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Nos Lecteurs ont la Parole - Lina SLEIMAN

Schizophrénie

Seule, dans un bistro en plein cœur de Paris. Un rayon de soleil. Faible. Timide. Inutile. Seule devant ma tasse de café, un journal, un livre. Des écouteurs, bien sûr. Des gens épars, des visages étrangers. Des gens qui mangent ou qui fument. Seuls. À deux. Seuls encore.
Starbucks, place Sassine. Un soleil de plomb. Deux tables rapprochées. Plein d'amis. Des conversations, des rires, des embrassades. Un brouhaha et des kalxons en arrière-plan. Une vie qui coule dans les veines. Des étrangers qui se mêlent à la discussion. Des rires encore.
Un temps qui se gâte. Des pas pressés le long des avenues. Le métro qui siffle avant le départ. Des stations qui défilent avec des noms différents. Des noms portant toute une histoire et toute l'histoire. Des gens peu doués qui chantent dans les compartiments. Des visages baissés vers le sol, les mains tendues vers les passants. Un chien recroquevillé à côté. Une bouteille de vin enrobée dans un sac en papier posée sur un rebord.
Chacun regagne sa voiture pour rentrer chez lui. Seule, je vais à pied. Attitude suicidaire pour traverser. Pas de priorité piétons ni de feux pour les piétons d'ailleurs. Un trottoir. Un enfant qui se porte volontaire pour cirer les chaussures. Un vendeur de chewing-gum. Un passant qui a perdu son chemin. Une horde de volontaires pour lui porter secours. Des sens d'orientation en fonction des affinités et des goûts propres.
Un musée dans une ville. Des plaques expliquant l'histoire. Des numéros d'immeuble. Des enseignes fournissant des renseignements même inutiles. Des bibliothèques partout. Les incontournables. L'arc de triomphe. La Tour. Le Champ-de-Mars. Les Invalides. L'Opéra Garnier. Les Tuileries. Saint-Germain. Ses cafés. Ses galeries d'art. Le bord de Seine. Des bouquinistes. Des boutiques de souvenirs. Paris is always a good idea. Des gens qui pique-niquent. Fromages et vins. Des bateaux-mouches. Une vie qui tourbillonne.
Une ville sans modération. Extrémiste. Qui renaît chaque jour. Sans souci d'urbanisme. Des immeubles anonymes. Les flancs criblés de tirs. Colorés. Des gratte-ciel. Géants. Un musée. Récemment deux, presque juxtaposés. Un bord de mer. Des pêcheurs. Des sportifs. Des enfants. Des dragueurs. Une musique assourdissante. Des amoureux se tenant la main. Des solitaires face aux ondes. Un cœur qui bondit.

Lina SLEIMAN

Seule, dans un bistro en plein cœur de Paris. Un rayon de soleil. Faible. Timide. Inutile. Seule devant ma tasse de café, un journal, un livre. Des écouteurs, bien sûr. Des gens épars, des visages étrangers. Des gens qui mangent ou qui fument. Seuls. À deux. Seuls encore.Starbucks, place Sassine. Un soleil de plomb. Deux tables rapprochées. Plein d'amis. Des conversations, des rires, des...

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