armée-résistance, après avoir rendu un vibrant hommage au Hezbollah, au moment où le cheikh Akl druze Naïm Hassan appelait les Libanais à la vigilance « à cause des intentions belliqueuses israéliennes » et plaidait pour la solidarité nationale « face à toute agression israélienne contre le Liban ».
Le Rassemblement des fils du Arkoub a félicité le Hezbollah pour son action « qui a remis sur le tapis la cause des fermes de Chebaa qui doivent être libérées, par tous les moyens, de l'occupation israélienne ».
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